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« Vous n’êtes pas seul face aux difficultés et à l’isolement » : Solidarité paysans existe et accompagne les apiculteurs sur le long terme

Rencontre avec Marie-Andrée Besson, agricultrice retraitée basée dans le Jura et coprésidente de Solidarité paysans France. L’occasion d’échanger sur l’importance de faire connaître Solidarité paysans, son accompagnement auprès des paysans et la grande force de son réseau : l’humain.

Bonjour Marie-Andrée Besson, quel est l’objectif de Solidarités paysans ?

Bonjour, Solidarité paysans est avant tout une association de défense et d’accompagnement de tous les agriculteurs, quels qu’ils soient. Défense car elle a une reconnaissance institutionnelle, auprès de créanciers, fournisseurs, etc. Et accompagnement individuel local grâce à la grande force de notre réseau. Avec 27 associations membres régionales et départementales, nous couvrons presque aujourd’hui l’ensemble de la France.

Quelle est la mission première de Solidarité paysans ?

Dans une démarche d’éducation populaire, nous cherchons à redonner confiance et à coconstruire des pistes d’avenir avec les personnes accompagnées, et à rompre l’isolement en créant du lien avec les services, les administrations ou les acteurs économiques et techniques.

Pourquoi se tourner vers Solidarité paysans ?

Pour l’humain, définitivement, et pour l’accompagnement sur le long terme.

Cet accompagnement est réalisé en binôme par des acteurs de terrain bénévoles et salariés, expérimentés. Il permet une approche globale et personnalisée qui prend en compte la situation humaine, technique, économique, sociale et juridique. Il s’effectue sans limite de durée, dans la confidentialité, le non-jugement et il est gratuit. Il n’a d’autre objectif que de conforter l’autonomie des familles en les informant sur leurs droits. Solidarité paysans, c’est le partir pris de l’agriculteur face à ses créanciers.

Y a-t-il des critères à respecter pour être accompagné ?

Il n’y a qu’un seul critère : l’auto-déclaration des personnes. La démarche volontaire de la personne concernée constitue une condition indispensable à la mise en place d’un accompagnement.

Quelles sont les problématiques le plus souvent traitées par vos équipes bénévoles ?

Les problématiques évoluent avec le temps. Dans les débuts de Solidarité paysans, il y a 30 ans, les problèmes étaient plutôt financiers, techniques, économiques. Il y a aujourd’hui une souffrance importante liée à la fois au contexte et aux conditions d’exercice du métier. Le stress lié aux conditions de travail, la perte de repères et de sens du métier, l’isolement sont autant de réalités signifiant la fragilité des paysans.

Aujourd’hui nous comptons plus de 3 500 familles aidées par nos associations, et nous recevons de plus en plus de demandes… Près de 70 % des personnes qu’on accompagne maintiennent leur ferme. J’incite les personnes concernées à nous faire appel dès les premiers signes de difficultés : plus on intervient en amont, plus on a des chances de s’en sortir, vite et mieux !

La marche à suivre

Comment demander de l’aide ?

«- Prendre contact avec l’association de votre département.

- Un salarié de l’association ou un bénévole prendra contact avec vous directement par téléphone. Le but de ce premier contact sera d’obtenir les premiers éléments de situation et l’objet de la demande. C’est une phase d’écoute.

- Solidarité paysans s’engage à fixer un premier rendez-vous physique, indispensable à tout accompagnement : pour un temps d’écoute des besoins, pour déculpabiliser et dresser ensemble un diagnostic et un plan d’action, en fonction des besoins et/ou des urgences. Votre binôme (de salarié et bénévole qui vous accompagneront) sera choisi en fonction des disponibilités, des expertises et compétences en lien avec vos problématiques.

- L’accompagnement chez Solidarité paysans dure en moyenne trois à quatre ans. Des rendez-vous physiques individuels sont organisés tout au long de l’accompagnement en fonction des attentes et des besoins. Il peut s’arrêter à tout moment. L’agriculteur reste maître de ses décisions. Nous avons un rôle d’information, puis on accompagne la personne en fonction des décisions qu’elle a prises.

- Certaines associations proposent aussi des dynamiques collectives qui peuvent prendre diverses formes (chantiers collectifs, groupes techniques, groupes de parole, théâtre…). Ces actions permettent aux personnes isolées de recréer du lien et de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls. Une autre manière de confronter ses propres solutions. L’échange et le partage, c’est rassurant ! »

Témoignage de Flore Chotard, apicultrice professionnelle en Occitanie

Osez demander de l’aide : dès que vous faites le premier pas, c’est tout un réseau qui se mobilise !

Apicultrice professionnelle depuis 2008, je me suis installée il y a quatre ans dans un petit village de l’Aude. Passionnée par mon métier, j’avais ce projet d’installation depuis de nombreuses années : un grand terrain avec arbres fruitiers, arbres mellifères, plantes méditerranéennes… et un bâtiment pour ma miellerie et mon logement. J’ai malheureusement rapidement dû faire face à des problèmes de construction et de malfaçon des bâtiments. Ajouté à cela, la survenue de problèmes de santé, je n’arrivais plus à faire face toute seule.

Déjà engagée auprès de la Maison paysanne de mon département – pour suivre des formations de comptabilité –, c’est ici que j’ai rencontré une bénévole de Solidarité paysans, Mélanie. À partir de là s’est construite une relation de confiance, qui a pris du temps et de l’engagement de ma part. Mélanie m’a mise en relation avec les salariés de Solidarité paysans avec qui je me suis entretenue à plusieurs reprises. Je me suis sentie écoutée et soutenue et j’ai ainsi pu me confier en toute sérénité.

Nous avons fait le point sur la globalité de la situation. Côté santé, j’ai été redirigée vers les bonnes personnes qui m’ont aidée dans les démarches de la reconnaissance travailleur handicapé : aujourd’hui, j’ai un salarié à temps partiel pour m’aider sur l’exploitation depuis la saison dernière, ce qui est essentiel pour moi, et je bénéficie d’aides inhérentes à mon nouveau statut.

Le partage d’expérience et l’entraide, c’est la clé !

Côté bâtiment, Solidarité paysans m’a mis en relation avec un apiculteur des Pyrénées orientales qui participait déjà à des chantiers collectifs sur cette thématique. En me conviant et en participant à ces réunions collectives et j’ai été ravie de voir la solidarité qui s’y dégageait. On m’a aidé à pallier les problèmes d’humidité, très problématique dans la production du miel, et à faire une chambre chaude !

Ma situation s’est améliorée, mais je suis à ce jour toujours accompagnée par Solidarité paysans. Je ne peux que conseiller aux apiculteurs et apicultrices en difficulté, à franchir ce premier pas : ne restez pas seul face à des difficultés qui pèsent, d’autant plus lorsqu’on est isolé. Vous allez rencontrer des personnes ayant parfois les mêmes difficultés, motivées à s’en sortir et riches d’expériences à partager !

Côté web

Retrouvez les contacts des associations sur solidaritepaysans.org

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