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Partager le territoire : un sujet qui prend de l’ampleur

Il y a encore dix ans, un apiculteur professionnel était souvent seul à travailler dans son secteur. Aujourd’hui, il n’est plus rare d’en voir deux installés sur une même commune. Bien qu’au premier abord réjouissante pour la sauvegarde des abeilles mellifères, cette réalité pose des problèmes concrets sur le terrain. Focus sur les réflexions pour y faire face en Bretagne.

Les ressources alimentaires se divisent quand le nombre de colonies augmente

Les témoignages d’apiculteurs ne manquent plus : à quelques dizaines de mètres d’un rucher qu’ils ont en place depuis plusieurs années, ils constatent « un beau jour » l’installation d’un nouveau rucher par un collègue. Néanmoins, les surfaces agricoles ou forestières avec des espèces mellifères ne semblent, elles, pas augmenter.

Dans cette région où on observe peu de transhumance, les ressources se retrouvent partagées par un nombre de colonies croissant. En conséquence, en dehors des périodes de miellées, la production de miel peut diminuer, et les épisodes de famine peuvent même survenir plus rapidement et fréquemment que par le passé.

D’autres difficultés : génétiques, sanitaires et de commercialisation

Multiplier les ruches sur le territoire, c’est aussi rapprocher des races d’abeilles les unes des autres. Le risque d’hybridation augmente alors et constitue un obstacle à la conservation des caractéristiques des différentes races. Dans le même temps, d’un point de vue sanitaire, le risque de contamination en varroa ou toute autre maladie par un rucher voisin augmente fortement.

Enfin, il est de moins en moins facile de trouver des débouchés de commercialisation sur lesquels des collègues ne sont pas déjà présents. Une étude de marché est plus que jamais indispensable avant de s’installer : rien ne sert de produire s’il n’est pas possible d’écouler sa production !

Face à ces préoccupations grandissantes, les apiculteurs ont sollicité l’ADA Bretagne pour conserver un climat de travail serein.

Mises en relation avec les porteurs de projets et réunions de concertation

Les porteurs de projets s’installent bien souvent autour de leur lieu de résidence par commodité, mais sans forcément tenir compte des ruchers déjà existants et des ressources. À chaque rendez-vous avec un futur installé, la zone d’installation est systématiquement analysée avec une animatrice.

Une carte Google, dont l’accès est réservé aux salariées de l’ADA, permet de visualiser la répartition des sièges d’exploitations sur le territoire, et de mettre en contact le porteur de projet avec les apiculteurs déjà installés.

Sur demande, l’ADA a également organisé des réunions de concertation entre apiculteurs d’un territoire. Objectifs : se rencontrer pour échanger et identifier très localement où sont présents les ruches des collègues afin de s’arranger si besoin.

Des projets de cartographie des ruchers

Une première carte estimative de la densité de ruchers a été réalisée par GDS Bretagne. Elle est anonyme et pourrait être à l’avenir reliée aux ressources alimentaires disponibles.

En complément de ce travail, les adhérents de l’ADA Bretagne ont décidé de créer une cartographie nominative de leurs ruchers en 2024 : l’outil aura pour but de permettre aux apiculteurs de prendre contact entre eux avant l’installation de ruchers, et d’éviter de s’installer dans des secteurs déjà jugés saturés.

Qui aura accès à cet outil ? Comment s’assurer que tout le monde joue le jeu de donner ses emplacements ? Comment mettre à jour l’outil dans le temps ?…. Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre grâce à un stage, et qui nous l’espérons, permettront de faire avancer le travail autour de cette problématique.

Pour aller plus loin

En France, le nombre d’apiculteurs et de ruches déclarés annuellement est en forte augmentation depuis 2015, même si une légère diminution est constatée depuis 2021.

Le nombre d’apiculteurs pluriactifs et professionnels est de 5 593 en moyenne sur les trois dernières années, et ils détenaient à eux seuls 1 264 000 colonies fin 2022 (soit 72 % du cheptel français).

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