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Transmission et démographie apicole

Face au défi du renouvellement des générations en agriculture, la transmission des exploitations est un enjeu majeur. Qu’en est-il de la transmission dans le monde apicole ?

Un monde agricole structurellement en diminution

En 2010, la France comptait 490 000 exploitations agricoles et en 2020, plus que 390 000. À l’horizon 2035, si rien ne change, il en restera 274 600. Non reprise d’exploitation, baisse d’attrait du métier, contexte économique, agrandissement des exploitations, tous ces éléments conduisent à cette tendance baissière.

L’apiculture professionnelle : un dynamisme contrat cyclique

Côté apicole, tous apiculteurs confondus, la tendance est baissière. De 84 215 apiculteurs en 1994, il n’en restait que 63 415 en 2023, soit une diminution de 25 %. Mais cela ne vaut pas pour tous. Si les moins de 150 ruches enregistrent une diminution de 27 %, les plus de 150 colonies, passent de 1 551 apiculteurs en 1994 à 3 002 en 2023, soit une progression de 93 %. Ce quasi-doublement d’exploitations a été réalisé essentiellement sur les vingt dernières années. Il masque une évolution du nombre d’exploitants due au développement des Gaec, dont le Gaec entre époux qui a été autorisé avec la loi de modernisation agricole du 27 juillet 2010. Ainsi, le nombre d’apiculteurs professionnels est plus important.

Le corollaire de cette progression est une augmentation du cheptel. Si au global les ruches déclarées augmentent de 33 % sur les vingt dernières années, le cheptel détenu par les professionnels (>150 colonies) enregistre une progression de 79 %, passant de 595 348 à 1 064 328 colonies.

Des transmissions à venir

Sur la base des données figurant dans le Bilan campagne miel FranceAgriMer 2023, relatif à la pyramide démographique des âges, le nombre de départ à la retraite à 65 ans dans les quinze prochaines années concernerait 31 % des apiculteurs, soit 960 apiculteurs. La tranche des apiculteurs de 40-50 ans représente pour sa part environ 35 % des apiculteurs. Au total, dans les vingt-cinq prochaines années ce seront les deux tiers des exploitants apiculteurs qui seront partis à la retraite. Ces projections augurent d’un boom “démographique” des transmissions possibles.

L’évolution en Bourgogne-Franche-Comté

La tendance nationale du nombre de déclarants de plus de 150 colonies n’est pas répartie de manière égale sur le territoire national est à l’intérieur des régions. En Bourgogne-Franche-Comté, de 2004 à 2023, la population apicole a régressé de 47 %, soit le double de la baisse nationale. En moyenne, un apiculteur sur deux détenteurs de moins de 150 colonies a disparu. Les détenteurs de plus de 150 colonies ont progressé de 21 %, soit quatre fois moins que la tendance nationale. Le cheptel quant à lui aura régressé de 10 % au global et celui des plus de 150 colonies n’aura progressé que de 28 % contre 79 % au niveau national.

Une disparité intrarégionale

Alors que la Bourgogne et la Franche-Comté connaissent une évolution similaire chez les détenteurs de moins de 150 colonies, en nombre d’apiculteurs ou de cheptel, les évolutions ne sont pas les mêmes chez les professionnels. En Bourgogne le nombre d’exploitation régresse de 4 % contre une progression de 53 % en Franche-Comté. Côté cheptel, en Bourgogne, il suit la progression du nombre d’apiculteurs avec une baisse de 3 %, alors qu’en Franche-Comté il progresse de 68 %, soit 33 apiculteurs, induisant une augmentation de la taille des exploitations. Ces progressions ont un caractère surprenant par rapport au nombre d’installations qui ont eu lieu sur les vingt dernières années, laissant supposer qu’elles n’ont pas permis de compenser les départs à la retraite en Bourgogne ou qu’elles n’ont pas abouti.

La transmission reste un dispositif largement minoritaire

De son côté, la transmission est anecdotique dans les installations. Si elles se font, c’est quasiment dans le cadre de Gaec. Sur les vingt dernières années, on compte trois reprises d’exploitation avec bâtiments cheptel et matériel apicole, trois reprises par Gaec (reprise non familiale), quatre reprises de cheptel et éventuellement matériel d’exploitation. Ainsi la transmission intégrale des exploitations ne représente que 18 % des nouveaux déclarants et les reprises de cheptel avec éventuellement le matériel que 12 %. Sur ces dix reprises, un échec a eu lieu.

Pour toutes les autres cessions d’activité, les exploitations sont parties en pièces. Au regard des 43 exploitations qui seront à reprendre dans les dix prochaines années, une réflexion est à mener sur la mise en place d’outils d’aide à la transmission.

Rédaction Réussir

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