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Retours d’expérience sur le remérage de fin de saison

Maintenir des colonies dynamiques, assurer la présence d’une reine jeune, renouveler la génétique… autant de raisons possibles de pratiquer le remérage de colonies, c’est-à-dire le remplacement de l’ancienne reine par une nouvelle reine issue d’un élevage.

Pratique courante, ce remérage d’une partie des colonies était mis en œuvre en 2018 par 84 % des répondants à une enquête sur les pratiques de gestion du renouvellement en apiculture professionnelle (Projet Durapi, 2018, 166 répondants (1)), notamment via l’introduction d’une reine fécondée après suppression de l’ancienne. Si la part des colonies concernées peut être très variable, dans la plupart des exploitations cela concerne moins de la moitié des colonies, principalement selon des critères d’âge de la reine et de performance des colonies sur la saison écoulée.

Dans la mise en œuvre de ces remérages, la fin de saison occupe une place notable : 61 % des personnes pratiquant des remérages en réalisent sur cette période d’août à octobre, principalement en utilisant des reines fécondées, qui peuvent être élevées sur l’exploitation ou achetées. Retours d’expérience de Marc Agnel, Luc Patin et Martin Puech, apiculteurs provençaux, sur ce remérage de fin de saison.

Un remérage de fin de saison, pourquoi ?

Parce que cela permet une bonne réussite du remérage. En fin de saison, les taux d’acceptation lors de remérage sont en général très élevés, et souvent proches de 100 %. Il reste du temps avant l’entrée en hivernage : cela permettra à la nouvelle reine de pondre suffisamment pour assurer la population d’abeilles d’hiver.

Pour avoir des reines jeunes en début de saison suivante. Avec des reines jeunes, les colonies redémarrent plus rapidement, ce qui permet de viser des miellées précoces plus facilement… tout en limitant les problèmes d’essaimage !

Pour faciliter son organisation. En fin de saison, une fois les miellées principales achevées et l’extraction terminée, le pic de la saison apicole est passé pour la majorité des exploitations. Les traitements varroas peuvent être déjà réalisés, il n’y a plus d’élevage et moins de transhumances : un remérage est souvent bien plus facile à intégrer dans son calendrier à cette période de l’année.

Pour changer ou diversifier sa génétique. L’introduction de reines fécondées peut avoir pour but de tester d’autres génétiques, ou de changer certaines reines qui ne donnent pas satisfaction. Le taux de réussite étant important à cette période, le remérage en fin de saison constitue alors une bonne option pour assurer l’acceptation de ces reines.

Avoir des reines en fin de saison : un besoin à anticiper

Dans les régions où l’élevage s’arrête en début d’été, disposer de reines fécondées en été voire en automne demande de l’anticipation. En effet, élever ses propres reines nécessite de les garder et de les suivre en nucléi tout au long de l’été, dans un format de nucléi adapté. Autre option, s’en procurer auprès d’un éleveur de reines : il faut alors réserver les reines en amont et dès le printemps en général, pour s’assurer de leur disponibilité à la période souhaitée !

Le remérage de fin de saison en pratique

Quand ?

Après la miellée de châtaignier ou de lavande voire pendant la dernière miellée, après ou de façon couplée au traitement varroa, après la fin des extractions… la période la plus adaptée est variable selon les régions et le fonctionnement de chaque exploitation. Elle peut aller de la fin du mois de juillet à celui d’octobre, et s’étaler sur plusieurs semaines pour répartir le travail. Côté ruches, le remérage est facilité dès qu’il y a baisse de ponte.

À cette période de l’année, un pillage plus rapide à survenir peut parfois limiter le temps passé sur le rucher. Prévoir donc de travailler plutôt par demi-journées. Le temps passé est principalement celui de recherche des anciennes reines… surtout si elles ne sont pas marquées ! Selon les méthodes d’introduction de la nouvelle reine, il faudra par ailleurs prévoir un second passage sur le rucher, puis une éventuelle vérification de l’acceptation.

Comment introduire ?

- Introduction en cagette après orphelinage : supprimer l’ancienne reine sept jours avant l’introduction de la nouvelle. Le jour de l’introduction, passer tous les cadres en revue pour supprimer les cellules royales. La nouvelle reine est introduite en cagette d’expédition (type cagette Nicot ou équivalent) avec ses accompagnatrices. La cagette est suspendue entre deux cadres, en ayant ouvert la fermeture plastique mais avec le bouchon de candi, dont la consommation par les abeilles permet un temps d’habituation avant la libération de la reine au sein de la colonie.

- Introduction en cagette sans orphelinage : l’introduction en cagette d’expédition peut aussi être directe : une fois l’ancienne reine supprimée, la nouvelle est directement introduite dans sa cagette d’expédition, suspendue entre deux cadres ou posée sur les têtes de cadre (nourrisseur retourné). Il est possible de laisser la cagette fermée et de revenir 2 à 3 jours plus tard l’ouvrir, voire de l’ouvrir directement en ne laissant que le bouchon de candi. Dans ce dernier cas, les taux d’acceptation constatés sont un peu plus variables selon les exploitations et les types d’abeilles (la réussite peut rester proche de 100 %, mais des taux de non-acceptation des reines de l’ordre de 10 % ou plus sont parfois constatés).

- Introduction en cage sur couvain naissant : l’utilisation d’une cage sur couvain naissant permet l’introduction de la nouvelle reine le jour de la suppression de l’ancienne. Ces cages permettent une familiarisation avant la mise en contact de la reine avec les ouvrières de la colonie : isolée sur du couvain naissant, la nouvelle reine entre en ponte et est prise en charge par les ouvrières émergentes, avant d’être libérée dans la colonie. La cage d’introduction est en grillage de fond de ruche, suffisamment profonde pour que les ouvrières à l’extérieur ne puissent pas atteindre la reine, et couvre une zone de couvain de 10 par 15 cm environ (voir photo). Le jour de l’introduction, supprimer l’ancienne reine puis introduire la nouvelle dans la cage plantée dans une zone de couvain naissant, sans accompagnatrices ni ouvrières de la colonie. Dans les jours suivants, les jeunes ouvrières émergentes vont libérer des alvéoles où la reine pourra démarrer sa ponte. Au bout de 4 à 6 jours, la cage est enlevée et la reine libérée.

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