La transmission : un projet qui se prépare !
La transmission est une aventure humaine qui doit se réfléchir sur le long terme. S’y préparer et anticiper, c’est mettre toutes les chances de son côté pour réussir aussi bien sur le plan matériel que moral avec l’apport de compétences, de valeurs, et d’un système de production déjà performant.
D’ici 2026, plus d’un tiers des exploitants agricoles en France, soit plus de 160 100 personnes, seront en âge de prendre leur retraite (source Chambre d’agriculture France). Résapi se forme et s’organise pour assurer au mieux le suivi de ses adhérents dans leur préparation au départ et dans la réflexion de leur projet de transmission.
La transmission est un projet de vie
Il ne s’agit pas seulement de vendre sa ferme en valorisant le travail de toute une vie. C’est aussi souhaiter la pérennisation de ses valeurs en intégrant l’évolution de sa ferme dans une reprise par une ou un installé. Se positionner en faveur de l’installation et de la reprise entre dans un objectif de maintenir les actifs agricoles et la dynamique des territoires ruraux.
L’apiculture, contrairement aux autres filières ayant une attache foncière forte, est une production qui permet différentes possibilités de transmissions :
- la transmission en totalité : son foncier avec les bâtiments et l’habitation, son matériel, ses colonies, ses emplacements, ses recettes, ses circuits de vente ;
- la transmission partielle : vendre de façon détachée son foncier, ses emplacements, ses colonies et son matériel ;
- ou la transmission de seulement une partie de ses colonies et de son expérience.
Pour organiser son projet, beaucoup de questions se posent : pour commencer, rassurez-vous, vous n’êtes pas seul !
Je veux cesser mon activité : quand et comment ?
Il faut s’y mettre dix à cinq ans avant le changement ou la cession d’activité ! Dans un premier temps, savoir quand cet arrêt aura lieu est important. Pour cette étape, l’interlocuteur à mobiliser sera la MSA. Selon ce qui est imaginé et possible, échanger avec ses proches permettra de prendre du recul et dans le cas d’une transmission complète, s’assurer que la direction est commune avec sa famille et ses associés.
La volonté de transmettre est validée, il faut désormais réaliser le bilan de sa ferme et répondre à ces questions : comment se porte-t-elle ? Quelle est la qualité de mon cheptel ? Quel est l’état de mon matériel ? Quels sont les avantages et inconvénients de ma ferme et de mon système ? Quels sont mes objectifs ?
Écriture du projet et début des démarches administratives
Une transmission ne se fait pas en an, il faut anticiper. Trois ans avant est un bon timing pour débuter l’écriture du projet de transmission. C’est le moment d’aller plus en profondeur sur la transmission imaginée que ce soit avec sa famille et/ou avec ses associés.
Trois ans avant la cession d’activité, il faut donc s’assurer de connaître ses droits à la retraite. Le montant potentiel perçu et la date de départ possible sont deux critères qui vont influencer sur le projet de transmission. Et côté administratif, la déclaration Dica (Déclaration d’intention de cession d’activité) doit être réalisée obligatoirement trois ans avant la date buttoir.
Pour dessiner sa transmission, voici quelques questions à se poser : qu’est-ce que je souhaite transmettre ? Ma transmission sera totale ? Partielle ? Comment je souhaite transmettre ? Par le biais d’un stage ? D’un salariat ? Je me donne combien de temps pour transmettre ? Est-ce que j’accepte d’aider sur la ferme une fois la reprise faite ? Quelles sont les variables sur lesquelles j’accepte de discuter ?
Comment trouver mon repreneur ou ma repreneuse ?
Pour chercher une ou un repreneur, il faut s’identifier auprès des porteurs de projets. Pour cela rédiger une annonce de ferme à transmettre permettra de clarifier son offre et de la partager. L’annonce tendra à évoluer en fonction des profils qui se présentent et de l’évolution de la ferme.
Dans une annonce, il peut être mis en valeur :
- la situation géographique de la ferme : est-elle proche des écoles et hôpitaux ? Est-elle à proximité de collègues ? Des emplacements ?
- la description de la ferme : la taille du cheptel, sa génétique, le nombre d’ETP, les productions, le système de commercialisation, etc.
- le format de la transmission envisagée : la date, totale ou non, ce qu’il y a à transmettre, les modes de cessions : achat, location ou mise à disposition. Est-ce que je souhaite réaliser un tuilage ? Sur combien de temps ? Quelles sont les possibilités d’hébergement pour ma ou mon repreneur ? etc.
Beaucoup de choses à calculer… Qui peut m’accompagner ?
De la réflexion au tuilage, un panel d’organismes peut être sollicité dans l’accompagnement à la transmission.
Les étapes clés de la transmission
L’anticipation, l’élément clé d’une transmission réussie
La difficulté majeure concerne le manque de préparation et d’anticipation de la transmission du côté du cédant. Une mauvaise préparation de la cession peut fragiliser la pérennité de l’exploitation et également la retraite du cédant. Il est admis qu’une transmission doit être prévue cinq à dix ans avant la date choisie de départ.
Dès le début, des questions à ne pas sous-estimer
D’autres éléments peuvent porter préjudice à une bonne transmission. La question foncière, le bâtiment, les emplacements, le lieu d’habitation du cédant (bâtiment d’exploitation présent sur la parcelle de la maison ou parfois même, les deux imbriqués). Les aspects économiques avec le besoin de financement, le coût des investissements pour moderniser l’exploitation et assurer sa viabilité si besoin, et enfin le contexte économique du moment.
La transmission est un véritable cheminement qui doit s’anticiper. Que ce soit une transmission dans un cadre familial, permettant un prolongement de l’histoire, une association temporaire dans le cadre de GAEC ou une cession intégrale à un tiers, signifiant une possible fin… Les cas de figure sont multiples. Dans tous les cas, l’anticipation est le maître mot et cela même depuis l’installation.
Il est communément évoqué qu’en matière d’installation en apiculture, il faut compter que les cinq premières années seront la tête sous l’eau, les cinq suivantes une stabilisation de l’activité est les cinq dernières, celles d’un rythme de croisière laissant envisager de nouveaux investissements. En fonction de l’âge auquel on se lance, la question de la retraite à l’issue de cette période se posera rapidement et la période de mise en place du projet de transmission mènera à la retraite.
