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On se prépare à vacciner au printemps avant la sortie des animaux

L'élevage bovin est impacté par la crise sanitaire actuelle. Le point avec Anthony Fayolle secrétaire général de la FDSEA, en charge du dossier bovins viande.

Si les éleveurs ovins sont plus durement touchés par la crise sanitaire  actuelle, les éleveurs bovins ne sont pas épargnés, selon Anthony Fayolle.
Si les éleveurs ovins sont plus durement touchés par la crise sanitaire actuelle, les éleveurs bovins ne sont pas épargnés, selon Anthony Fayolle.
© HLP
Si la crise sanitaire actuelle impacte gravement la production ovine, les élevages bovins n'en sortent pas indemnes. Où en est la situation en Haute-Loire aujourd'hui ?

Anthony Fayolle, secrétaire général de la FDSEA : Concernant la FCO (Fièvre catarrhale ovine) sérotype 8, les derniers chiffres font état de 864 foyers recensés en Haute-Loire dont 467 en bovins, et 397 en ovins-caprins. À ce jour, le département ne compte aucun cas clinique de MHE (Maladie hémorragique épizootique), ni de FCO3. Globalement, je pense que tous les éleveurs ovins ou presque sont concernés et beaucoup en bovins, même si les pertes ne sont pas les mêmes.
 

Quels sont justement les impacts de la FCO8 sur les bovins ?

A.F. : Ils sont multiples. Pour les laitiers, on constate une baisse de la production laitière et une baisse de la qualité du lait. Pour l'ensemble des bovins, il y a de nombreux animaux malades avec différentes pathologies :  des vêlages avant terme voire des avortements, une absence de lait après vêlage, une baisse de production de viande avec des animaux affaiblis, des problèmes de boiteries… On peut aussi noter des problèmes de stérilité temporaire ou permanente sur les reproducteurs… Pas mal de signes, comme en ovins, que l'on a l'habitude de voir en élevage, mais plus nombreux et plus virulents avec la FCO.
Il faudra donc être très vigilants dans les semaines et mois à venir pour remonter la pente. Surveiller la fertilité des reproducteurs le plus tôt possible avec des échographies, éventuellement faire appel à l'IA pour augmenter nos chances, mais également rebooster les cheptels avec une complémentation adaptée.
 

Qu'en est-il de la vaccination, fortement encouragée par toute la profession au cours des dernières semaines ?

A.F. : Pour la FCO 8, le vaccin n'est pas pris en charge, il est donc payant et avec des problèmes de disponibilité. Le virus a beaucoup circulé, on a encore des bêtes malades. il est important de vacciner des animaux en bonne santé ; Je pense qu’il vaut mieux attendre fin d’hiver février-mars, avant la sortie des animaux, ce qui permettra une couverture vaccinale pendant toute la période estivale.
Pour la FCO3, les vaccins sont pris en charge par l'État. En ovin, les vaccins sont disponibles en monodose et l’immunité est acquise trois semaines après la vaccination. Il est donc important de se protéger le plus rapidement possible.
En bovin, la réflexion est différente puisque les vaccins FCO3 et MHE sont en 2 doses, chaque système étant différent, il revient à l’éleveur de choisir la date de vaccination d’autant que nous n’avons pas connaissance de la durée d’immunité des vaccins FCO3 et MHE, et n’avons pas la garantie de la couverture vaccinale totale sur toute la période estivale. 
 

Quelles sont les demandes de la profession concernant la vaccination ?

A.F. : Nous travaillons sur une prise en charge des vaccins pour la FCO 8. Par ailleurs, nous demandons aux laboratoires de sortir des vaccins qui couvrent plusieurs sérotypes, l'idéal pour nous étant les sérotypes 4, 8 et 3. Mais je doute un peu qu'on y arrive dès l'an prochain. Certains craignent des effets secondaires sur leurs animaux en multipliant les vaccins, mais je pense qu'aujourd'hui la maladie fait prendre plus de risques aux éleveurs que la vaccination. Nous demandons aussi qu'il y ait davantage de doses pour couvrir tout le territoire pour la FCO mais aussi la MHE.
 

Et les autres demandes ?

A.F. : Nous travaillons aussi pour que les pertes subies par les éleveurs soient prises en charge. Le FMSE se met en place mais il faut l'abonder. C'est une demande que nous comptons faire à la nouvelle Ministre de l'agriculture, cette semaine au Sommet de l'Élevage. Nous avons aussi sollicité la Région et le Département, mais aussi le GDS… L'objectif est d'aider les éleveurs pour reconstituer leur cheptel, à travers la prise en charge de PCR pour les béliers, des échographies, une aide à la recapitalisation… Tout cela est en train de se mettre en place avec les différents interlocuteurs.
 

Quels sont les effets de cette crise sur les mouvements d'animaux ?

A.F. : Pour les broutards destinés à l'exportation, les PCR étaient systématiques parce qu'on n'avait pas de vaccin pour la FCO3 ni la MHE. Aujourd'hui, on a un vaccin disponible pour la FCO3 mais uniquement reconnu pour l'Espagne. On est donc toujours obligé de faire une PCR pour la MHE, mais c'est l'éleveur qui les fait et en cas de positivité, il peut changer la destination de son animal. Notons aussi que ce vaccin FCO3 n'est pas pris en charge par l'État quand l'animal est destiné à l'exportation, et qu'il doit être fait par le vétérinaire qui remet alors une certification.
Pour les petits veaux, comme peu sont issus de mères vaccinées contre la FCO8, une PCR est obligatoire pour l'exportation. Et, là on se heurte à un problème de veaux positifs qui doivent changer de destination. Deux zones persistent pour la FCO3 dans le département et posent problème pour les échanges notamment pour le marché de Saugues. Nous demandons depuis plusieurs semaines une évolution de la zone régulée FCO3.

Et en termes de prix, quelles sont les conséquences ?

A.F. : Oui, on note une incidence sur les prix des petits veaux. Cela concerne uniquement les veaux positifs qui ne peuvent pas être exportés et doivent être replacés en France. Le marché est malgré tout porteur, il n’y a pas de raisons pour que le prix des animaux baisse. C’est du commerce, mais il n’y a aucune raison de considérer qu’un veau qui ne part pas à l’export ne vaut rien ; il y a de la place sur le marché français. Ce n’est pas aux éleveurs de payer les conséquences de la gestion sanitaire.


Quelle est votre vision à plus long terme, pour lutter contre ces maladies ?

A.F. : L'idée serait peut-être de retrouver un schéma vaccinal des mères pour permettre l'exportation des veaux ; un dispositif peu répandu actuellement. Pour le moment, il est impossible pour la MHE et la FCO3 faute de vaccins reconnus ; on les aura cet hiver, mais ce sera une vaccination certifiée. Pour que ce schéma soit efficace, il faut que la grande majorité des éleveurs vaccinent et pour cela, nous aurons donc besoin de travailler sur une logistique globale. Il faut réfléchir pour diminuer les coûts de la certification.
 

En résumé, quelle est la feuille de route à mettre en place ?

A.F. : D'abord, la profession demande la prise en charge des pertes subies par les éleveurs et un accompagnement pour éviter la décapitalisation. Pour les vaccins, nous demandons à l'État de commander suffisamment de doses et au plus tôt cet hiver, et une prise en charge pour le sérotype 8. Quant à l'exportation, nous attendons une réflexion au niveau de l'Europe pour uniformiser les protocoles sanitaires entre les différents pays. Aujourd'hui, la France donne l'impression d'avoir beaucoup plus de cas de FCO et MHE que d'autres pays, mais il faut savoir que certains pays n'ont pas de cas car ils vaccinent et ne font pas de PCR. Nous, on a des cas parce qu'on les cherche.
 

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