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Quelles alternatives à la construction d’une miellerie ?

L’accès au foncier se tend, les coûts de construction flambent et les saisons sont toujours plus aléatoires. Se lancer dans la construction d’une miellerie n’est pas sans risque. Quelles autres solutions envisager ? Location, rénovation d’un bâtiment ou conteneurs maritimes, miellerie collective : voici un tour d’horizon des alternatives.

Louer un ancien bâtiment agricole

Jean-Marc s’est installé à 41 ans. Il a aménagé sa miellerie dans une partie d’un ancien poulailler qu’il loue à un agriculteur parti à la retraite. Jean-Marc a vu dans cette opportunité une solution de sécurité adaptée à son âge : « On ne sait jamais comment ça peut évoluer. La location, ce n’est pas d’emprunt et pas de charges financières. J’ai fait ce choix car je me suis installé tard, mais en s’installant à 25 ans, la question d’investir dans sa propre miellerie se pose. » Et il est satisfait de ce bâtiment et de sa fonctionnalité : « j’envisage d’y rester jusqu’à la fin de ma carrière ».

Pierre loue un ancien clapier à lapins, qu’il a trouvé par le bouche-à-oreille dès son installation. Avant de valider la location, il a discuté avec le propriétaire des aménagements dont il aurait besoin pour exercer son activité apicole. Le propriétaire a donc réalisé une partie des travaux, essentiellement de remise en état, à ses frais, puis Pierre a complété par des travaux d’aménagement. Le bail commercial est de trois ans avec tacite reconduction depuis onze ans. Pierre a trouvé là une solution qui lui apporte de la sérénité à un prix très avantageux. « J’ai une relation de confiance avec le propriétaire, je n’ai pas de crainte sur la perte du bâtiment. »

Rénover un bâtiment

Bertrand a rénové une grange qui présente l’intérêt d’être attenante à sa maison d’habitation. Si cela est un avantage au quotidien, Bertrand a aussi conscience des problèmes que cela pose : « je sais que je ne pourrai pas transmettre la miellerie, car elle est trop proche de mon habitation ». Des aménagements importants ont dû être réalisés pour transformer la grange en miellerie, dont la réalisation d’une dalle béton a constitué le premier poste de dépenses.

Patrick a transformé un ancien garage automobile en miellerie. Il reconnaît avoir eu de la chance : « Le prix d’achat de mon bâtiment est très compétitif pour une installation, et bien moins cher que si j’avais dû le construire neuf pour les mêmes dimensions ». Le point noir de cette opportunité, c’est la toiture : non isolée, elle engendre de fortes variations de température dans les pièces non isolées, et surtout amiantée, comme la plupart des anciens bâtiments de cette ampleur. Mieux vaut être bien assuré en cas de dégâts sur la toiture, sinon les frais explosent en raison de la présence d’amiante.

Des containers maritimes reconvertis

Céline s’est installée avec peu. Elle a choisi de réaliser durablement l’extraction chez des collègues. Sur son exploitation, elle se contente donc de trois conteneurs maritimes achetés d’occasion et déjà montés. Une solution très simple selon Céline : « L’installation des conteneurs peut être réalisée par tout le monde sans compétences particulières ». L’apicultrice utilise un des conteneurs comme chambre chaude l’été, car la température y monte rapidement. Ce même conteneur sert aussi pour le stockage des hausses vides tout le reste de l’année.

Gilles s’est installé en zone de montagne et en secteur touristique, où l’accès au foncier est plus que compliqué. Le maire d’un village voisin lui a finalement proposé de louer un terrain sur l’ancien camping municipal. Gilles, y voyant une solution précaire et temporaire a conçu des bâtiments entièrement démontables.

Gilles a démarré avec un tunnel, servant à la fois de salle d’extraction et de stockage. Au sol, des parpaings assurent la mise à niveau, un solivage soutient le plancher, constitué de plaques d’OSB recouvertes de plaques d’acier galvanisé jointées, pour que le sol soit lavable. Une couche d’isolation a été posée sous le plancher. Mais lorsque Gilles a voulu s’équiper d’une chaîne d’extraction, impossible de la fixer au sol, en raison de l’absence de dalle béton. Il a donc fallu repenser les aménagements, qui aujourd’hui sont ainsi organisés : le tunnel abrite le magasin et du stockage, un conteneur de 14 m2 héberge une chaîne d’extraction, et deux autres du stockage. Tous les conteneurs sont protégés d’un toit en tôle pour améliorer la régulation thermique.

Alors qu’il achève la construction d’une miellerie sur un terrain qu’il a enfin pu acheter, Gilles revient sur cette solution provisoire qu’il l’a aidée dans les 10 ans qui ont suivi son installation : « Cet aménagement est peu coûteux donc bien adapté pour l’installation, quand on n’a pas les moyens d’investir dans un bâtiment en dur et que l’accès au foncier est difficile. Si c’était à refaire, je n’achèterais que des conteneurs. Ils se montent facilement, sont directement fonctionnels et hermétiques aux abeilles. Je choisirais trois conteneurs de 12 m de long. Un pour l’extraction, un pour le conditionnement et un pour le stockage du matériel ».

Une miellerie collective en location

Des collectivités locales ont, dans le cadre d’un programme avantageux, vendu une parcelle à une SCI pour qu’elle y construise une miellerie collective, louée à des apiculteurs. Elle a été dimensionnée pour cinq exploitations et elle est aujourd’hui partagée par quatre exploitations apicoles, soit cinq apiculteurs. Les apiculteurs sont organisés en association. C’est l’association qui loue le bâtiment et détient le matériel commun de la miellerie.

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Louer en collectif

« Nous sommes installés dans une zone de montagne, où la pression immobilière complique l’accès au foncier. La location d’un bâtiment était donc une bonne opportunité. C’est rassurant de louer au lieu d’acheter une miellerie en collectif, car si le collectif ne fonctionne pas, il est plus facile d’en sortir. Par contre, on est moins libres pour faire des modifications sur le bâtiment en tant que locataire. Travailler à plusieurs nous a permis d’investir dans du matériel performant à coût réduit et d’organiser des commandes groupées. Ça nous permet également de gagner du temps, par exemple pour le nettoyage de la miellerie qui se fait à plusieurs. Cela favorise aussi l’entraide. »

Encart : Combien ça coûte ?

Les exemples de location présentés ici coûtent entre 1,10 et 1,80 euro par mètre carré par mois pour de l’ancien, et 3 euros par mètre carré pour du neuf. La solution tunnel + conteneurs a coûté 119 euros hors taxes par mètre carré, les rénovations ont coûté de 179 euros à 259 euros par mètre carré. Cela reste dans l’ensemble bien inférieur au prix du neuf, mais chaque cas est unique !

Côté biblio

Classeur « Bâtiments et matériels » : une mine d’informations où sont décortiqués les équipements de 15 exploitations apicoles !

Extraits consultables en ligne et commande du classeur sur itsap.asso.fr.

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