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Sdage 2022-2027 : Un plan de bataille pour la profession agricole

BASSIN LOIRE-BRETAGNE Le comité de bassin Loire-Bretagne a adopté, le 22 octobre dernier, le projet de schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) pour la période 2022-2027.

© CA03

Document toujours très attendu, par le monde agricole notamment, le nouveau projet de Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) pour la période 2022-2027 a été adopté le 22 octobre dernier par le comité de bassin Loire-Bretagne. Pour rappel, le bassin Loire-Bretagne s’étend des sources de la Loire et de l’Allier jusqu’à la pointe du Finistère, soit 155 000 km² (28 % du territoire métropolitain). Il intéresse 335 communautés de communes, près de 6800 communes, 36 départements et 8 régions en tout ou partie, et plus de 13 millions d’habitants.
Dans les grandes lignes, le niveau d’ambition fixé par le Sdage précédent (2016-2021) est renouvelé pour ce projet 2022-2027, avec un objectif de 61 % des cours d’eau en bon état écologique. L’amélioration constante de la protection de l’environnement et la non-dégradation est donc à l’origine de cette décision. Par ailleurs, ce nouveau Sdage s’est fixé comme objectif d’arriver à 100 % des stations de traitement des eaux usées conformes d’ici 2027. La réduction des nitrates et pesticides pour une eau brute destinée à la consommation humaine de qualité ou encore la réduction des prélèvements sur les territoires en tension sont également programmés.

Quid de l’évolution climatique ?
La prise en compte du plan d’adaptation à l’évolution climatique est l’une des principales avancées du projet de Sdage 2022-2027. Le comité de bassin Loire-Bretagne fait savoir que « près de 50 %
des modifications de texte apportées au document sont liées à la prise en compte de ce changement climatique ».
Pourtant, selon Nicolas Bonnefous, élu à la Chambre d’agriculture de l’Allier et représentant régional de la profession agricole au sein du comité de bassin, celle-ci n’a pas été écoutée. « Nous ne sommes guère entendus », regrette-t-il, en énonçant une doctrine de l’administration qui en dit long :
« dîtes-moi de quoi vous avez besoin, je vous dirai comment vous en passez ! ».
Face au changement climatique, le professionnel est réaliste : « il faudra certes nous adapter et cela passera forcément par le changement de certaines de nos pratiques. Mais nous aurons besoin de stockage d’eau à grande échelle, car aujourd’hui, sans ressource en eau, nous ne savons pas faire pousser de végétal ni abreuver des bêtes… ».
L’accès à la ressource en eau est donc, sans aucun doute, l’inquiétude principale pour le monde agricole : « Le projet souligne le passage dans un zonage plus contraignant pour les prélèvements à l’étiage pour une partie de notre bassin, ce qui serait catastrophique. On sent poindre, dans les années à venir, une envie de contraindre l’abreuvement des animaux ». Désireuse de faire avancer les choses, la profession agricole devrait mener, dans les mois à venir, un certain nombre d’actions pour faire modifier le projet adopté le 22 octobre. Mais Nicolas Bonnefous préfère rester discret à cet égard et ne pas dévoiler, trop tôt, son « plan de bataille ».

Des restrictions toujours plus importantes
L’inquiétude relative au stockage de l’eau est également partagée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, par la voix d’Emmanuel Ferrand, conseiller régional et responsable de la gestion du Feader en Aura. Il avait d’ailleurs interpellé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lors d’une visite dans le Puy-de-Dôme, le 16 octobre dernier : « nous comptons sur vous Monsieur le ministre pour faire bouger les lignes sur ce bassin où tous les projets sont retoqués alors que nous travaillons en bonne intelligence avec le bassin Rhône-Méditerranée-Corse ».
« Le ministre avait conscience des enjeux et de la nécessité, pour le monde agricole, d’avoir accès à l’eau. Maintenant, et après une motion envoyée par le conseil régional à tous les élus de la partie Loire-amont du bassin sur le souhait d’avoir un accroissement de la disponibilité de la ressource, nous espérons une action forte de la part du gouvernement. Nous mettrons une pression terrible pour cela », prévient Emmanuel Ferrand.
Et celui-ci de rajouter : « ce projet, en l’état, ne semble pas satisfaire grand monde, puisqu’il a été approuvé avec moins de la moitié des voix. Il ne fait qu’appliquer des restrictions supplémentaires et n’envisage jamais le développement des ressources. Il ne traite pas de la partie quantitative qui permet une évolution pour tous les usages, et pas seulement pour l’agriculture ». Le grand public pourra s’exprimer sur ce projet de Sdage entre le 15 février et le 15 août 2021. L’approbation finale devrait intervenir d’ici mars 2022. Pour répondre à ces enjeux, un riche programme d’actions est proposé, avec près de 11 000 mesures pour 3,6 milliards d’euros, soit 45 euros par habitant et par an.

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