Aller au contenu principal

Robinier faux-acacia a une véritable valeur apicole

Grâce à une coopération du monde forestier et apicole, le potentiel mellifère pourra être intégré dans le « Programme national de sélection de robiniers remarquables » sur les robiniers d’origine française.

En 2019, le prélèvement délicat des inflorescences étaient possible avec une perche, désormais les arbres ont pris de la hauteur et une cueillette à l'aide d'une ...
En 2019, le prélèvement délicat des inflorescences étaient possible avec une perche, désormais les arbres ont pris de la hauteur et une cueillette à l'aide d'une nacelle est envisagée.
© Adana

Le CNPF-IDF(1), l’Inrae(2) et l’ADA Nouvelle-Aquitaine (Adana) se sont rapprochés pour considérer ensemble la valeur apicole dans ce dispositif. Les filières forestière et apicole trouvent désormais chacune leur intérêt dans le plan de sélection du robinier. Pour les forestiers, l’objectif est de réunir, dans les vergers à graines, des arbres vigoureux producteurs de semences. L’attrait des abeilles et pollinisateurs est donc un critère à considérer.

Une essence d’intérêt pour les filières bois et miel

Le robinier faux-acacia est considéré comme une essence forestière de grand intérêt, en raison de sa vitesse de croissance combinée à un bois de grande qualité. Pour la filière apicole, le robinier, désigné sous le vocable acacia, revêt une importance majeure. Lorsque les conditions sont favorables, ses inflorescences peuvent offrir une miellée abondante grâce à leur fort potentiel nectarifère, des références hongroises l’évalue à 2 ​milligrammes de sucre par fleur et par jour. Cette miellée printanière reste incertaine du fait de la grande sensibilité de l’arbre aux conditions climatiques. Le miel d’acacia fait partie des miels les plus recherchés des consommateurs et offre une haute valorisation pour le producteur.

Un projet au long cours pour valoriser la ressource locale

Aujourd’hui pour la plantation de robiniers, le matériel génétique disponible provient exclusivement de peuplements sélectionnés dans d’autres pays européens tels que la Hongrie et la Roumanie. On déplore que sur le territoire, les nouveaux peuplements issus de ces provenances ne présentent pas toujours le même niveau de performance. C’est ce constat qui a motivé la mise en place du programme.

Grâce au relais des CRPF(3) en région, 160 peuplements de robiniers ont été retenus dans des contextes pédologiques, climatiques et sylvicoles variés : à l’intérieur de ces peuplements, plus de 350 robiniers remarquables ont été sélectionnés sur des critères de vigueur et de forme. Des récoltes de racines puis l’élevage des boutures racinaires a été réalisé par l’Inrae Pierroton. Désormais quatre exemplaires de chacun des arbres sélectionnés sont rassemblés dans le premier conservatoire national de ressources génétiques de robiniers, basé en Lot-et-Garonne. Parallèlement, des tests clonaux répartis dans toute la France, permettront de vérifier que les qualités phénotypiques observées sont bien reproductibles et sous contrôle génétique. L’objectif final est de créer un ou plusieurs vergers à graines pour pouvoir valoriser la qualité existante et garantir l’adaptation aux conditions locales.

L’entrée en jeu des intérêts apicoles

En 2018, l’Adana s’est associée au CNPF(4) pour ajouter la prise en compte du caractère mellifère. L’Adana a travaillé à la mise en place d’une méthodologie d’évaluation du potentiel mellifère des différents clones présents dans le conservatoire. Pour évaluer l’intérêt apicole des différents robiniers présents, quatre variables ont été retenues : l’abondance florale, la production de nectar, la concentration en sucre du nectar ainsi que la période et durée de floraison. Ces essais d’évaluation de la production nectarifère des fleurs ont été mis en place via la méthode du micropipetage. Le suivi consiste au pipetage d’une centaine de fleurs prélevées aléatoirement le matin avant l’arrivée des insectes butineurs. Cette manipulation est répétée sur plusieurs réplicas d’un même individu.

 

 
Micropipetage : une méthode fiable mais fastidieuse pour prélever le nectar des fleurs
Micropipetage : une méthode fiable mais fastidieuse pour prélever le nectar des fleurs © Adana

Les deux premières années ont montré des résultats encourageants avec des écarts significatifs entre les arbres, allant de 0,5 μL à 2,27 μL de nectar par fleur et des quantités en sucre entre 0,1 et 0,8 milligramme par fleur. Ce suivi a montré que l’ensemble des arbres étudiés offrait des nectars aux concentrations en sucre intéressantes comprises entre 30 et 50 %. Malheureusement cette méthode très consommatrice en temps, en moyens humains et techniques a permis d’évaluer moins de 10 % des arbres présents dans le conservatoire. Les années suivantes, l’acquisition de références a très largement été freinée par la crise sanitaire puis des gelées tardives. Une tentative d’évolution de méthode avec un test de centrifugation des fleurs a été toutefois conduite au printemps 2021, sans résultats concluants. En 2022, une innovation a été mise en place avec l’utilisation d’un vol de drone sur la canopée du conservatoire pour une étude de l’abondance florale par analyse d’images aériennes.

(1) CNPF : Centre national de la propriété forestière, établissement public chargé du développement de la gestion durable des forêts privées ; IDF : Institut pour le développement forestier.
(2) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
(3) Centre régional de la propriété forestière.
(4) Centre national de la propriété forestière.

Côté biblio

Rédei et al. 2007. FE 177

Saunier R. 2007, FE 177

En Hongrie, un programme pour améliorer la qualité des plantations de robinier

Des floraisons abondantes, plus longues et plus tardives et d’importantes productions de nectar, plus riches en sucre que la moyenne : ce serait possible grâce au Programme d’amélioration génétique du robinier en Hongrie, mais difficile à mettre en place.

Quels sont les premiers critères d’évaluation ?

Au départ le principal critère était la production de bois d’œuvre. Les meilleurs individus des peuplements ont été multipliés végétativement par bouturage, puis testés dans des dispositifs de comparaison.

Stratégie étendue pour le miel d’acacia

En Hongrie, le miel dit d’acacia représente plus de la moitié de la production totale de miel. La stratégie d’amélioration des robiniers a été élargie pour prendre en considération les demandes des apiculteurs comme la date de début de floraison et sa durée ou encore la production et concentration en sucre du nectar.

Pour une meilleure floraison

Au final les résultats des tests ont permis d’homologuer sept variétés clonales caractérisées par une floraison abondante, plus longue et plus tardive que celle du robinier commun, et par une importante production de nectar plus riche en sucre que la moyenne.

Malheureusement la multiplication de ces variétés clonales et leur diffusion est quasi nulle en Hongrie. Pour des raisons économiques, les propriétaires forestiers privilégient les reboisements à partir de plants issus de graines et non pas de boutures comme proposé sur ces clones à potentiel mellifère. En France, les clones hongrois ne sont pas disponibles, pour les mêmes raisons. Des apiculteurs les ont tout de même testé ! Une expérience menée dans le rucher école des Sources à Cestas, a mis en évidence leur bonne floribondité et des dates de floraison décalées de 4 à 5 jours avant à 8 à 10 jours après la floraison du robinier local.

Les plus lus

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 50€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Apiculture
Consultez la revue Réussir Apiculture au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière apiculture