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La santé des colonies est sous votre vigilance

Les feuilles de cire gaufrée constituent une source d’exposition des abeilles à des substances toxiques, en particulier pour le couvain. C’est pourquoi il faut être particulièrement vigilant à la qualité toxicologique de la cire qui est introduite dans les colonies.

Des travaux de recherche ont montré que de fortes concentrations de pesticides ou la présence de certains agents de coupage dans la cire pouvaient altérer la survie des larves d’ouvrières et de reines. Ces effets sont parfois discrets et n’affectent qu’une faible proportion des individus ou au contraire touchent un grand nombre de larves. C’est en effet au stade larvaire que ces effets se manifestent le plus souvent c’est-à-dire lorsque les individus sont au début de leur croissance et sont encore alimentés par les nourrices.

Un couvain en mosaïque est mauvais signe

Les cadres porteurs de cire toxique pour les abeilles sont donc facilement reconnaissables car il présente un couvain en mosaïque. Autre indice à surveiller : des individus d’âges différents peuvent se côtoyer car la reine est venue pondre là où les individus morts ont été retirés. Il n’est donc pas rare de retrouver dans des cellules adjacentes, un œuf côtoyant une larve au stade L2, elle-même entourée par des larves en L5. Le repérage de cire adultérée ou trop contaminée est facilité par la présence d’autres cadres présentant contrairement à eux un couvain compact et régulièrement pondu.

L’hypothèse d’un problème d’origine pathologique peut être généralement écarté car bien souvent les symptômes d’origine parasitaire ou infectieuse s’expriment sur plusieurs cadres de couvain. L’aspect de la cire et la morphologie des rayons peuvent aussi être des indicateurs. La présence dans la cire de paraffine à bas point de fusion par exemple se traduit par un affaissement des rayons et l’existence de cellules ovoïdes. 

Déclarer les anomalies pour la visite d'un expert

Si vous constatez des anomalies telles que décrites précédemment, vous pouvez déclarer vos observations à l’observatoire des mortalités et affaiblissements des abeilles en contactant le guichet régional ou vous adresser aux directions départementales en charge de la protection des populations (voir encadré).

Pour faciliter l’investigation, il est conseillé d’identifier la tête des cadres porteurs de symptômes ou de constructions désordonnées dans vos ruches. Dans un second temps, cela facilitera les opérations de retrait de la cire suspecte des colonies.

En attendant la visite d’un expert, il est conseillé de rassembler la documentation nécessaire à l’enquête : facture d’achat, numéro de lot, nom du cirier et/ou du distributeur… Ces informations peuvent permettre de tracer l’origine de la cire et d’apporter des éléments de réponse. Vous pouvez également porter vos observations à la connaissance de votre fournisseur, il peut lui aussi vous apporter des informations sur des éventuels contrôles qualité effectués par sa structure. Si des gaufres suspectes sont encore disponibles (dans un carton d’origine c’est encore mieux), il est recommandé de les conserver pour des analyses toxicologiques.

Retirer les cadres des colonies affectées

Si les conclusions de l’investigateur pointent la qualité de la cire comme responsable des symptômes observés, il s’agit alors de retirer les cadres des colonies affectées par les troubles. En fonction de la période dans la saison et de la taille des colonies (miellée en cours, rupture de ponte…), il peut être possible d’effectuer une rotation des cadres symptomatiques vers les rives pour les retirer progressivement et enfin les écarter du circuit apicole (destruction par le feu);  ou de retirer l’ensemble des cadres de mauvaise qualité (à remplacer par des bâtis ou des gaufres) et faire naître les abeilles en empilant deux corps séparés par une grille à reine. Une fois le couvain né, ces cadres seront détruits.

Omaa, qu'est-ce que c'est ?

L’observatoire des mortalités et des affaiblissements de l'abeille mellifère (Omaa) est lié à la volonté d’étendre la surveillance épidémiologique existante en filière apicole à tous les troubles de santé observés sur les colonies d’abeilles.

Un guichet unique régional a ainsi été mis en place pour l'ensemble des troubles avec un numéro d’appel et une adresse électronique uniques dans les régions Bretagne, Pays de la Loire, Occitanie, Île-de-France, Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, et Bourgogne-Franche-Comté. Ses objectifs sont de mieux recenser les événements de santé observés dans les ruchers de la région pour permettre de caractériser l’état de santé du cheptel apicole et émettre des alertes en cas de recrudescence de troubles anormaux dans le temps et/ou dans l’espace. L'enjeu est bien de comprendre les affaiblissements et les mortalités, à l’échelle individuelle et collective.

Côté biblio

M. Chęć, Olszewski, K. Dziechciarz, P. et al. Effect of stearin and paraffin adulteration of beeswax on brood survival. Apidologie 52, 432–446 (2021). http://tinyurl.com/4jdt4k63

C. Kast, V. Kilchenmann. An in vitro model for assessing the toxicity of pesticides in beeswax on honey bee larvae. Chemosphere, 287, Part 2, 2022. http://tinyurl.com/kce2j6hb

O. Wilmart, A. Legrève, M.-L. Scippo, W. Reybroeck, B. Urbain, D.-C. de Graaf, P. Spanoghe, P. Delahaut, C. Saegerman. Honey bee exposure scenarios to selected residues through contaminated beeswax, Science of The Total Environment, volume 772, 2021. http://tinyurl.com/2rd7s22b

Côté web

Les outils développés par le réseau ADA–Itsap

Dossier qualité des cire ADA Aura

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