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Pourquoi l’abeille n’est-elle pas diabétique ?

Une récente étude révèle que le rôle du microbiote intestinal va bien au-delà de la simple digestion des aliments, en intervenant sur la régulation de la glycémie, il influence les réserves énergétiques et le développement de l’abeille.

© Itsap

Comme chez de nombreux autres animaux, la fonction du microbiote intestinal des abeilles sur leur physiologie est cruciale. Lorsque les ouvrières sont privées de ce microbiote, elles présentent des symptômes similaires à ceux du diabète humain : hyperglycémie, altération du stockage des lipides et diminution du métabolisme énergétique. Mais comment ces bactéries interagissent-elles avec l’abeille pour moduler son métabolisme ? Avec quels mécanismes moléculaires ? 

Le microbiote intestinal des abeilles

Les abeilles, comme la plupart des organismes, dépendent de leurs bactéries intestinales pour digérer leur alimentation. Cette relation symbiotique joue un rôle essentiel dans leur prise de poids, en influençant leur prise de nutriments et les réserves énergétiques. Les bactéries intestinales des abeilles ont en effet un impact direct sur la régulation hormonale. 

Le succinate, un métabolite essentiel

Le succinate est un métabolite produit par certaines bactéries intestinales qui régule l'insuline. Il est majoritairement un produit de fermentation de Lactobacillus Firm-5, une lignée bactérienne majeure chez l’abeille. Ce métabolite stimule la production de glucose à partir de substrats non glucidiques, un processus clé pour maintenir l'équilibre énergétique chez l’abeille. 

Des effets sur le comportement

Contrairement à d'autres insectes dont le microbiote est présent tout au long de leur vie, celui des abeilles se constitue surtout après l’émergence. Ce microbiote est capital dans le changement comportemental des ouvrières adultes, par exemple lors de la transition de nourrice vers butineuse.

Le microbiote intestinal, un nouveau monde 

Ces découvertes offrent un éclairage nouveau sur la manière dont les bactéries intestinales et les abeilles hôtes interagissent au niveau moléculaire et pourraient ouvrir des perspectives pour la compréhension des phénomènes d’affaiblissement des colonies, voire pour le développement de nouveaux types d’aliments.

* Han, B., Hu, J., Yang, C., Tang, J., Du, Y., Guo, L., ... & Zhou, X. (2024). Lactobacillus Firm-5-derived succinate prevents honeybees from having diabetes-like symptoms. Proceedings of the National Academy of Sciences, 121(36), e2405410121.

En quoi les nouvelles connaissances sur le microbiote de l’abeille, change notre connaissance de sa biologie ?

Cédric Alaux, chercheur biologiste et directeur de l’Unité abeilles et environnement à l’Inrae à Avignon

« Comparé aux mammifères, le microbiote intestinal de l'abeille mellifère est plus simple et dominé par cinq lignées bactériennes. Pourtant, il est essentiel pour la digestion des aliments, la détoxification de métabolites secondaires, l’immunité et la protection contre les pathogènes, ainsi que dans le développement physiologique et certains traits comportementaux. En effet, ces fonctions biologiques vitales pour l’abeille peuvent être déréglées lors de dysbioses (altérations du microbiote), qui sont de plus en plus documentées. Elles interviennent notamment après une période de stress, comme l’exposition à des pesticides. Renforcer ou protéger ce microbiote peut donc contribuer à mieux protéger les abeilles. »

Rédaction Réussir

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