Se partager le territoire apicole avec l’appui d’une cartographie : l’initiative de l’ADA Bretagne

​​​Trouver un emplacement pour ses ruches n’est pas toujours une tâche simple. En Bretagne, nombre d’apiculteurs de l’ADA soulignaient depuis plusieurs années les difficultés liées à la proximité des ruchers dans certains secteurs. La concentration d’abeilles sur un même secteur peut, en effet, poser problème pour l’accessibilité aux ressources mellifères, l’état sanitaire des colonies, et par conséquent, elle peut nuire à la bonne entente entre voisins apiculteurs. C’est dans ce contexte, et grâce à un groupe d’apiculteurs motivés, qu’est né un outil original : une carte interactive destinée à faciliter le partage du territoire apicole.

Un outil collaboratif, mais confidentiel

Depuis deux ans, l’ADA Bretagne propose à ses membres de saisir les coordonnées GPS de leurs ruchers dans un système cartographique sécurisé. Chaque apiculteur reçoit alors un lien personnalisé vers une carte individuelle. Celle-ci ne montre que ses propres ruchers, avec leurs aires de butinage sur 1,5 km de rayon. La particularité de cette carte est de signaler à l’apiculteur les zones où les aires de butinage de ses ruchers sont partagées avec celles d’un voisin. Dans ce cas, un rectangle rouge apparaît sur la carte et permet d’identifier la personne concernée afin de la contacter directement. L’emplacement exact des ruches de l’autre apiculteur reste confidentiel : l’objectif est de susciter le dialogue, non de dévoiler les emplacements.

Grâce à une barre latérale, l’utilisateur peut consulter la liste de ses ruchers, repérer les apiculteurs voisins qui ont des ruchers partageant les mêmes aires de butinage, et naviguer plus aisément dans la carte. Un exemple fictif de carte est accessible en ligne pour permettre aux curieux de tester le dispositif.

​​​Un atout pour l’animation régionale

Si chaque participant ne visualise que ses propres données, les animatrices de l’ADA Bretagne disposent, quant à elles, d’une carte complète avec les ruchers de tous les participants. Elles peuvent ainsi mieux connaître leurs territoires de travail et mieux les accompagner dans leurs projets. Lorsqu’un apiculteur souhaite installer de nouvelles ruches, elles sont en mesure de l’informer sur la présence de confrères à proximité et de faciliter la mise en relation. Elles peuvent aussi orienter les propositions de terrains reçues directement vers les professionnels déjà implantés sur le secteur. Toutefois, la carte n’est pas exhaustive : elle n’est ouverte qu’aux membres de l’ADA Bretagne et sur la base du volontariat.

Un projet en construction

En 2025, 41 apicultrices et apiculteurs utilisent déjà l’outil, soit 37 % des membres de l’ADA Bretagne. Pour que le dispositif soit pleinement efficace, il doit toutefois rassembler davantage de participants. Plus la carte sera renseignée, plus elle deviendra un véritable levier de coopération locale et de bonne gestion du territoire.

Chaque année, un appel à données est lancé afin d’intégrer de nouveaux participants et de mettre à jour les informations. Les apiculteurs intéressés sont invités à remplir un tableau répertoriant leurs ruchers et leurs coordonnées GPS : si cette tâche peut sembler un peu fastidieuse la première fois, elle devient ensuite plus aisée grâce à de simples mises à jour annuelles.

Garantir la confidentialité

La confiance étant primordiale, l’ADA Bretagne assure que les données collectées ne sont utilisées qu’à des fins internes. Seules les animatrices et, le cas échéant, les stagiaires impliqués dans le projet y ont accès. Aucun usage externe ni commercial n’est prévu : l’outil est conçu par et pour les apiculteurs bretons, et les informations restent strictement confidentielles.

Une démarche collective au service des abeilles

L’avenir du projet repose désormais sur l’implication du plus grand nombre. Plus les apiculteurs de l’ADA Bretagne y participeront, plus l’outil sera utile. Pourrait-on s’en servir pour avoir une vision exhaustive des colonies d’abeilles présentes sur la Bretagne, et réguler ainsi le partage du territoire ? Malheureusement non, cet outil ne répondra probablement pas à cette ambition. Et pour cause, deux raisons principales empêchent de l’ouvrir plus largement à l’ensemble des apiculteurs bretons : la sensibilité du sujet, et le travail conséquent que peut représenter sa mise à jour. Néanmoins, au-delà de l’aspect technique, cette initiative témoigne d’une volonté de renforcer la solidarité au sein de la profession. La carte ne se limite pas à un outil de localisation : elle devient un support de dialogue, de médiation et de coopération. En permettant à chacun de connaître ses voisins et de discuter de ses projets, elle contribue à réduire les tensions et à mieux répartir la ressource mellifère. Cet outil pourrait devenir une référence régionale pour les apiculteurs professionnels bretons, et représente une belle avancée vers une gestion collective du territoire apicole !

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