Trouver les moyens de sauver la filière porcine départementale
La réunion organisée jeudi 13 septembre a montré que, faute d’une progression des cours du porc, les moyens mobilisables localement resteraient dérisoires tant la crise est énorme.
Prêts à faire jouer la solidarité
“En un an, le prix des aliments aura quasiment doublé. C’est comme si on imposait à une entreprise le doublement du Smic ! Les filières ne pourront pas tenir”, résumait Georges Champeix, administrateur de l’interprofession porcine nationale (Inaporc). Chiffrée à 15 euros par porc produit, la perte va selon lui atteindre rapidement 30 euros. “Dans les trois mois qui viennent, on sera acculés à la faillite”, témoignait un éleveur. Crédit agricole, Mutualité sociale agricole, Groupama, Chambre d’agriculture, Centre de gestion... toutes les organisations professionnelles agricoles se sont dit prêtes à étudier les moyens de venir en aide aux producteurs dans la limite des moyens disponibles et de la réglementation. “Pas question d’accepter des reports de cotisations ou d’intérêts de prêts. Nous voulons des prises en charge”, a prévenu Christian Guy, qui a au passage mis en garde les salaisonniers qui continuent à s’approvisionner en dehors de la région. “De toute façon, vous n’aurez pas le choix, les éleveurs ne pourront plus payer. Ils n’auront plus bientôt que pour seul souci d’arriver à se faire livrer des aliments pour leurs cochons !”, assénait Georges Champeix. Mais tout cela ne suffira pas à régler une crise dont la solution passe par la progression des cours au cadran breton et par la capacité de la filière à répercuter les hausses de charges à la distribution, convenait-il.
Appel à la solidarité nationale
“Si on laisse faire le marché, la régulation se fera par la disparition des élevages”, constatait un directeur de groupement. “Le problème étant que, dans notre département, une restructuration entraînerait la disparition de la filière”, reprenait M. Champeix. “Cette crise démontre la faillite de la Politique agricole commune et l’erreur d’abandonner les outils de régulation des marchés”, analysait Louis-François Fontant, président de la Chambre d’agriculture. S’en est suivi un débat sur la compensation de quatre milliards d’euros consentie aux céréaliers “qui sont maintenant en train de se gratter la tête pour savoir comment ils vont faire pour ne pas payer trop d’impôts, alors que c’est d’un milliard d’euros dont la filière porcine aurait besoin pour compenser la hausse du prix des céréales”, calculait un participant. Si, sur cette question du rééquilibrage des soutiens et de la régulation des marchés, Louis-François Fontant juge que le président de la République a donné des signes positifs lors de son discours au Space, le problème du court terme reste entier. “Nous avons le devoir de faire pression auprès de nos organisations nationales pour que notre situation soit prise en compte”, ont martelé les présidents de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA. Tandis que Georges Champeix plaidait pour “la recherche au niveau national de solutions spécifiques à nos régions”. Vincent Descœur, député et président du conseil général, s’engageait de son côté à saisir ses collègues parlementaires du Massif central pour mener une démarche commune auprès du gouvernement. Le préfet a quant à lui assuré qu’il alerterait le ministère sur la situation de la filière cantalienne.