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Une récolte correcte et de bonnes exportations

En France, 32,9 millions de tonnes (Mt) de blé et 11,2 Mt d’orges seraient récoltées cet été, selon FranceAgriMer. Près de 17,7 Mt de blé et 5,6 Mt d’orges seraient exportées tout au long de la campagne.

Durant le premier conseil spécialisé « grandes cultures » de la campagne 2022-2023, FranceAgriMer a livré les prévisions de production de céréales à pailles. 32,9 Mt de blé et 11,2 Mt d’orges seraient récoltées cet été. Ces productions seraient permises par des rendements moyens respectifs de 69,9 quintaux par hectare (q/ha) et de 60,5 q/ha. La production d’escourgeon (8,23 Mt avec un rendement de 64q/ha) est équivalente à celle de l’an passé. Mais faute de précipitations suffisantes, seules 2,9 Mt d’orges de printemps sont récoltées (-300 000 t sur un an) car le rendement moyen a chuté de 9 q/ha à 5,25 q/ha. Enfin, 1,3 Mt de blé dur sera engrangé cette année, soit près de 260 000 tonnes (t) de moins que l’an passé. Le rendement (estimé à 51,3 q/ha) s’est maintenu mais 37 000 ha n’ont pas été ensemencés l’automne passé. De ces prévisions, deux tendances se dessinent pour les mois à venir. A l’export, la France sera très présente, surtout hors de l’Union européenne. Mais moins de céréales seront consommées pour fabriquer des aliments.

Des exportations importantes en vue

Près de 17,7 Mt de blé, 5,6 Mt d’orges, 1,38 Mt de malt et 850 000 tonnes de blé dur seraient exportées au cours de la campagne. Sur le marché européen, seules 7,2 Mt de blé (- 950 000 t sur un an) et 2,83 Mt d’orges (+135 000 t) seront expédiées hors de nos frontières. Mais la France pourrait exporter vers les pays tiers 10,3 Mt de blé (+2,5 Mt sur un an) et 2,8 Mt d’orges (-600 000t sur un an).

530 000 t de blé ont déjà été vendues à l’Égypte, livrables d’ici la fin du mois d’octobre car la céréale est particulièrement compétitive depuis la parité de l’euro avec le dollar. Les ventes de blé dur au sein de l’UE seraient en net repli (750 000 t ; - 250 00 t sur un an) mais inchangées vers les pays tiers (100 000 t). Ces prévisions sont évidemment appelées à être revues au cours de la campagne. L’évolution de la parité euro-dollar affecte à chaque instant la compétitivité des céréales françaises.

Si le conflit dans le bassin de la Mer Noire rend indisponible à l’export, une partie des céréales produites dans la région, la France pourrait être tentée de racler les fonds de ses silos pour vendre plus de grains. En fait, la conjoncture économique et géopolitique actuelle pousserait l’ensemble des pays membres de l’UE à vendre plus de grains et à réduire partiellement sa dépendance à l’égard de ses importations. Selon la Commission européenne (CE), l’UE exporterait 54 Mt de grains en 2022-2023, soit 7 Mt de plus que la campagne passée. Et dans le même temps, seules 20,9 Mt de grains, essentiellement du maïs, seraient importées, (-1,6 Mt sur un an). Pourtant la CE table sur une production de grains, de 286 Mt, en repli de 7 Mt sur un an.

Fabrication d’aliments

Depuis quelques mois, les hausses des prix des céréales ont rendu moins compétitif le blé auprès des fabricants français d’aliments. Par ailleurs, la grippe aviaire a réduit les besoins des éleveurs en aliments. Aussi, seules 8,2 Mt de grains (dont 3,9 Mt de blé et 1,2 Mt d’orges) seraient transformées au cours de la prochaine campagne, soit près de 300 000 tonnes de moins que durant la campagne passée. Mais surtout, près de 550 000 tonnes de blé en moins seraient utilisées pour fabriquer des aliments que l’an passé.

 

 

Denis Beauchamp est le responsable de la collecte de la coopérative agricole Coopaca et de la commercialisation de l’Ucal.

Point de situation pour l’Allier

La moisson terminée, qu’en est-il des rendements pour le département ?

Denis Beauchamp : Concernant les blés, nous sommes aux alentours des cinquante quintaux et des quarante-cinq quintaux pour l’orge. Nous ne pouvons donc pas parler d’une bonne année, il faut le dire. Plusieurs facteurs l’expliquent, notamment les coups de chaleur au cours des mois de mai et de juin, le manque d’eau mais aussi les forts épisodes de grêle sur certains secteurs où des cultures entières ont été détruites. Nous constaterons probablement entre 15 et 20% de quantité par rapport à la campagne précédente.

La qualité est-elle tout-de-même au rendez-vous ?

D. B : Elle est compliquée à qualifier car certains blés ont eux des croissances variées, ce qui a provoqué leur déclassement en blé-fourrage suite à la pluie. Cependant, pour ceux qui ont classés en meunerie, la qualité est bonne.

Une campagne plutôt favorable au colza ?

D. B : Oui, nous enregistrons une moyenne de trente quintaux. Nous sommes donc sur une bonne campagne pour cette production.

Dans quelques semaines, se sera au tour des tournesols et du maïs. Des prévisions ?

D. B : Si la surface en tournesol a augmenté, par contre, celui-ci souffre actuellement énormément du manque d’eau. Nous ne ferrons donc sans doute pas la récolte du siècle. Quant au maïs, nous sommes également dans la même situation.

Récurrence des aléas climatiques, crises économiques, conflit russo-ukrainien. Comment envisagez-vous la prochaine campagne ?

D. B : C’est véritablement compliqué à établir à ce jour. L’évolution des cours est sujette à une situation inédite en Mer Noire, sur laquelle il n’y a aucune réelle visibilité. Nous continuons de notre côté à sécuriser et développer les débouchés des productions végétales de notre secteur.

Propos recueillis par Sébastien Joly

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