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Réaliser des suivis d’infestation pour mieux gérer varroa

Varroa destructor reste une menace majeure pour les colonies d’abeilles mellifères et l’apiculture. Une gestion efficace du parasite est nécessaire dès l’été, après la dernière miellée, qui sera complétée au cours de l’hiver.

En vampirisant les abeilles à différents stades de leur développement, varroa les affaiblit et contribue à la transmission de nombreux virus, dont le plus symptomatique et facilement identifiable est le virus des ailes déformées (DWV). La relation hôte/parasite déséquilibrée qu’il entretient avec l’abeille se traduit par un développement exponentiel au printemps qui a pour conséquence, si les charges parasitaires en sortie d’hiver sont trop élevées, des pertes de productions de miel en saison et in fine des mortalités de colonies à l’automne/hiver. Pour éviter ces effets délétères, un suivi d’infestation est nécessaire.

Pour quels objectifs traiter en été et en hiver ?

Le traitement d’été a pour objectif de réduire les taux d’infestation pour que les colonies élèvent des abeilles saines et en quantité afin aborder la période hivernale.

Le traitement d’hiver permet de réduire l’infestation à un niveau le plus faible possible pour des colonies en pleine santé et en capacité de production en saison.

Afin de choisir une stratégie de lutte qui soit la mieux adaptée et s’assurer de son efficacité, il est utile de mesurer les charges en varroas des colonies à des périodes clés comme à la sortie d’hiver, au début de l’été ou en préparation de la dernière miellée et à l’automne.

Quand mesurer le taux d’infestation et pourquoi ?

En sortie d’hiver, il faut vérifier l’efficacité du traitement d’hiver pour envisager un traitement de rattrapage en cas d’échec et pour choisir d’engager les ruchers sur des parcours plus ou moins long en fonction du résultat.

En début d’été/avant la dernière miellée, la mesure du taux d’infestation permet de prioriser les interventions sur les ruchers les plus infestés dès la fin de miellée et de choisir une stratégie de traitement adaptée (traitements flashs avec mise hors couvain ou longue durée).

En automne, l’évalutation permet de vérifier l’efficacité des traitements d’été et d’envisager un traitement de rattrapage ou d’anticiper le traitement d’hiver.

Le dénombrement de chutes de varroas sur lange ou la mesure du taux de varroas phorétiques pour cent abeilles (VP/100 ab) sont les indicateurs du taux d’infestation des colonies les plus employés. Alors que l’infestation ne peut pas être correctement évaluée sur les abeilles par simple observation visuelle au cours d’une visite, avoir recours à ces indicateurs est primordial. En effet, l’observation de varroas sur les abeilles et de symptômes associés apparaissent tardivement lorsque l’infestation est déjà critique pour les colonies.

Chutes des varroas sur lange

Cette méthode consiste à quantifier le nombre de varroas tombant de la grappe d’abeilles comme indicateur de la taille de leur population. La pression parasitaire résultant de la quantité de varroas est donc fortement dépendante de la taille de la colonie (à prendre en considération dans l’interprétation du résultat). La ruche doit être équipée d’un plancher totalement grillagé sous lequel un compartiment, inaccessible aux abeilles, permet d’accueillir une plaque amovible avec lange graissé pour empêcher les varroas et les fourmis de se déplacer. Le nombre de varroas ayant chuté sera comptabilisé au bout de trois à sept jours. Les chutes journalières pouvant fluctuer, il est conseillé de réaliser ce comptage sur une durée d’au moins quatorze jours soit deux à quatre comptages pour un résultat stabilisé. Le nombre total de varroa compté sera divisé par le nombre de jours de suivi pour obtenir un nombre de chutes quotidiennes. Au-delà de cinquante varroas présents sur le lange, l’emploi d’une grille de lecture Vareval permet de faciliter et de réduire le temps de comptage (nombre de varroas comptés X 2,25 = nombre réel de varroas sur le lange). L’emploi du scanner BeeVS d’Apisfero permet de réduire encore le temps alloué aux dénombrements de varroas sur lange.

Le varroa phorétique pour 100 abeilles (VP/100 ab)

Le VP/100 ab mesure la concentration de varroas. Contrairement au comptage sur lange, il n’est pas nécessaire de prendre en compte la taille de la colonie pour estimer la pression parasitaire et la mesure peut se faire sur une seule visite. Le principe consiste à réaliser un échantillonnage d’environ 300 abeilles (42 g ou 100 ml) prélevées sur un cadre de couvain ouvert à un stade larvaire avancé, avant que les varroas ne soient décrochées de celles-ci par l’emploi de différentes méthodes avec leurs avantages et inconvénients (lavage au détergent ou à l’alcool, anesthésie au CO2 ou décrochage au sucre glace) puis comptabilisés.

• Lavage au détergent ou à l’alcool : une solution de détergent ou d’alcool est ajouté à l’échantillon d’abeilles (généralement placées dans un sac de congélation) avant que celui-ci ne soit vigoureusement agité, pendant une minute, pour décrocher les varroas. Le contenu du sachet est ensuite transvasé dans un double tamis puis rincé abondamment à l’eau. Le premier tamis de mailles de 4 mm retient les abeilles et le second tamis de mailles inférieures à 1 mm retient les varroas. Les varroas sont alors dénombrés. Cette méthode permet d’enchaîner les prélèvements sur le rucher et les stocker pour un comptage ultérieur à la miellerie.

• L’anesthésie au CO2 et le décrochage au sucre glace : les abeilles prélevées dans un récipient muni d’un tamis de 4 mm sont soit endormies au CO2 soit recouvertes de sucre glace avant que le récipient ne soit vigoureusement agité au-dessus d’une surface claire et dégagée (plateau blanc) qui va récupérer les varroas pour le comptage. Outre le fait que la mesure soit moins précise qu’au détergent (besoin d’une correction x 1,1 pour le sucre glace et x 1,4 pour le CO2) ces méthodes sont à éviter en période de miellée car les abeilles régurgitent le nectar lors de l’agitation et s’engluent, avec pour conséquences une mortalité des abeilles et une mesure faussée du nombre de varroas.

Quelle que soit la méthode employée, l’échantillonnage initial des abeilles peut se faire à l’aide d’un récipient gradué pour un prélèvement approximatif de 300 abeilles :
Le calcul du VP/100 ab = nombre de varroas comptés x 100/300

Pour plus de précision l’échantillon peut être pesé pour déduire le nombre exact d’abeilles échantillonnées sachant que le poids moyen d’une abeille est de 0,14 g :
Le calcul du VP/100 ab = nombre de varroas comptés x 100/ (poids de l’échantillon/0,14 g).

Sur combien de ruches évaluer l’infestation de varroa ?

Les mesures de chutes sur lange et de VP/100 ab sont des indicateurs pertinents de l’infestation.

Une étude récente menée par le réseau ADA/Itsap (projet dynamite financé par Interapi) a démontré que ces deux indicateurs (mesures réalisées avant le traitement d’été) étaient bien corrélés à l’infestation totale des colonies. À noter que dans le cadre de l’étude une meilleure corrélation entre l’infestation totale et le VP/100 ab (réalisé avec la méthode au détergent) était observée (coefficient R2 = 0,34 avec le VP/100 ab contre 0,24 contre les chutes sur lange, voir graphique).

Les résultats de dynamite soulignent toutefois que la mesure, quel que soit l’indicateur, peut-être imprécise à l’échelle de la colonie. Des mesures peuvent donner dans certains cas des valeurs de varroas élevées alors que l’infestation totale est faible et inversement. Il faut garder à l’esprit que ces mesures sont très dépendantes de l’état populationnel des colonies (population totale et ratio abeille/couvain) qui peut varier selon la ruche et l’environnement. Pour avoir une estimation de l’état parasitaire d’un rucher, des mesures doivent être réalisées sur plusieurs colonies (au moins 8 colonies sur des ruchers supérieurs ou égaux à 20 ruches, 5 colonies pour un rucher de 10 ruches et toutes les colonies pour un rucher de taille inférieure).

Côté biblio

Pour plus de détails sur la mesure de varroa et sa gestion se référer guide technique Itsap « Établir sa stratégie de gestion de varroa et références associées » disponible sur itsap.asso.fr.

<em class="placeholder">Réaliser des suivis d’infestation pour mieux gérer varroa</em>
Rédaction Réussir

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