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Les TMS en apiculture : quand le corps dit stop

Tendinites, lombalgies, douleurs chroniques… Les troubles musculo-squelettiques touchent la majorité des apiculteurs, en pleine saison comme hors saison. Comment les limiter et préserver la santé au travail ?

Des pathologies silencieuses mais fréquentes

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) constituent la première cause des maladies professionnelles reconnues en agriculture (93,3 % en 2016). Santé publique France les définit comme « un ensemble d’affections péri-articulaires qui peuvent affecter diverses structures des membres supérieurs, inférieurs et du dos : tendons, muscles, articulations, nerfs et système vasculaire ». Cela peut se traduire par des tendinites ou des lombalgies par exemple.

En apiculture, ces troubles sont sournois : ils s’installent lentement, mais peuvent devenir invalidants et impacter directement la pérennité de l’exploitation.

Des données rares, une réalité bien visible

La filière apicole est classée sous le code NAF 0149Z, regroupant les « autres élevages de petits animaux ». Ce regroupement rend impossible l’extraction de données spécifiques à l’apiculture. Pourtant, sur la période 2021-2023, chez les salariés agricoles, plus de 90 % des maladies professionnelles reconnues au sein de ce code sont des TMS (source CCMSA).

Un métier à risques concentrés

La saison apicole impose un travail physique intense sur quelques mois : visites des ruchers, transhumances, récoltes, extraction… Les mêmes gestes sont répétés des dizaines, voire des centaines de fois par jour.

Prévenir plutôt que subir

Les TMS ne sont pas une fatalité. Plusieurs leviers existent pour réduire leur apparition. L’entretien du corps en est le premier : échauffements avant la saison, étirements réguliers, maintien d’une musculature par une activité sportive hors saison ou encore suivi kiné permettent de préparer l’organisme. Les gestes comptent aussi : plier les genoux plutôt que le dos, éviter la torsion de la colonne en soulevant, ou encore organiser les récoltes à deux pour partager les efforts. La récupération passe par une bonne hydratation, trop souvent négligée en période de forte activité. Enfin, le choix du matériel reste déterminant : grue de transhumance, lève-ruche, potence de miellerie ou déboxeur sont autant d’outils qui limitent les charges portées et les postures à risque.

S’équiper a un coût, mais des aides existent. Le dispositif régional-Feader peut financer certains matériels en miellerie, tandis que le plan national FranceAgriMer Transhumance accompagne les investissements liés aux déplacements et aux manipulations. Des soutiens complémentaires, parfois locaux, peuvent également être mobilisés via les plans régionaux apicoles, les conseils départementaux ou certaines collectivités. La MSA, les chambres d’agriculture ou encore les groupements bio orientent aussi vers des financements adaptés.

Relecture : Cécile Ferrus, Itsap et Lucille Johannet, Adana

Postures à risque : des gestes qui usent le plus

Pendant l’activité, les bras dépassent souvent les 90°, le dos se plie ou s’étire trop, et la flexion combinée à une rotation – comme lorsqu’on soulève une hausse en se tournant – sollicite fortement la colonne.

Ces mouvements répétés entraînent une usure progressive du corps, avec des conséquences directes sur la vie quotidienne comme sur l’exploitation : douleurs chroniques, fatigue, voire découragement. Anticiper est essentiel : adopter les bons gestes, s’équiper, ou répartir les efforts permet de limiter leur impact.

Côté biblio

Site de la MSA sur les Troubles musculosquelettiques : https://ssa.msa.fr/risque/troubles-musculosquelettiques/

“Élevage d’autres animaux” sous-classe 01.49Z : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/nafr2/sousClasse/01.49z

Quand l’équipement allège le quotidien

Une comparaison de deux exploitations de 250 colonies montre que l’équipement réduit de près de moitié la charge portée par l’apiculteur. 

Dans une exploitation bien équipée, l’utilisation d’une grue pour porter les ruches, d’un déboxeur et d’une chaîne d’extraction réduit considérablement les efforts. Attention toutefois : la manipulation de la grue demande un bon gainage pour éviter les blessures.

À l’inverse, une exploitation peu équipée repose sur le port manuel des ruches et des hausses, sans déboxeur et avec un extracteur classique. Ce choix augmente le volume total de charges portées et favorise les postures à risque : cambrure du dos, charges au-dessus des épaules, fatigue accrue.

Résultat : + 73 % de charges portées dans l’exploitation moins équipée, un écart qui illustre l’impact direct du matériel sur la santé et la pénibilité du métier.

Le premier tableau détaille les postes les plus lourds en fonction du niveau d’équipement. Pour une vision d’ensemble, le tableau suivant synthétise les charges portées sur une année complète dans deux exploitations types de 250 colonies.

Relecture : Cécile Ferrus, Itsap et Lucille Johannet, Adana
Rédaction Réussir

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