Aller au contenu principal

Brasserie
La bière, victime du réchauffement climatique ?

Quatrième céréale produite dans le monde, l’orge pourrait voir sa production menacée par les futures vagues de chaleur. Les résultats d’un rapport rendu public, le 15 octobre dernier, l’anticipent.

© Alexas_Fotos (Pixabay)

Les amateurs de bière ont peut-être du souci à se faire. Les prochaines récoltes d’orges mondiales chuteraient sous l’effet de températures de plus en plus élevées et régulières. C’est ce que prédit une étude publiée le 15 octobre dernier dans le journal scientifique Nature Plants. Ses auteurs annoncent déjà une baisse de 16 % de la production mondiale de bière si le rythme du réchauffement climatique se maintient tel quel. L’expertise réalisée projette même des « pertes de rendement moyen de 3 à 17 % » à l’horizon 2100. En cause : la sécheresse, qui touchera au moins une grande région de culture par an. Par ricochet, les prix de la bière grimperaient de manière drastique : +193 % rien qu’en Irlande. Même le scénario le plus optimiste de l’étude – intégrant un fort déclin des émissions des gaz à effets de serre – table sur une baisse de 4 % du volume de bière et une remontée de 15 % de son prix au niveau mondial. Une compétition plus forte avec l’orge fourragère, destinée à l’alimentation animale, pourrait aussi accentuer les tensions.

Des raisons de relativiser l’étude

Une projection cataclysmique qui serait de bon ton de tempérer à en croire les experts français de l’orge brassicole.

«Le prix du malt dans une bière ne représente que 5% de son coût total», tempère Jean-Marie Zinsius, courtier à Kerallianz. De plus, la tendance est à la diminution de ses volumes dans la production. «Les versements en malt, utilisés pour faire un hectolitre de bière, étaient de 15kg il y a quinze ans. Aujourd’hui, la moyenne est à 10kg. En Chine, on est même plutôt aux alentours des 7kg», poursuit l’analyste. Pas de risque donc de répercuter une hausse sensible sur le prix final.

« C’est un peu du buzz », réagit Luc Pelsé, animateur de la filière Orge à Arvalis-Institut du végétal. Si son secret reste bien conservé, les professionnels du secteur estiment à 4 millions le tonnage d’orges brassicoles produit dans l’Hexagone. Un chiffre constant depuis plusieurs années, à l’exclusion de 2016, véritable année noire pour l’agriculture française. Pour rappel, seules les orges calibrées à 90 % en sortie des organismes stockeurs avec un taux de protéines de 9,5 à 11,5 sont acceptées en malterie, soit moins de 20 % de l’orge mondiale. « Le mot “canicule” n’a aucune portée sur ces espèces-là », insiste le responsable d’Arvalis-Institut du végétal. Avec des cycles de récolte survenant fin juin pour les variétés d’hiver ou mi-juillet pour celles de printemps, l’orge française s’avère naturellement moins menacée par les risques de réchauffement climatique. « Cela fait des années qu’on suit cette question de près. Aujourd’hui, nos variétés fonctionnent très bien », tient à rassurer, de son côté, Maxime Costhiles, délégué général à Brasseurs de France. Entre 2016 et 2017, la production française d’orges a d’ailleurs augmenté de près de 1,7 Mt (derniers chiffres Agreste). Sa récolte oscille chaque année en France entre 11,7 et 12,1 Mt.

 

 

Les plus lus

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les…

Illustration d’un port de commerce avec des grues, un navire cargo et un tas de blé symbolisant les exportations céréalières françaises vers l’étranger
Taxes douanières de Donald Trump : FranceAgriMer confirme le manque de visibilité sur le prix des céréales

FranceAgriMer a présenté le 16 avril la situation des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français pour le mois…

Damien Cariou fondateur et CEO de Syndev téléphone à la main dans un champ
Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Les filières engagées dans l’agriculture régénérative et/ou bas carbone font face à des besoins croissants dans la gestion des…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : activité calme malgré le recul des prix de l’azote

L’activité du marché des produits azotés reste modérée durant avril, période de réapprovisionnement. 

Marché des céréales du 8 avril 2025 - Les prix du blé tendre français repassent la barre des 215 €/t, dans le chaos ambiant créé par la guerre commerciale états-unienne

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 4 et le 7 avril 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Alexis Garnot fait une intervention pour présenter la tendance marché 2025 des orges brassicoles lors du colloque Arvalis des orges brassicoles du 3 avril à Orléans.
« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne