Le réseau a enquêté sur la production de pollen en France
Cette enquête lancée par le réseau ADA-Itsap a reçu 90 réponses en 2022 et 74 réponses en 2023. La part des apiculteurs réalisant cette production spécialisée représente environ 17 % des répondants en 2022, et 11,5 % en 2023.






Répartition géographique
Les chiffres présentés dans cet article sont représentatifs de la production de pollen en France. Les sept départements les plus représentés sont : Pas-de-Calais, Ille-et-Vilaine, Ardèche, Haute-Savoie, Isère, Corse-du-Sud et Haute-Corse.
Les périodes de récolte
La récolte de pollen est concentrée sur les mois de mai, juin et juillet. Suivant les secteurs géographiques, elle peut débuter en avril ou en mars (floraison du saule) et se prolonger jusqu’en octobre. Nous n’observons pas de différences notables entre les années 2022 et 2023, ni entre les différentes catégories d’apiculteurs sur les périodes de récolte.
Le rendement moyen en pollen
Les réponses collectées nous présentent les résultats de production pour environ 4 000 à 5 000 ruches par an (spécifiquement en production de pollen), pour une production totale de l’ordre de 9,5 à 10,5 tonnes de pollen.
Le rendement moyen obtenu par les apiculteurs de « plus de 400 ruches » est plus élevé que celui des autres catégories (tableau 1) : leurs moyennes qui se situent entre 2 et 3 kilos de pollen par an et par ruche en production de pollen.
Cette observation est due à un petit nombre d’apiculteurs dont les rendements tirent la moyenne du groupe vers le haut (voire graphique 2). Les « bulles » dans le graphique 2 indiquent les rendements à la ruche obtenus par certains apiculteurs qui ressortent du « peloton des rendements classiques » : Certains apiculteurs de « 150 à 399 ruches » atteignent des rendements entre 4 et 8,33 kilos/ruche (dans les régions : Aura ; Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Corse). Certains apiculteurs de plus de 400 ruches arrivent à des productions de 8 à 12 kilos par ruche (dans les régions : Grand Est, Corse et Bretagne). Des exploitations spécialisées produisent ainsi plus 1 à 4 tonnes/an/exploitation. Un apiculteur de « moins de 50 ruches » arrive aussi à des rendements similaires (9 kilos/ruche).
Ces résultats sont le fruit d’une adaptation des méthodes de travail de ces apiculteurs, pour optimiser cette production :
- Durée de pose des trappes à pollen (de « quelques semaines » à « plusieurs mois »).
- Choix des emplacements de ruchers (de la « morne plaine » à la « région humide et diversifiée avec du colza »).
- Conduite des colonies : chez certains apiculteurs, le pollen est récolté sur des ruches dédiées à la production de pollen.
- Choix du matériel mis en place : trappe « en plastique » ou trappe « de luxe » avec tiroirs à grande capacité ? Matériel neuf ou troué ? S’il y a des trous, les butineuses éviteront de passer par les trappes.
Mode de conservation du pollen
La congélation est la méthode de conservation de prédilection pour les petits apiculteurs. Les apiculteurs plus « gros » utilisent à parts égales la congélation et la dessication. Nous n’observons pas de différence entre 2022 et 2023 (données non présentées).
Prix pratiqués selon le circuit de commercialisation
Seulement 61 apiculteurs ont répondu à ces questions, aussi ces informations sont à prendre avec les précautions d’usage. Nous présentons ici une synthèse des données 2022 et 2023 cumulées (38 réponses en 2022 et 23 en 2023).
Prix en bio et en conventionnel : les écarts de prix moyens sont de l’ordre d’une dizaine d’euros par Kg de pollen. Pour la section « vente en gros », nous ne disposons que de très peu de données. Ces chiffres ne sont donc pas suffisamment représentatifs. Les données sont résumées dans le tableau 3 et détaillées dans le graphique 3.
- Type pollen le moins cher : Polyfloral « toutes fleurs » /Colza/Châtaignier
- Type pollen le plus cher : Monofloral « Saule » /Châtaignier/Montagne
Attention ! Une partie du pollen produit est autoconsommée sur l’exploitation et sa « valeurs élevage » est difficile à quantifier. L’apport de pâte de pollen « de sa propre production » représente un plus important pour les éleveurs de reines et les producteurs de miel (lutte contre les périodes de famine). Il est en effet très difficile de trouver du pollen de haute qualité sur le marché et celui autoproduit est difficilement remplaçable.
Le pollen est un produit fragile
Le pollen présente des risques sanitaires (moisissures éventuelles, effet allergisant, etc.). Il convient de mettre en place les mesures suivantes pour la protection des consommateurs :
- Tri immédiat après récolte (retrait des débris divers, abeilles, pelotes de pollen présentant des signes d’humidification excessive, etc.).
- Mise en conservation immédiate après le tri, soit par la méthode de la congélation, soit par la méthode de la dessiccation.
- La congélation (à -18 °C) permet de mieux préserver les éléments nutritifs intéressants (vitamines, etc.) ainsi que de conserver des saveurs et textures agréables. Elle détruit également certains agents pathogènes. Le produit est ensuite soumis au respect de la chaîne du froid. Cela concerna également sa mise sur le marché (disposer d’un congélateur sur le lieu de vente).
- La dessiccation par séchage maîtrisé (max 40 °C) altère les éléments nutritifs et appétant du pollen (vitamines, ferments, flavonoïdes, stérols, etc.). Le pollen est considéré comme sec quand la pièce est tombée en dessous des 8 % d’humidité (le pollen est alors très croquant sous la dent).
- Dans tous les cas (après séchage ou congélation à -18 °C), placer dans des sacs alimentaires hermétiques identifiés a minima par un numéro de lot et conservés correctement (selon le cas : à -4 °C ou dans un endroit à l’abri de la lumière et de l’humidité).
- La DDM est fixée sous responsabilité du producteur. Suggestion : deux ans maximum pour le pollen frais congelé (Rèf : thèse M.Thibault 2017 « au bout de deux ans, sa valeur nutritive est grandement diminuée »).