Jeudi 4 août au matin et jusqu'en milieu d'après-midi, une centaine de producteurs de lait excédés par des prix du lait jugés insuffisants, a bloqué l'accès de l'usine de la compagnie des fromages Richesmonts (CF&R) à Brioude, un site à la fois exploité par la coopérative Sodiaal et le groupe Savencia.
Barrage devant l'usine
Devant l'entrée principale de l'usine, des monticules de pneus usagers et de terres empêchaient d'entrer et de sortir. Les camions de collecte de lait sont restés à l'arrêt. Une manière pour les producteurs de manifester leur colère et de tenter de se faire entendre par les entreprises qui achètent leur lait. "Nous sommes là pour dénoncer un prix du lait français qui est beaucoup trop bas par rapport aux autres pays européens ; il y a presque 100€/1000L d'écart avec certains d'entre eux... Nous dénonçons également les pratiques de construction du prix du lait par la coopérative Sodiaal qui, depuis juillet, s'affranchit totalement de la loi Egalim 2. Elle n'utilise plus les indicateurs de coût de production qui avaient été choisis en interprofession, ce qui crée des écarts de prix entre entreprises. Ainsi le lait d'un producteur Savencia est payé 450€ les 1000L contre 403€ chez Sodiaal en juillet ; des écarts de prix qui impactent les chiffres d'affaires de nos exploitations !" indique Éric Richard président de la section laitière FDSEA. "Sodiaal avait une formule de prix qui reprenait en partie les coûts de production et à ce titre elle respectait en partie la loi Egalim 2. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui" ajoute Julien Duplomb responsable du groupe lait aux JA. Et que ce soit "en lait conventionnel comme en lait bio, le compte n'y est pas !" signalaient les manifestants au moyen de pancartes très explicites !
Les conséquences de ce prix du lait bien trop bas sont d'autant plus lourdes dans cette période d'explosion des charges et de sécheresse persistante. "Sur 1 an nous avons subi une augmentation de 47% de nos charges alors que le prix du lait a augmenté de 15 à 20%. De plus, les agriculteurs subissent une sécheresse terrible qui risque de conduire à une décapitalisation importante dans nos fermes " expliquent les deux responsables.
La filière laitière est en danger
"On sait que lors des dernières négociations commerciales avec la grande distribution, des hausses de prix ont été passées par Sodiaal sur tous les produits transformés vendus en centrale d'achat (à hauteur de +15% environ). Or les prix du lait annoncés pour août et septembre ne tiennent pas compte de ces hausses de prix..." note Éric Richard. L'insuffisance de ces prix du lait pèse sur les exploitations et sur la filière. "Ces prix amplifient le phénomène général de l'inflation et pour les jeunes c'est très difficile de porter un projet d'installation dans ces conditions. Mais à long terme, c'est toute la filière laitière qui risque de disparaître et tout l'emploi qu'elle induit. à Brioude, cette usine emploie près de 300 personnes. C'est pourquoi, on espère que des euros redescendront très rapidement sur les exploitations. Si ce n'est pas le cas, cela risque d'être catastrophique pour la filière laitière" signalent-ils.
Sollicitée par ses producteurs depuis des mois, la coopérative Sodiaal explique que sa décision est consécutive à l'augmentation exponentielle des charges et à leur difficulté à les répercuter sur la grande distribution.
En fin de matinée, une délégation de producteurs a été reçue par des responsables de l'usine ; une occasion pour les responsables FDSEA et JA de réclamer une revalorisation rapide (une augmentation de l'ordre de 20 € par 1000 litres sur le 3ème trimestre) du prix du lait.
Cette mobilisation syndicale s'inscrivait dans une mobilisation plus large puisque d'autres actions étaient conduites en même temps par des producteurs du Puy-de-Dôme et du Cantal sur d'autres sites.