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Le sarrasin reprend du terrain

Le sarrasin, Fagopyrum esculentum, appartient à la famille des polygonacées, comme sa cousine l’oseille. Fausse céréale mais bonne amie, focus sur cette culture multi-centenaire.

Le sarrasin est une culture provenant de l’Asie, et notamment de Chine. Il s’agit d’une plante annuelle qui se sème en mai, fleurit tout l’été, et se récolte en automne après l’apparition des graines en septembre et octobre.

Son importation arrive en France au XVe siècle, où elle devient une culture importante couvrant près de 700 000 hectares. Finalement remplacée par le blé et le maïs, qui offrent des rendements plus intéressants avec une grande fertilisation, les cultures de sarrasin s’estompent de plus en plus jusqu’à presque disparaître de l’Hexagone après la guerre.

Une culture ancestrale perdue mais retrouvée

Grâce au dynamisme croissant autour de l’agriculture biologique, paysanne et de la production locale, la culture de sarrasin reprend du terrain ! Les régions productrices de sarrasin sont la Bretagne, la Bourgogne et le Limousin mais aussi les Pays de la Loire et la Normandie, avec des filières qui s’organisent. En augmentation depuis les années 2000, on peut estimer aujourd’hui la surface de production du sarrasin autour de 30 000 hectares.

Une grande diversité d’utilisation

Le sarrasin est souvent utilisé pour diversifier les types de culture dans la rotation, installé en fin de rotation car peu exigeant en azote. Son cycle étant court, de cent jours à cent vingt jours, elle fait également une excellente culture de rattrapage. Une fois récolté, le sarrasin offre plusieurs débouchées, notamment en alimentation humaine : galettes, pains, biscuits, chips, etc. On le retrouve aussi parfois en oisellerie, ou dans les fourrages en association avec d’autres céréales. Les cosses des graines de sarrasin peuvent aussi être récupérées et utilisées comme paillage pour les animaux, pour les cochons par exemple !

Des avantages agronomiques et écologiques  

Sensible au gel, la culture de sarrasin peut être cependant adaptée pour les années à venir qui s’annoncent plus chaudes, d’autant qu’elle est peu demandeuse en eau : seulement quelques apports peuvent être réalisés à la levée en mai. Cette culture est également peu sensible aux ravageurs et aux maladies. Sa racine pivotante est intéressante pour décompacter le sol et sa faible (voire nulle) demande en azote lui vaut souvent le nom de culture « nettoyante ». De plus, le sarrasin est une plante efficacement compétitive dans son milieu : les désherbages sont peu fréquents et les traitements herbicides peuvent être totalement éliminés. Attention cependant au datura, l’ « herbe du diable », plante toxique qui présente un vrai risque pour la santé humaine. Un faux semis ou un labour peut être réalisé en prévention de l’installation de la culture du sarrasin. Semer tôt peut permettre de récolter tôt, avant que le datura ne monte en graine.

L’exposition aux produits phytosanitaires est donc réduite, un véritable avantage pour les abeilles !

Un atout pour les apiculteurs

Le pollen de sarrasin n’est pas transporté par le vent, seulement par les insectes, on parle de plantes entomophiles. Le rôle des pollinisateurs est alors essentiel pour le rendement de cette culture. La présence de ruches sur les parcelles de sarrasin permet d’augmenter son rendement.

À la vue de la longue période de floraison du sarrasin (de juin à septembre), la période de butinage offerte pour les abeilles est conséquente ! Tony Maubert, apiculteur professionnel en Normandie, pose régulièrement ses ruches sur les parcelles de sarrasin en juillet, souvent un mois de disette, notamment dû à la sécheresse des mois antérieurs ou à la rareté des ressources en cette période. De plus, cette miellée tardive permet aux abeilles de faire des réserves dans le corps, pour l’hivernage. 

Conséquence de cette miellée tardive : le traitement varroa est reculé, il faut donc rester vigilant avant l’hiver, et au retour de la belle saison.  

Le miel de sarrasin se vend particulièrement bien auprès des consommateurs amateurs de miel, qui recherchent un goût puissant, corsé et un miel crémeux se tartinant bien.

Fiche d'identité du sarrasin

Nom commun : Sarrasin cultivé, blé noir 

Nom latin : Fagopyrum esculentum, Moench.

Famille : Polygonacées

Type de plante : Herbacée annuelle

Origine : Asie

Floraison : juin à septembre

Entretien avec Mélanie Boitrel, apicultrice en Normandie

 
Mélanie Boitrel, les ruchers de Normandie
Mélanie Boitrel, les ruchers de Normandie © M. Boitrel

Depuis combien de temps posez-vous vos ruches sur sarrasin ?

Je pose mes ruches depuis trois ou quatre ans sur sarrasin.

Trouvez-vous facilement des emplacements avec des agriculteurs ? 

Les surfaces sont en progression, et les agriculteurs sont généralement contents d’avoir des ruches sur leurs parcelles ! Après, il faut que cela corresponde à nos périodes. Par exemple, une fois un agriculteur avec qui je travaille a semé en avril, ce qui est tôt, la culture a mal levé et il a donc retourné puis resemé mais la floraison est arrivée trop tard pour moi. 

Quels avantages voyez-vous à poser vos ruches sur cette culture ? 

C’est une troisième miellée potentielle qui complète le circuit de transhumance, après celles de printemps puis de tilleul, lorsque les colonies veulent encore aller au miel. Dans de bonnes conditions cela remplit les hausses, et dans un autre cas, les abeilles remplissent les corps et prennent des réserves pour l’hiver; cela réduit le nourrissement. Enfin, dans le pire des cas, cela ne mielle pas et il faut les ramener, nourrir et traiter contre varroa le plus rapidement possible.

Je pose mes premiers essaims constitués au printemps avec des reines fécondées et qui sont sur une bonne dynamique. Le sarrasin doit apporter une diversité dans le bol alimentaire des abeilles, même si à cet instant je ne connais pas sa valeur nutritionnelle. Il faut rester vigilant par rapport aux varroas comme c’est une miellée tardive. On fait des comptages et parfois des traitements à l’acide oxalique lorsque c’est nécessaire pour baisser la pression.

Quel est le rendement moyen à la ruche sur cette culture ? 

Quand on transhume des colonies, on essaie de saturer l’espace, en restant raisonnable bien sûr. On pose environ 5 ruches par hectare. On tourne généralement autour de 10 kg par ruche, mais cela dépend aussi beaucoup de l’environnement de la culture, du climat, du sol… On atteint les 20 kg par ruche au maximum.

Pouvez-vous me parler des caractéristiques du miel de sarrasin ?

Le miel de sarrasin est assez amer, parfois il est adouci avec un peu de ronces quand il y en a dans les parages. C’est un miel qui cristallise à gros grains. Pour l'instant on le met en pot liquide mais il cristallise au bout de quelques mois. On le mentionne donc sur l’étiquetage. On prévoit de le proposer en crémeux pour que l’amertume soit un peu atténuée et qu’il soit stable dans le temps. C’est un miel particulier qui me permet d’étayer la gamme et de répondre à tous les publics. Ce n'est pas le miel préféré, il est donc parfois plus difficile à vendre ! Mais en vente directe sur les marchés, la dégustation est un atout. Je vends 8 euros TTC le pot de 250 g. 

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