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2023 : une bonne saison de production au nord, une énième saison compliquée au sud

La production nationale de miel en 2023 est estimée entre 30 400 tonnes et 37 400 tonnes, soit 10 % de plus que l’année 2022.

Alors qu’en apiculture, plus que dans d’autres filières, la production a toujours montré une grande variabilité (d’une année sur l’autre, d’un apiculteur à l’autre, d’un rucher à l’autre…), nous voyons depuis deux années une tendance nouvelle : une bonne production au nord, et des saisons compliquées au sud.

Un début de saison compliqué dans beaucoup de régions

Sur l’arc méditerranéen, en remontant jusqu’à la Drôme et l’Ardèche, l’année a commencé, dès l’hiver, puis le printemps, par un déficit hydrique important, qui n’a pas permis un bon démarrage de saison. Retards dans l’activité d’élevage, nourrissement, transhumances hors région, ont rythmé l’activité des apiculteurs concernés en première partie de saison, sans garantie d’une production de miel à la clef. Dans la moitié nord de la France, les conditions météorologiques ont favorisé un essaimage important, tandis qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont la pluie, le vent, et le froid qui ont limité fortement la production des miels de printemps. Seules la Nouvelle-Aquitaine, la Corse et les Hauts-de-France tirent leur épingle du jeu, grâce notamment à des pluies régulières qui ont permis le développement de la végétation.

Un été plutôt favorable à la production de miel, avec des disparités par région et par miellée

Le climat de l’été a permis de bonnes récoltes dans les Hauts-de-France, en Centre-Val de Loire, Île-de-France et Grand Est. Ces régions ont bénéficié davantage d’ensoleillement qu’à l’accoutumée, en plus de précipitations régulières, à l’exception d’un déficit hydrique en juin dans l’est de la France, compensé par des pluies en juillet et août.

C’est ensuite en juillet que presque toute la moitié Sud de la France a reçu moins de précipitations que les normales saisonnières, ce déficit étant rattrapé par des pluies en août dans certains départements.

Au bilan, Auvergne-Rhône-Alpes reste la première région productrice de miel en France, les régions Nouvelle-Aquitaine et Grand Est arrivent en deuxième et troisième place, suivies de la Bourgogne-Franche-Comté qui partage la quatrième place avec l’Occitanie. La région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur ferme la marche.

Différentes variables composent l’estimation de production de chaque région : le nombre d’apiculteurs, le nombre moyen de ruches mises en production par ces apiculteurs, et la production moyenne par ruche mise en production. Véritable indicateur de réussite ou non de la saison, cette dernière variable montre de grandes disparités entre les régions. En 2023, exceptés la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, c’est dans les régions au nord de la Loire que les productions à la ruche ont été les plus importantes.

Retour de l’acacia, bonne production de tilleul, colza correct, lavande variable selon les localisations

À part en Nouvelle-Aquitaine où la miellée a été inexistante, et en Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, où les apiculteurs ont dû transhumer jusqu’au nord de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour aller sur l’acacia, l'année 2023 a permis une production variable à bonne de miel d’acacia. Le colza a permis une bonne miellée quasiment sur tout le territoire.

La miellée de tilleul est rapportée comme exceptionnelle dans les Hauts-de-France, et plutôt bonne dans les autres secteurs de production de ce miel, à l’exception de l’Alsace et de certains secteurs d’Occitanie. La lavande a permis des productions exceptionnelles dans la Beauce, et des productions plus hétérogènes en Provence-Alpes-Côte d’Azur : très bonnes dans la Drôme et dans le bassin d’Apt, mais plus mitigées à médiocres sur les plateaux de Valensole et d’Albion.

La miellée de châtaignier a été variable. Parfois bonne, la miellée s’est avérée souvent courte, interrompue par une sécheresse en Centre-Val de Loire, fragilisée par le dépérissement des châtaigniers, notamment en Nouvelle-Aquitaine, globalement décevante en Corse (miel de châtaigneraie), et décrite comme « anarchique » ailleurs, ne permettant pas une vraie distinction entre les miels de châtaignier et les miels de forêt.

La figure 6 illustre la distribution des rendements nationaux par miellée. Elle permet de visualiser la variabilité des données. Cette figure est une description des données de notre échantillon 2023 et ne se base donc pas sur des extrapolations ou estimations.

Clé de lecture : concernant la miellée de colza, on observe que l’essentiel des données de rendements sont comprises entre 8 et 16 kg/colonie (limites de la boîte bleue), la moyenne (croix) est de 14 kg/colonie et la médiane (trait) de 11 kg/colonie. Cette différence entre moyenne et médiane s’explique notamment par la présence de 4 points au-dessus, bien plus élevés que les chiffres de la boîte et qui tirent la moyenne vers le haut.

Focus sur la méthode

Ces données proviennent d’une étude commandée et financée par InterApi. La méthode a fait l’objet, en 2023, d’un accompagnement et de l’appui de l’Idele (Institut de l’élevage). L’Idele a validé la méthode mise en œuvre par ADA France en 2022, en lui apportant quelques améliorations.

La production a été estimée à partir des enquêtes production menées par le réseau des ADA, coordonnées par l’Itsap-Institut de l’abeille, auprès d’apiculteurs. Les adhérents des ADA ont été contactés directement, puis relancés par téléphone. Les liens vers l’enquête ont également été rendus publics par ADA France. Tout apiculteur a pu y répondre.

Les données issues des réponses de 638 apiculteurs ont ensuite été extrapolées pour pouvoir estimer les tonnages régionaux et nationaux.

La robustesse des résultats dépend essentiellement du nombre d’apiculteurs répondant à l’enquête.

Vous n’êtes pas adhérent d’une ADA et souhaitez participer à l’enquête production 2024 ? Contactez-nous !

Côté web

Visitez le site adafrance.org pour en savoir plus

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