Avant le label IGP, une miellée de tilleul correcte en Picardie

Les fortes températures de la mi-juin ont suscité quelques craintes chez les producteurs de miel de tilleul en Hauts-de-France. Finalement, la miellée 2025 s’achève de manière très correcte selon les apiculteurs engagés dans la démarche de qualité Miel de tilleul de Picardie, alors que le label d’Indication géographique protégée (IGP) est attendu cet automne.

« Les abeilles étaient en forme après le printemps. Elles ont trouvé de belles ressources ensuite sur le tilleul », note Gwen Le Fichous installé dans l’Oise. « Les fortes chaleurs de juin n’ont heureusement pas abîmé les fleurs », complète Nathalie Dussenne, qui transhume du Nord vers l’Aisne.

Saveur typique

« On a cru qu’elle durerait plus, mais cette belle miellée a été assez brutale, entre huit et dix jours », observe pour sa part Jérôme Fourneaux, installé en Normandie, qui transhume dans l’Oise. « J’ai dû racheter des hausses en dernière minute pour le tilleul », sourit Bruno Mantel, qui transhume du Pas-de-Calais vers l’Oise. « Je n’ai jamais autant produit de miel », glisse-t-il.

« À l’extraction, le miel a bien son goût typique frais, mentholé et persistant, bien que sa couleur soit légèrement dorée », note Gauthier Vanpouille, qui transhume de Flandre vers l’Oise. Comme beaucoup de collègues interrogés, Eric Barrère, président de l’ADA Hauts-de-France, qui transhume en forêt d’Halatte (Oise), souligne « une miellée très correcte sur le plan quantitatif ».

« Les dernières hausses n’ont pas été remplies », nuance Raffaël Quinet, installé dans le Loiret, qui transhume dans le secteur de Senlis-Chantilly (Oise). Il considère néanmoins le tilleul comme « une super miellée [dans laquelle] les abeilles sont bien » avant de poursuivre leur parcours sur sarrasin et tournesol. « Le coup de chaud de fin juin a freiné la miellée, dommage », regrette Patrick Vandecasteele, apiculteur à Marchiennes (Nord), un des initiateurs de la démarche de promotion du Miel de tilleul de Picardie il y a vingt ans. Les très belles floraisons de 2025 font craindre à l’apiculteur une miellée moyenne l’an prochain. « Il y aura sans doute moins de fleurs en 2026 », craint-il.

« L’effervescence sur les ruchers »

Toutefois, l’ambiance générale « c’était l’effervescence sur les ruchers, avec une odeur fraîche dans l’air. Quel plaisir ! Il fallait une année comme ça pour redonner de l’entrain aux producteurs et de l’engouement autour de ce produit », résume Philippe Béquet, apiculteur dans la Somme. Président de Miels des Hauts-de-France, l’organisme de défense et de gestion de la future appellation IGP Miel de tilleul de Picardie, il goûte avec bonheur à « l’intérêt croissant des consommateurs pour le miel français et l’intérêt des négoces pour cette demande de miel sous signe de qualité ». Et l’apiculteur de se féliciter que « les trois négoces majeurs français adhèrent à la démarche ou frappent à la porte ».

Alors que les producteurs de l’aire vendent majoritairement leur production au détail, le débouché en vrac intéresse de nombreux apiculteurs. « Aujourd’hui tout le monde attend de voir ; comme souvent, ce sont les apiculteurs qui font le tampon en matière de stocks », relève Raffaël Quinet, qui vend sa production en vrac.

De nombreux apiculteurs se disent prêts à positionner plus de ruches sur la miellée de tilleul en Picardie. « On peut produire plus si la demande est là », indique Philippe Béquet. Selon les producteurs, la production 2025 varie de 25 à plus de 40 kg/ruche. Plus de 2 000 colonies étaient implantées dans l’aire géographique concernée, essentiellement dans l’Oise (Chantilly-Compiègne), les alentours d’Amiens (Somme) et de Laon (Aisne). Le volume exact de la production labellisée sera connu fin octobre.