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Marché mondial
Argentine : le sud de Buenos Aires sauverait la mise en blé

La sécheresse en Argentine épargne les blés implantés au sud de la province de Buenos Aires et dans la Pampa, principal bassin céréalier du pays.

Quel impact aura la sécheresse en Argentine sur ses récoltes de blé et d’orge ? Dans les deux grands bassins céréaliers que sont la province de Córdoba et la Zone Noyau (Zona Núcleo, dit-on en espagnol, la « Beauce argentine »), laquelle est située à cheval entre le sud de Santa Fe et le nord de Buenos Aires, environ 40 % des cultures sont en situation de stress hydrique et leur état est jugé de « régulier à mauvais » par les 1 200 sources de la Bourse aux céréales de Buenos Aires.

Cet organisme privé estime à 6,5 millions d’hectares (Mha) la sole de blé de la campagne 2020/2021 et à 900 000 ha celle d’orge, ouvrant des hypothèses de moissons de 17,5 Mt en blé et 3,7 Mt en orge.

Un potentiel d’exportation non négligeable

À Córdoba, où 1,2 Mha ont été semés en blé tendre, la récolte attendue est de 2,87 Mt, soit une contre-performance interannuelle de 38 % (!), avec un rendement moyen prévu rabaissé à 24 q/ha.

Dans la Zone Noyau, certains blés mal partis ont été neutralisés chimiquement pour les utiliser comme couvert uniquement, protégeant les sols et réservant leur eau à un soja que l’on prévoyait initialement de faire en deuxième culture. Les cultures les mieux parties donneront entre 30 et 40 q/ha. Même avec 20 q/ha, l’agriculteur pampéen pourra s’estimer heureux. « Les rendements en blé obtenus ces deux dernières années dans la Zone Noyau ont été exceptionnels. Cette année, c’est un peu un retour à la normale », constate un agronome argentin.

José Luis Stella, du Service argentin de météorologie, pronostique un cadre climatique sec « au moins jusqu’en mars ». À court terme, seule une fenêtre de pluies, en semaine 36, pourrait sauver ce qui peut l’être (dans les champs de blé situés au centre du pays). « Cette semaine-là, nous espérons de 15-30 mm à Buenos Aires et de 20-70 mm à Santa Fe. Après cela, aucun indice, ni de l’océan Atlantique, ni du Pacifique, n’indique un retour de conditions propices à des précipitations dans le Cône Sud. »

« Le problème est que nous cumulons douze mois secs, à l’exception du sud de Buenos Aires et de la Pampa », explique José Luis Stella. Précision importante faite par le climatologue, car cette région-là est, en effet, le principal bassin céréalier du pays.

L’agronome Gonzalo Rodera, de la coopérative Cata du district de Tres Arroyos – place forte du blé et de l’orge fourrager – informe que, dans un périmètre de 70 km autour de Tres Arroyos, « les cultures sont en bon état malgré un léger retard de développement dû au froid avec des parcelles encore en tallage et d’autres en début d’épiaison. Ces plantes ont été semées en juin, un mois qui a été pluvieux avec deux épisodes de 70 mm chacun. Les réserves d’eau sont adéquates, même si nous avons besoin d’un mois d’octobre pluvieux et d’un mois de novembre clément pour pouvoir réaliser une grosse moisson », décrit l’agronome.

Ainsi, malgré la gravité du manque de pluies au centre du pays, les lots de blé implantés au sud de la province de Buenos Aires ont toutes les chances de sauver la campagne de blé argentine et garantir au pays un solde exportable de 10 Mt au bas mot.

380 000 t d’orge vers la Chine

Le consultant argentin Agustín Baqué a informé l’agence Reuters, le 31 août dernier, qu’un volume total de 380 000 tonnes d’orge d’origine argentine a déjà été enregistré pour être exporté vers la Chine, dont 180 000 t d’orge brassicole.
Selon le spécialiste, des courtiers australiens ont même démarché des fournisseurs de matière première argentine dans le souci de ne point perdre leur débouché chinois suite aux désaccords commerciaux entre la Chine et l’Australie.
L’an dernier, selon le ministère de l’Agriculture argentin, les exportateurs basés dans le pays sud-américain ont déclaré des opérations portant au total sur 1,3 millions de tonnes (Mt) d’orge brassicole, dont 585 000 t à destination du gros marché à bière qu’est le Brésil ; et aussi, 1,825 Mt d’orge fourrager, essentiellement acquis par les fournisseurs d’aliments de camélidés de la Péninsule arabique avec, en tête, l’Arabie Saoudite qui aurait ainsi importé 717 000 t d’orge fourrager argentin en 2019.
Notons que depuis cinq ans, la sole d’orge argentine s’est stabilisée autour de 1 Mha après le boum de l’orge fourrager qui a marqué le lustre précédent. Notons, enfin, que l’Argentine exporte aussi environ 70% de sa production de malt d’orge, de l’ordre de 800 000 t.

 

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