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Repérer ou provoquer la rupture de ponte en hiver pour traiter

L’hiver arrive et il est temps de penser aux traitements varroa ! La réussite de cette opération dépend de la rupture de ponte de la reine. Bien souvent, celle-ci à lieu naturellement, mais il faut parfois la provoquer artificiellement. Voici quelques conseils en fonction des différentes situations.

Mettre en place une lutte efficace contre Varroa en hiver est un facteur clé de la gestion de ses colonies. Bien souvent, la période hivernale est synonyme d’un arrêt de ponte de la reine. Cette rupture de ponte, en créant une période hors couvain dans les ruches, va permettre une action optimale des traitements médicamenteux à base d’acide oxalique.

Malheureusement, pour différentes raisons, la rupture de ponte en hiver peut être tardive, brève, et même parfois ne pas avoir lieu. Il existe alors des possibilités pour la provoquer artificiellement. Deux techniques sont possibles : l’encagement et le retrait de couvain (par griffage ou par exportation). Avec ces techniques, deux avantages sont particulièrement notables : l’assurance de l’efficacité des traitements et la possibilité de planifier à l’avance son calendrier de travail. Toutefois, les actions demandent du temps et une certaine technicité.

Qu’elle soit au rendez-vous ou non, la rupture de ponte hivernale doit toujours faire l’objet d’une surveillance ou d’une anticipation réfléchie afin d’assurer la bonne efficacité des traitements contre varroa.

Surveiller la rupture de ponte naturelle en ouvrant ses ruches

La technique semble simple : ouvrir les cages et constater, mais il faut prendre un certain nombre de précautions.

En ouvrant directement les ruches pour observer visuellement à quel moment a lieu la rupture de ponte, on note plusieurs avantages : moins de temps à passer sur le rucher, pas de matériel supplémentaire à prévoir et une technique qui demande peu d’expertise. Mais il y a à cette méthode plusieurs inconvénients : les potentiels allers-retours pour la surveillance ; mais surtout il peut y avoir des différences de rythme entre les colonies d’un même rucher et certaines peuvent ne pas être totalement hors couvain, d’où un risque de rater la fenêtre d’intervention optimale.

L’ouverture en hiver des ruches des colonies n’est pas une action anodine et peut être très éprouvante pour les abeilles. Elle doit être faite de façon mesurée et avec quelques précautions. Il est notamment important de ne pas ouvrir les mêmes colonies trop souvent. En effet, une colonie sursollicitée peut avoir du mal à remonter sa température interne, ce qui l’oblige à consommer davantage de réserves, voire relancer son activité.

Pour avoir une idée représentative de son rucher, il faut regarder au moins 10 % des colonies. Si le rucher est homogène, il convient de choisir les colonies au hasard de son rucher.

Provoquer une rupture de ponte artificiellement en encageant

Le principe est d’isoler les reines en les mettant en cage, afin de créer une fenêtre hors couvain dans les ruches.

L’encagement peut se pratiquer entre les mois d’octobre et décembre, pendant une durée de 21 à 70 jours. Différents modèles de cages peuvent être utilisés, notamment les cages Scalvini, Chinoise ou Menna (voir photos). À l’issue de la période d’encagement, un traitement médicamenteux à base d’acide oxalique est appliqué.

Cette technique est intéressante car elle peut être programmée dans le temps, ce qui simplifie l’organisation du travail. Mais elle est aussi chronophage, tout en demandant une certaine technicité. Par ailleurs, la fenêtre météo pour intervenir est parfois compliquée et du matériel pour l’encagement est à prévoir.

« Une vraie dynamique de reprise »

Thierry, apiculteur bio installé dans les Bouches-du-Rhône, pratique l’encagement hivernal depuis quatre ans. En 2018, il a testé cette méthode sur 150 colonies. Satisfait de son efficacité et de son impact positif sur les ruches il a étendu cette pratique sur 250 colonies l’hiver suivant et confirme son ressenti sur la méthode.
« Je n’ai constaté aucun impact négatif de l’encagement sur la force des colonies au printemps. Au contraire, la rupture de ponte crée même une vraie dynamique de reprise. Les ruches sont tout à fait prêtes à produire sur une miellée précoce en sortie d’hiver telle que la miellée de romarin. » Il n’a pas noté d’impact de l’encagement sur la perte de reines pendant l’hiver. « Je ne pense pas avoir plus de 5 % de pertes de reines dans l’hiver. Le plus souvent, ce sont sur les reines de deux ans, mais je ne saurais pas dire si c’est dû à l’encagement ou non. » Satisfait de cette pratique, il aimerait la généraliser sur la quasi-totalité de son cheptel, seuls les essaims feront exception. « Selon moi, l’encagement permet de me placer dans les meilleures conditions pour aborder la saison de production et de me donner les meilleures chances d’emmener des colonies le moins infestées possibles sur les miellées clés. »

Provoquer une rupture de ponte artificiellement par retrait de couvain

Le retrait de couvain peut être réalisé par exportation des cadres ou bien par griffage des surfaces de couvain.

Avec la méthode du griffage, il faut dans un premier temps détruire le couvain et ne pas simplement désoperculer, puis laisser le temps aux abeilles, entre 24 heures et 48 heures, de nettoyer le couvain détruit avant de traiter. Attention ! Il faut agir lorsque les conditions climatiques sont favorables à l’ouverture des ruches et à une petite activité des abeilles, qui est indispensable pour permettre le travail de nettoyage du couvain griffé. Enfin, il ne faut pas intervenir lorsque les colonies sont grappées.

Cette pratique a plusieurs avantages : elle permet d’intervenir rapidement sur la pression Varroa et ne demande pas de matériel particulier puisqu’un lève-cadre suffit.

Un moyen de « passer un hiver tranquille »

Sophie, apicultrice dans le Var, pratique le retrait de couvain par griffage. « Quand vient le moment de faire les traitements hivernaux contre Varroa je m’assure que mes colonies sont bien hors couvain. Parfois, ce n’est pas le cas. Certaines reines ne s’arrêtent pas de pondre aussi franchement que les autres et j’ai toujours quelques colonies qui ont des reliquats de couvain dans les corps en hiver. Dans ce cas, je griffe le couvain avec mon lève-cadre. Ce n’est pas très agréable à faire mais comme il n’en reste pas beaucoup, ça se fait facilement. »
L’année dernière elle a fait cette opération mi-novembre, les conditions climatiques étant favorables. « Ça me prend un peu de temps mais je préfère m’assurer de la bonne efficacité des traitements. Cette pratique me permet d’être sûre de moi et de passer un hiver tranquille. »

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