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Une formation pour penser son projet de miellerie

Et si concevoir une miellerie devenait plus simple en réfléchissant ensemble ? L’expérience de formation, portée par l’Adana, montre que le collectif peut être un vrai atout pour allier ergonomie, efficacité et viabilité économique.

On dit souvent qu’il faut construire deux ou trois maisons pour enfin obtenir celle qui correspond à ses attentes. Et combien de mielleries alors ? Concevoir un outil de travail efficace, ergonomique et financièrement cohérent n’a rien d’évident. C’est pour accompagner les apiculteurs dans cette réflexion que l’Adana a lancé, en 2021, la formation « Concevoir sa miellerie : de l’ergonomique au financement optimisé ».

Cette formation se déroule sur deux jours. Isabelle Rommelure (Actio’Terra), formatrice, aborde la conception d’un bâtiment, le coût de production et les moyens de financement. Noémie Robin, ergonome, y intervient suite à son étude de master chez Nicolas Soubrane, apiculteur en Haute-Corrèze qui accueille la formation sur son exploitation.

Avant de dessiner : penser ergonomie et fixer ses règles

Lors de la première journée, les stagiaires apprennent à étudier leurs besoins, réalisent des plans, et les partagent lors de restitutions collectives et analyses croisées. Ces étapes permettent d’apporter des éléments de réflexion à leurs projets personnels.

Deux règles sont mises en avant. La première est de ne pas se précipiter : inutile de sortir règle et crayon ou d’appeler un constructeur trop tôt, au risque de s’éparpiller. La deuxième est de définir son projet dans le temps, dans l’espace et dans les besoins. L’idée est de ne pas se lancer crayon en main ou en contactant un constructeur trop tôt, mais de poser un cadre réfléchi.

Les trois temps indispensables à la conception du projet bâtiment

Définir les objectifs d’utilisation du bâtiment : avant toute chose, il faut clarifier les enjeux et les conditions de réussite du projet. Quelles sont les tâches prévues au sein du futur bâtiment ; pour aujourd’hui et pour demain ? Cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans le temps sur l’exploitation et doit évoluer au rythme des projets apicoles. En plus de ses fonctions primaires, d’extraction et de mise en pots pour certains, le bâtiment permet de bénéficier de place pour le stockage. Il offre un lieu de travail à l’abri pour le gaufrage des cadres, le greffage, l’entretien du matériel… Lors de cette toute première étape du projet, il s’agit d’établir son cahier des charges, sans se mettre de barrières techniques et/ou financières. Ces éléments, essentiels à la réalisation du projet, seront à expertiser dans un deuxième temps. Le projet à réaliser devra être un compromis acceptable à tous les objectifs définis.

Penser ergonomie : l’ergonome analyse de façon globale des situations de travail en vue de les améliorer sous un angle pluridisciplinaire : physiologie, psychologie, sociologie, économie, management… Son but est d’élaborer des systèmes permettant des situations de travail soutenables, et de penser à la santé et la sécurité des opérateurs. Il cherche dans un premier temps à comprendre comment ces derniers arrivent à atteindre leurs objectifs quantitatifs, qualitatifs… et à quels coûts : on parle d’analyse de l’activité. La seconde étape consiste à chercher à transformer cette activité pour plus de sécurité et de performance. L’ergonomie participe ainsi à la pérennité de l’activité !

Garder bien en tête les règles de base comme la marche en avant, les exigences réglementaires pour la conception d’une miellerie, les conseils sur la gestion des flux et la circulation, comment faciliter le poste de chargement, l’organisation des postes de travail, etc.

Visualiser le projet : dessinez, modélisez, visitez, partagez ! Une fois cette présentation faite et points d’attention retenus, les stagiaires de la formation peuvent désormais prendre leurs crayons et dessiner le bâtiment. Les profils dans le collectif sont variés. Certains ont imaginé des projets bâtiments, d’autres sont venus avec leurs plans. Les présentations croisées permettent de nombreux échanges, des prises de recul et la défense de son projet.

Du plan à la réalité : concrétiser et financer son projet

La deuxième journée de formation débute par la visite de la miellerie du Gaec La Ruche à six pattes, en Corrèze, un exemple concret de réalisation. De retour en salle, les stagiaires travaillent sur les étapes de conception, le choix des matériaux et des matériels, ainsi que sur les moyens de financement. Nicolas Soubrane illustre ces discussions par le retour d’expérience sur son propre projet, son coût de production et son impact sur l’organisation du travail.

Avec un investissement qui peut représenter plusieurs milliers d’euros, l’expertise de toutes les sources de financement n’est pas un luxe. Comme pour la conception, avant de totaliser les devis du projet, il faut définir la masse financière qui peut être destinée au projet. Quelle nouvelle annuité l’apiculteur et son entreprise sont-ils prêts à supporter ? Pour le premier, on parle de seuil psychologique et pour le deuxième de sécurité financière du projet.

Une fois ces éléments déterminés, ils seront mis en parallèle avec le coût global du projet. Recourir aux subventions de la Région sur la construction de bâtiments et solliciter la MSA sont de premières solutions d’optimisation de financement.

Mais il en existe d’autres, telles que la proposition d’une prestation extérieure comme de la location, la mutualisation de l’investissement pour une miellerie, un atelier de transformation ou une zone de stockage, ou encore l’installation en toiture de panneaux photovoltaïques. Ces autres solutions sont à étudier en détails : quelles partie de mon bâtiment je souhaite mutualiser ? Et pendant combien de temps ? Sous quel contrat ? Quels sont les engagements ? Quel sera l’orientation de mon bâtiment ? Sur quelle surface ? Quel est le coût de raccordement ? Quel sont les garanties ? etc.

Relecture : Marie Arthuis, ADA Aura
Rédaction Réussir

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