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Le colza : un régal pour les abeilles et les ravageurs

Le colza est une culture pivot dans les assolements de grandes cultures. C’est aussi la première grande culture mellifère [MG1] en France, source abondante de nectar et de pollen pour les abeilles. Comprendre les enjeux de protection du colza est essentiel pour favoriser des échanges constructifs entre cultivateurs et apiculteurs d’un même territoire et rassembler autour d’une culture essentielle pour chacun.

Des surfaces en diminution

Croisement naturel du chou et de la navette, le colza appartient à la famille des Brassicaceae. Son introduction en France, datée du XVIII siècle, a été motivée par le besoin d’huile pour l’éclairage. Aujourd’hui, les deux tiers de la production française sont destinés à la fabrication de biocarburants, et l’autre tiers à la transformation en huile alimentaire. Le tourteau, résidu de l’extraction de l’huile, nourrit le bétail.

Le colza détient le record de surfaces cultivées en plantes oléagineuses, bien que les agriculteurs s’en détournent de plus en plus : les implantations ont chuté de 39 % entre 2018 et 2021. Deux phénomènes parfois concomitants expliquent ce choix : les épisodes de sécheresse récurrents, qui rendent difficile le semis automnal, notamment dans les secteurs où les sols sont superficiels ; et l’accroissement des dégâts d’insectes ravageurs.

Qui sont les ravageurs du colza ?

Pour une récolte abondante et de qualité, la maîtrise des nuisibles est une priorité. Les ravageurs d’automne, comme l’altise d’hiver et le charançon du bourgeon terminal, causent d’importants dégâts aux jeunes plants, car les larves minent les parties végétatives et peuvent détruire totalement les plantes.

Les ravageurs de printemps impactent quant à eux directement la production grainière, en agissant aux alentours de la floraison. Le méligèthe provoque des dégâts importants puisqu’il perfore les boutons floraux pour se nourrir du pollen, mais une fois la fleur ouverte, ce ravageur n’occasionne plus aucun dommage. Pendant la floraison, c’est une maladie, le sclérotinia, qui menace la récolte. En conditions humides, le risque de développement de la maladie est élevé, donc des fongicides sont appliqués pour protéger les fleurs, et réduire les sources de contaminations pour les campagnes suivantes. En fin de floraison, le charançon des siliques et la cécidomyie peuvent également causer des dégâts lors de la formation des fruits.

Des traitements lors de la floraison encadrés

La réglementation vient d’évoluer avec la publication d’un nouvel arrêté au Journal officiel en date du 20/11/2021. Il est destiné à protéger les abeilles domestiques, bourdons et abeilles sauvages et les services de pollinisation associés. Cet arrêté prévoit, sur la culture du colza, que les interventions chimiques bénéficiant d’une autorisation pendant la floraison soient réalisées dans les deux heures qui précèdent le coucher du soleil tel que défini à l’éphéméride, et dans les trois heures qui suivent. Les produits qui bénéficient d’un usage à floraison doivent en amont avoir été évalué par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) comme ne présentant aucun risque aigu ou chronique pour les pollinisateurs [AB2].

Cette nouvelle réglementation concerne aussi bien les produits insecticides et fongicides, dont les effets délétères sur l’abeille sont enfin pris en compte.

Les alternatives aux traitements

La filière déplore une perte d’efficacité des insecticides utilisés à l’automne, en raison de phénomènes de résistance. Pour cette raison entre autres, elle souhaite investir dans la recherche et l’expérimentation de systèmes de cultures plus résilients et moins dépendants des intrants de synthèse. L’institut technique Terres Inovia a donc pour mission d’envisager la gestion des insectes ravageurs de manière plus globale et de combiner différentes approches complémentaires expérimentées en territoire pilote.

Semis précoce, association du colza avec la féverole, fertilisation au semis sont autant de leviers agronomiques étudiés pour favoriser la dynamique de croissance du colza à l’automne et ainsi lui permettre de mieux résister aux attaques d’insectes. En complément, des solutions sont déployées pour favoriser les régulations biologiques des ravageurs par leurs ennemis naturels : mise en place de bandes fleuries et d’habitats pérennes, et d’autres pour défavoriser les ravageurs de culture. En implantant des intercultures à bases de crucifères attractives, les agriculteurs diluent les attaques et limitent les dégâts causés sur le colza.

Ces combinaisons de leviers sont expérimentées à l’échelle d’un territoire agricole de 1 300 hectares dans le cadre du projet R2D2.

Quels sont les risques pour mes abeilles de rencontrer un traitement ?

Afin d’identifier les périodes à risque pour la culture et la probabilité d’application des produits de traitements sur les parcelles de colza, il est possible de consulter le bulletin de santé du végétal (BSV) « Grandes cultures » disponible sur le site de votre Draaf (Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et des forêts). C’est un document d’information technique et réglementaire, rédigé sous la responsabilité de la chambre régionale d’Agriculture, avec la collaboration de nombreux acteurs impliqués dans la protection des cultures. Le BSV est destiné à fournir aux agriculteurs de manière régulière les éléments de situation phytosanitaire et d’analyses de risque. Il ne dispense pas de préconisations d’application de produits.

Côté web

Enquête production 2022 : adafrance.org

Le projet sur Facebook @R2D2AgronomieAuxiliaires

Terres Inovia : La culture du colza

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