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Le traitement d’hiver contre Varroa s’impose

Là où le traitement de fin de saison doit permettre l’élevage d’abeilles d’hiver de qualité, le traitement d’hiver optimisera la santé de vos abeilles d’été. Voici les résultats d’une étude qui prouve son efficacité, quelles que soient les trois méthodes évaluées.

Le parasite varroa destructor se trouve bien souvent derrière les effondrements de colonies en fin de saison et pendant l’hiver. Outre le choix de la stratégie de traitement de fin de saison, les niveaux d’infestations lors de leur application sont déterminants pour leur réussite et la survie automnale des colonies. L’une des principales causes des surinfestations, difficilement régulables en fin de saison, est une charge parasitaire trop élevée en sortie d’hivernage.

Les résultats de l’expérimentation Win’Var conduite au cours de l’hiver 2020-2021 par les ADA des régions Nouvelle-Aquitaine, Grand-Est, Provence et Occitanie sont sans appel : le traitement hivernal n’est plus une option !

Deux médicaments et deux méthodes d’application testés

Dans l’expérimentation Win’Var, les efficacités de deux médicaments ont été évaluées, l’Api-bioxal et le Varromed, avec deux méthodes d’application testées pour l’Api-bioxal : en dégouttement seul (d) ou couplé à une sublimation à sept jours d’intervalle (d + s). Les trois stratégies de lutte hivernale testées montrent des résultats comparables et réduisent en moyenne par 5 les charges parasitaires en sortie d’hiver, limitant ainsi la dynamique exponentielle du varroa pour la saison apicole à venir (Fig 1).

Le nombre de varroas présents dans une colonie en sortie d’hiver dépend de plusieurs facteurs tels que la charge parasitaire lors de la mise en hivernage, la mortalité naturelle du varroa ainsi que l’efficacité des traitements appliqués. En moyenne, 77 % des colonies traitées démarrent la saison avec moins de 20 varroas contre seulement 29 % pour les lots témoins. Les trois stratégies testées présentent des efficacités comparables, variant en moyenne de 86 à 90 %.

Une efficacité optimisée en l’absence de couvain

L’acide oxalique est la principale matière active dans les deux médicaments testés. Contrairement à l’acide formique, il ne pénètre pas dans les alvéoles de couvain fermé et n’agit sur varroa que lors de sa phase phorétique, c’est-à-dire accroché à l’abeille. L’efficacité des traitements appliqués est donc généralement augmentée en l’absence de couvain, comme le confirment les résultats avec respectivement des gains moyens d’efficacité de 4 et 8 % pour un dégouttement unique d’Api-bioxal et de Varromed. Ainsi, le taux d’efficacité atteint 88 à 91 % pour les 110 colonies hors couvain.

Une double application permet de pallier en partie la présence de couvain d’hiver

Ce gain d’efficacité en l’absence de couvain n’a en revanche pas été constaté lorsque le dégouttement d’Api-bioxal a été suivi d’une sublimation 7 jours plus tard. Les efficacités obtenues pour cette modalité sont globalement plus homogènes, avec une moyenne toujours aux alentours de 90 %, qu’il y ait présence ou absence de couvain dans la colonie. Quelle que soit la modalité de traitement réalisée, aucun impact n’a été constaté sur les populations d’abeilles et les dynamiques de couvain en sortie d’hivernage.

« Pas d’impact négatif sur les populations d’abeilles »

Ne pas se reposer sur ses lauriers, traiter n’exclut pas de compter !

Sous l’effet du changement climatique et des hivers globalement plus doux, les périodes hors couvain deviennent de plus en plus courtes, voire inexistantes selon les secteurs et/ou les colonies, les génétiques, etc. De courts arrêts de ponte peuvent se séquencer au cours de l’hiver, limitant ainsi les chances pour un apiculteur de traiter l’ensemble de son cheptel dans des conditions optimales lors d’un passage unique, la gestion au cas par cas n’étant pas une option envisageable pour un professionnel.

Ainsi des échecs de traitement subsistent dans des proportions variables (environ 10 à 25 % des cas) selon les modalités et les ruchers. On constate que 43 % des colonies traitées (87 sur 203) n’atteignent pas les 90 % d’efficacité requise pour les médicaments biologiques AMM, bien que 53 % (46 sur 87) de ces colonies étaient pourtant hors couvain lors des traitements. Afin de détecter précocement les éventuels échecs de traitement et y remédier à temps, il est toujours utile de vérifier les niveaux d’infestation de ses ruchers en sortie d’hivernage. Pour cela, la mesure de varroas phorétiques pour 100 abeilles (VP/100ab), est un outil de surveillance et d’aide à la décision (OAD) précieux pour anticiper les risques de surinfestations en adaptant ses itinéraires techniques.

À retenir

- Pour les trois stratégies, le traitement hivernal a réduit en moyenne par cinq la charge parasitaire en sortie d’hiver ;

- L’efficacité est augmentée en l’absence de couvain, avec la technique du dégouttement ;

- L’acide oxalique ne pénètre pas dans les alvéoles de couvain fermé et n’agit sur Varroa que lors de sa phase phorétique, contrairement à l’acide formique ;

- Si le dégouttement d’Api-bioxal est suivi d’une sublimation sept jours plus tard, l’efficacité est améliorée en présence de couvain.

La mesure VP/100ab, un bon indicateur de la charge parasitaire

En sortie d’hivernage, le nombre de varroas phorétiques pour 100 abeilles (VP/100ab) est un indicateur précieux pour anticiper les risques de surinfestations. Ce comptage présente l’avantage d’être relativement simple et rapide à mettre en œuvre lorsqu’il est intégré à une visite de colonie. Le fait de rapporter cet indicateur à un nombre fixe pour 100 abeilles permet de normaliser la mesure, facilitant ensuite les comparaisons entre ruchers, parcours et apiculteurs, indépendamment de la force des colonies. Dans cet essai, les comptages VP/100ab se sont avérés tout à fait cohérents avec le nombre de varroas résiduels en sortie d’hiver (Fig.3 à comparer à Fig.1).

« Chaque année, repartir à 0… VP/100ab ! »

Un niveau moyen par rucher de 0 à 0,3 VP/100ab est l’objectif à atteindre en sortie d’hiver pour démarrer sa saison apicole dans de bonnes conditions vis-à-vis du risque Varroa. Cela assure de faibles charges parasitaires en dessous de 20 varroas à la colonie. Au sein d’un rucher composé de 20 colonies ou plus, un échantillon aléatoire de huit colonies est considéré donner une estimation représentative du niveau moyen d’infestation.

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