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L’essentiel sur les suppléments glucidiques

Glucose, fructose, saccharose sont les sucres les plus facilement digérés par l’abeille. Les sucres complexes sont déconseillés à fortes doses, plus de 5 %, car leur consommation peut entraîner des complications pour le métabolisme de l’abeille.

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En dehors des ressources naturelles, le saccharose raffiné sera la meilleure source de sucres pour l’abeille.
© A. BALLIS

Il est difficile de parler de « toxicité », car ces sucres sont tolérés lorsqu’ils sont peu présents dans l’alimentation. Ils sont d’ailleurs présents naturellement dans certains miels.

Le sirop idéal a des valeurs proches du miel

Le miel contient de nombreuses substances nutritives, en plus de ses sucres : sels minéraux, acides organiques, vitamines, enzymes, flavonoïdes… Il est toujours préférable, lorsque c’est possible, de distribuer des cadres de miel, qui ont été conservés depuis les fortes miellées ou retirés des ruches les mieux pourvues, et dans un état sanitaire irréprochable. Évitez de nourrir avec du miel liquide qui risque de causer du pillage et peut être vecteur de maladie. Évitez l’eau de lavage des opercules, pour les mêmes raisons, car il y a un risque de fermentation.

En dehors des ressources naturelles (nectar et miellat) et en cas de besoins d’apports extérieurs de sucre, le saccharose raffiné sera la meilleure source de sucres pour l’abeille. Le saccharose raffiné est le sucre de table blanc issu de la betterave ou de la canne à sucre. L’apiculteur pourra aisément réaliser lui-même son sirop de nourrissement. En cas d’emploi de sucre semi-raffiné, préférer le sucre de canne et évitez le sucre de betterave semi-raffiné, qui est peu digeste. Utilisez une eau de bonne qualité, celle-ci pouvant apporter de nombreux composants, souhaités ou non.

Les sirops du commerce. De très nombreuses spécialités de sirops sont disponibles en France. Le choix se fait donc surtout en fonction des proportions de sucres assimilables : saccharose, glucose, fructose notamment, et de sucres moins assimilables, tels que le maltose et les sucres complexes. Cette composition se répercute sur le coût.

Attention : tout apport de nourrissement glucidique (hors miels) entraîne un risque de présence de résidus dans les miels et donc d’adultération. Il semble préférable d’apporter des sirops à 50 % de sucre pour limiter ce risque : cette concentration semble être plus proche des besoins métaboliques de l’abeille et donc être mieux consommé par les abeilles/moins stocké que les apports à 30 % ou à 70 % de sucres.

Il faut avant tout donner des sirops de qualité

Le mieux est de fabriquer ses propres sirops avec du sucre de table, sans ajouts de fructose, de sucre roux, sans acidifier et en chauffant peu le sirop, c’est-à-dire pas à plus de 25 °C. Pour une meilleure appétence, distribuez ce sirop à environ 20 °C.

Les sirops à base de canne à sucre ou betterave, c’est-à-dire contenant du saccharose, sont devenus minoritaires sur le marché mondial. Les sirops les plus fréquemment distribués sont issus du maïs, du blé ou d’autres céréales. Ils sont obtenus par transformation des amidons en sucres simples : isomaltose, maltose, glucose et polymère du glucose. On obtient alors des sirops sans saccharose et parfois du fructose (si utilisation de l’enzyme isomérase). Certains d’entre eux, insuffisamment hydrolysés, contiennent encore beaucoup d’amidon, indigeste pour les abeilles !

L’acidification des sirops est déconseillée. L’acidification a pour objectif de se rapprocher de l’acidité des miels, par ajout de vinaigre de cidre ou d’acide tartrique. Cependant, il n’existe aucune preuve scientifique sur son utilité. À l’inverse, l’absence d’utilité a été démontrée dans le cadre de la lutte contre la nosémose, tandis que cette pratique crée un risque de dommages sur l’épithélium intestinal des abeilles ou encore l’augmentation de l’hydroxyméthylfurfural (HMF), potentiellement toxique pour l’abeille en cas de dosages mal réalisés.

Le sirop « inverti » est un sirop dont le saccharose a été coupé par voie enzymatique en ses deux composants : glucose et fructose. Il n’y a pas de preuves scientifiques de son utilité pour la digestion des abeilles. Le sirop « inverti » est cependant utile pour l’apiculteur, car il diminue la cristallisation et rend les sirops plus fluides et pratiques à utiliser. Cette inversion des sucres se fait soit par voie acide, avec des produits acidifiants, mais cette pratique est déconseillée en raison d’un risque d’HMF élevés et d’effets négatifs sur l’intestin de l’abeille ; soit par voie enzymatique, avec absence de risques d’HMF, mais pour un coût beaucoup plus élevé.

Le « sirop de maïs à haute teneur en fructose », appelé parfois isoglucose en France ou encore HFCS pour high-fructose corn syrup, est fréquemment obtenu par mélange de sirop de maïs pur (100 % de glucose) avec du fructose obtenu par digestion enzymatique d’amidon. Ils sont bien acceptés par les abeilles et ne cristallisent pas. Ils peuvent toutefois contenir de fortes quantités de maltose que l’abeille digère moins bien. Une étude canadienne relève que des ruches nourries au sirop de saccharose ont un meilleur développement printanier que celles nourries au sirop HFCS.

Vitamines, probiotiques, acides aminés, algues, huiles essentielles, compléments alimentaires… Ces ajouts sont-ils utiles ? Les études actuelles ne permettent pas de conclure sur l’efficacité/posologie de ces éléments, car celles-ci sont souvent réalisées en laboratoire sur des abeilles en cage et non sur colonies entières en situation de terrain au rucher. La plupart de ces études sont faites pour breveter un complément alimentaire, aussi il existe donc des doutes sur leur indépendance. L’ajout d’huiles essentielles semble favoriser l’appétence (thym, anis…) et peut-être ralentir la fermentation du sirop.

Quand utiliser du candi ?

Le candi est considéré par certains apiculteurs comme « une solution de secours » pour la fin d’hiver : l’objectif est alors de faire face à un risque de famine par suite d’un nourrissement d’automne insuffisant. Mieux vaut donner assez de sirop en automne, car la consommation de candi risque de fatiguer les abeilles d’hiver, déjà en « bout de course » à cette période. Plutôt que d’utiliser du candi, vous pouvez également donner directement des cadres de miel d’une ruche en ayant « trop » ou d’une ruche morte au cours de l’hiver (sans que cela ait été causé par une maladie).

En saison, l’utilisation du candi ne pose pas ces problèmes. Par exemple, pour nourrir les essaims avec un apport massif de sucre, ce qui permettra de limiter les allers-retours au rucher.

Contrairement à l’idée reçue, le candi peut lui aussi remonter dans les hausses et entraîner un risque d’adultération du miel (constat d’expérimentations de terrain menées par l’Adapi et l’Adana).

Le choix du sirop apporté aux colonies n’est pas un élément déterminant sur la capacité à passer l’hiver

Les enquêtes sur les pertes hivernales font ressortir d’autres éléments beaucoup plus influents, tels que la stratégie de lutte contre le varroa, la force des colonies mise en hivernage ou l’âge de la reine. Les apports de sirop en fin de saison ne servent qu’à compléter des réserves naturelles apportées par les dernières miellées de l’année (lierre, balsamine…), les abeilles n’hivernent donc pas exclusivement sur ces apports.

L’utilisation du sirop

Utilisation en saison :

– Analyser les besoins : force, réserves, miellées à venir, place disponible.

– Ruches éleveuses, jeunes essaims : ne jamais attendre l’épuisement des réserves de miel.

– Ruches en production : réserver les apports de sirop et/ou de pollen au sauvetage des colonies en situation avérée de famine. Apporter au plus près du strict nécessaire afin d’éviter la mort des colonies d’abeilles. Renouveler si nécessaire. Entraîne un risque d’adultération des récoltes de miel par la présence, même infime, de traces de sucre exogène.

Utilisation en fin de saison (après la dernière récolte) :

– Analyser les besoins : force, réserves, miellées à venir, place disponible.

Deux options :

Objectif A « stimuler la ponte » = réaliser de nombreux petits apports réguliers de sirop léger 50/50 (1 kg de sucre pour 1 l d’eau), afin d’imiter une entrée de nectar. Par exemple : environ 500 g tous les deux à trois jours. Ces apports sont inutiles en cas de miellée.

Objectif B « faire des réserves pour le printemps » = apports massifs de sirop lourd 70/30 (sirop du commerce) ou de sirop « maison 60/40 » (≈700 g de sucre pour 400 ml d’eau). Remplir les nourrisseurs par un ou plusieurs apports de 3 à 10 l (selon les réserves déjà présentes). Selon les régions et les climats, chaque colonie devrait atteindre 10 à 20 kg de réserves.

Repères pour estimer les réserves :

-1 dm² de miel = 200 g par face

-1 cadre Dadant corps (10 dm²) = 4 à 5 kg

-1 l de sirop lourd = 1 kg de réserves

Rédaction Réussir

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