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Blé, pétrole, gaz : "Des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de l'année 2024"

La guerre en Ukraine a entraîné une hausse généralisée des matières premières, énergétiques comme alimentaires. Une fermeté bien partie pour durer selon le dernier rapport de la Banque mondiale.

© Tumisu (Pixabay)

"Les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024", estime la banque mondiale dans son rapport Commodity Markets Outlook publié le 26 avril, notamment en raison de la guerre en Ukraine qui "a provoqué un choc majeur sur les marchés des produits de base et modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde".

Selon l'organisme international, "les prix du blé devraient augmenter de plus de 40 % et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année, ce qui pénalisera les économies en développement qui dépendent des importations de blé, notamment en provenance de Russie et d’Ukraine".

Globalement, concernant les prix des biens non énergétiques, et plus particulièrement les produits agricoles et les métaux, "ils devraient augmenter de près de 20 % en 2022, puis diminuer également au cours des années suivantes. Cependant, les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu" projette la Banque mondial.

 

Evolution des cours du blé tendre rendu Rouen (en bleu) et du maïs rendu Bordeaux (en jaune) entre avril 2021 et avril 2022, en euro/tonne

Evolution des cours du blé tendre rendu Rouen (en bleu) et du maïs rendu Bordeaux (en jaune) entre avril 2021 et avril 2022, en euro/tonne

 

La Banque mondiale estime que "la hausse des prix des matières premières alimentaires — dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs — et des engrais, dont la production dépend du gaz naturel, n’a jamais été aussi forte depuis 2008."

"Les prix des métaux devraient pour leur part progresser de 16 % en 2022 avant de s’atténuer en 2023, mais en se maintenant à des niveaux élevés." prévoient les auteurs du rapport de la Banque mondiale.

 

Le marché de l'énergie en tension extrême

Côté énergie, la situation est tout aussi tendue avec une nette progression des prix de l’énergie durant ces deux dernières années, "la plus importante depuis la crise pétrolière de 1973". La Banque mondiale table sur une augmentation "de plus de 50 % en  2022" et sur une baisse pour les deux années suivantes.

Dans le détail, "le cours du pétrole brut (Brent) devrait atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022 (son plus haut niveau depuis 2013)", soit une hausse de plus de 40 % par rapport à 2021. "Il devrait baisser à 92 dollars en 2023, ce qui sera bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril." "Les cours du gaz naturel (européen) devraient être deux fois plus élevés en 2022 qu’en 2021, tandis que les prix du charbon devraient être 80 % plus élevés, soit des sommets historiques dans les deux cas", détaille le rapport de la Banque mondiale.

 

Protection sociale et efficacité énergétique recommandées

« Globalement, il s'agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 1970. Comme c'était le cas à l'époque, ce choc est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais, Ces phénomènes ont commencé à faire planer le spectre de la stagflation. Les décideurs politiques devraient saisir toutes les occasions de stimuler la croissance économique au niveau national et éviter toute action néfaste pour l'économie mondiale », a estimé le 26 avril Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, finances et institutions.

« La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a un coût humain et économique considérable et risque de freiner les progrès en matière de réduction de la pauvreté. En outre, cette augmentation des prix des matières premières exacerbe les pressions inflationnistes déjà élevées partout dans le monde », a, pour sa part, expliqué Ayhan Kose, directeur de la division Perspectives de la Banque mondiale.

Ainsi la banque mondiale invite "les responsables politiques à agir rapidement pour minimiser les dommages causés tant à leurs concitoyens qu’à l’économie mondiale."

Le rapport propose la mise en place de "dispositifs de protection sociale ciblés, tels que les transferts en espèces, les programmes de repas scolaires et les chantiers de travaux publics, plutôt qu’à des subventions aux denrées alimentaires et aux carburants.
Il insiste également sur la "priorité essentielle" qui "devrait être d’investir dans l’efficacité énergétique, y compris la modernisation des bâtiments", ainsi que sur la nécessité "d'accélérer le développement de sources d’énergie neutres en carbone, à l’image des énergies renouvelables".

 

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