Tuberculose bovine, une menace plus que jamais d’actualité
        
      
      
            Parfois considérée comme une maladie du passé, l’actualité en Nouvelle-Aquitaine nous montre qu’il n’en est rien et que la vigilance s’impose.
      
 
 
Provoquée par une bactérie particulièrement résistante dans le milieu extérieur, la tuberculose bovine fait un retour inquiétant pour toute la filière élevage.
Un agent pathogène particulièrement résistant 
La bactérie responsable de la tuberculose, Mycobacterium bovis, infecte principalement le bovin, mais également tous les mammifères, homme compris, c’est une zoonose. Une fois contaminé, l’infection se développe lentement avec l’apparition de nodules caséeux. Les symptômes sont souvent peu caractéristiques en début d’évolution puis l’amaigrissement et la toux dominent. La transmission se fait principalement par contact direct entre un animal contaminé et un animal sain, mais l’environnement joue également un grand rôle, la bactérie résistant plusieurs semaines dans l’eau ou les fumiers. Les facteurs de risque identifiés sont le voisinage de pâture, l’accès aux points d’eau ou l’ingestion d’aliments contaminés (herbe sur pied, pierre à sel, nourrisseur).
La faune sauvage potentiellement réservoir dans les zones contaminées
Dans les zones d’enzootie, la faune sauvage se contamine au contact des bovins et peut constituer un réservoir de la bactérie. Les cerfs et les blaireaux peuvent recontaminer le bétail alors qu’il semble que les sangliers et les renards soient plutôt des culs-de-sac épidémiologiques. En Dordogne en 2017, sur 1 450 blaireaux testés, 3,7 % se sont avérés positifs. Le suivi de la faune sauvage est assuré dans la cadre du réseau Sylvatub, complété par une surveillance départementale organisée de concert par la Fédération des Chasseurs de la Creuse, la DDCSPP, le LDA et GDS Creuse (cf. illustration et l’article du 29/06/2018).
La biosécurité de l’élevage à développer
Les mycobactéries n’ont pas le pouvoir de propagation aérien des virus mais sont très résistantes une fois implantées. À l’échelle de l’élevage, la prévention passe par la mise en place de mesures simples : installer des pédiluves pour tous les intervenants, désinfecter les bâtiments et le matériel en commun, gérer les effluents (surtout les fumiers), placer à plus de 80 cm du sol les abreuvoirs, les pierres à sel et les nourrisseurs. Ces mesures de biosécurité encore insuffisamment mises en place demandent à être développées. Cela fait partie des axes de sensibilisation et de formation des GDS en relation avec les vétérinaires à destination des éleveurs.
Une situation régionale préoccupante
En France, le taux d’incidence annuel reste inférieur à 0,1 % des cheptels, seuil de maintien du statut officiellement indemne. Les foyers de tuberculose se concentrent désormais en Nouvelle-Aquitaine. En 2017, 95 foyers ont été déclarés au niveau national et 64 foyers ont été recensés du 01/01/2018 au 04/04/2018 (cf. carte), dont 58 en Nouvelle Aquitaine (91 %). La Dordogne reste le département le plus touché avec 20 foyers. Aucun cas n’a été découvert en Creuse à ce jour, deux foyers ont été déclarés en Haute-Vienne et un en Corrèze.
Une panoplie de moyens de détection
Dans  les zones touchées, la prophylaxie concerne les bovins de plus de 24  mois. Le dépistage se fait classiquement par  intradermotuberculination simple (IDS). Le vétérinaire mesure  l’épaisseur de la peau à un endroit donné de l’encolure, injecte de la  tuberculine et remesure le même pli de peau 72 heures plus tard. Si la  mesure révèle un épaississement de plus de 2 mm, le résultat est  considéré comme positif. Cette technique présente des interférences avec  la tuberculose aviaire et la paratuberculose. C’est pourquoi le  diagnostic se fait désormais principalement en  intradermotuberculination comparative (IDC). Il est injecté de la  tuberculine bovine et de la tuberculine aviaire, et mesuré la différence  de pli de peau obtenue entre les deux résultats. Cela nécessite une  contention parfaite de tous les animaux, une tonte des zones concernées  et des moyens humains importants. À ce jour, la Creuse est le seul  département de Nouvelle-Aquitaine sans cheptel en prophylaxie  tuberculose sauf ceux pouvant être en lien épidémiologique avec un  foyer. Ce dépistage concerne également les animaux sortant de cheptels  classés « à risque » ou pour les bovins ayant eu un délai de transit  entre le cheptel de sortie et celui d’arrivée supérieur à 6 jours.
Une surveillance renforcée à l’abattoir
Suite  aux alertes répétées, le dépistage à l’abattoir a été renforcé et toute  suspicion fait l’objet d’une investigation complémentaire. Les  ganglions lymphatiques suspects sont les principaux organes vérifiés. La  détection en abattoir représente 16 % des cas déclarés en 2018. Elle  signe une infection déjà ancienne du cheptel avec risque de propagation  avérée au moment de la découverte. En Creuse, en 2017, 21 suspicions de  tuberculose bovine ont été identifiées en abattoir, elles ont toutes été  levées après analyse.
Une lutte complexe et longue
Lorsqu’un  foyer est déclaré, l’abattage total est la règle, suivi de mesures de  désinfection poussées et d’un vide sanitaire. L’éleveur est indemnisé et  peut alors reconstituer son cheptel. Il peut être autorisé la mise en  œuvre de plans d’assainissement par abattage sélectif qui demande deux  contrôles successifs favorables, le premier 60 jours au moins et le  second 4 mois au moins et 12 mois au plus après l’élimination du dernier  animal ayant présenté une réaction positive. Sur les 64 foyers  diagnostiqués en 2018, 8 sont des « foyers résurgents » (élevages déjà  touchés par la maladie). Cependant, dans les zones historiquement les  plus touchées comme la Côte-d’Or ou la Camargue, l’assainissement a fini  par porter ses fruits. C’est la preuve que des mesures sanitaires  rigoureuses permettent de réduire l’incidence de cette maladie.
Une vigilance à poursuivre
Dans  ce contexte de notre région Nouvelle-Aquitaine, la vigilance doit être  de mise tant pour les éleveurs dans le respect scrupuleux de la  réglementation en matière de dépistage de la tuberculose que pour les  vétérinaires dans la réalisation avec la plus grande précision des  intradermotuberculinations. Pour plus d’informations sur la situation de  la tuberculose bovine au 04/04/2018, consultez l’adresse suivante :  https://www.plateforme-esa.fr/article/surveillance-de-la-tuberculose-bo….  
Votre vétérinaire sanitaire, la DDCSPP et nous-mêmes, nous restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.
 
        
     
 
 
 
 
 
 
 
 
 
