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Rejet des éoliennes de Cézens, la justice a encore tranché

La cour administrative d’appel de Lyon vient de rejeter le recours de la société Boralex.
Est-ce le coup d’arrêt du projet de parc éolien sur Cézens ? Le mat de mesure est démonté.

Le village de Cézens avec une banderole blanche
S'il reste encore des banderoles dans le bourg, le mat de mesure à quant à lui disparu du paysage.
© B.Parret

C'est une victoire décisive pour les membres de l’association de Sauvegarde des Monts du Cantal et la municipalité de Cézens. Certes, le promoteur du projet peut encore faire un recours auprès du conseil d’État
d’ici fin janvier. Dans le cas contraire, et après deux échecs pour la société Boralex, l’arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon met probablement fin à l’installation du parc envisagé de six éoliennes. Le mat de mesure installé depuis quatre ans vient d’être démonté suite au procès-verbal d’infraction établi par le maire et le constat de gendarmerie : il était hors-délai depuis le 28 août.


Impact sur le paysage 


Devant la cour administrative d’appel de Lyon, la société Boralex attaquait la décision du préfet du Cantal en date du 6 octobre 2023 selon laquelle le parc éolien portait atteinte aux paysages du massif cantalien et de la Planèze de Cézens. Il est ainsi stipulé : “Il résulte de l’instruction que ce projet, qui se trouve à environ 12 kilomètres au sud-est du Plomb du Cantal, point culminant du massif du Cantal, en limite intérieure du parc régional des Volcans d’Auvergne, sur le plateau de Haute Planèze, se caractérise par l’introduction, dans un environnement vierge de toute artificialisation, assez dépouillé, sur des plateaux d’altitude découverts et aux abords de sites protégés, en particulier ceux N° 23LY03702 5 du massif cantalien et du Plomb du Cantal, de six éléments verticaux de 150 mètres, rompant l’horizontalité de ce vaste paysage. Ces éléments sont visibles ou co-visibles depuis plusieurs points d’observation, et en particulier depuis le Plomb du Cantal, avec un effet d’hétérogénéité induit par deux lignes d’éoliennes, depuis des sentiers de découverte, depuis le col du Renel, avec une altération des vues sur le Plomb du Cantal par effet d’écrasement, depuis de nombreuses crêtes du massif et depuis divers points du parc naturel régional de l’Aubrac, situé à 8,5 kilomètres.” Pour arriver à cette décision et en l’absence des éléments qu’aurait pu fournir une enquête publique, il a fallu aux membres de l’assoiation de Défense des Monts du Cantal et aux élus communaux se porter intervenants volontaires
pour contre-carrer les arguments du porteur de projet. Dans leur mémoire exposé par leur avocat, M e Audrey Oudoul, du barreau d’Aurillac, ils apportaient la preuve que depuis de nombreux points, le parc éolien barrerait la vue sur le plus haut sommet cantalien. 

Sept ans de combat 

C’est une victoire des gens d’ici"

Après sept années de combat, les membres de l’association de Défense des Monts du Cantal savourent leur satisfaction de cette dernière décision. Ils étaient quatre en 2017 à refuser ce projet, “un projet subi”, selon leurs termes. “C’est une victoire des gens d’ici, souligne Matthieu Hubert, président de l’association. Nous
comptons 400 adhérents, essentiellement des habitants de la commune et des communes environnantes et le soutien de nombreux élus départementaux dont certains parlementaires, ce qui veut dire qu’un projet quel qu’il soit ne peut se faire contre la volonté de la population. Pour cela, nous nous sommes sentis soutenu pour défendre notre cause.” Il aura fallu au cours des dernières années bloquer la délibération municipale autorisant l’accès aux parcelles, argumenter, défendre et ouvrir d’autres voies de développement. Car dans l’attente d’un
ultime recours (voir encadré), l’association ne veut pas en rester là. Par la mobilisation et le fonde-
ment même de la lutte, ses adhérents souhaitent participer au développement territorial et apporter l’expertise acquise durant ces dernières années. 


Et maintenant

Nous devons nous prendre en charge si nous ne voulons pas revivre une telle situation.”


“Si nous nous sommes opposés à un projet venu de l’extérieur et pas adapté aux attentes locales, nous
devons travailler à d’autres alternatives”, fait part Louis Galtier, membre du conseil d’administration. Et, Ludovic Lafont, vice-président, de compléter : “Nous devons nous prendre en charge si nous ne voulons pas revivre une telle situation.” Ce travail a déjà débuté depuis deux ans avec l’organisation de la fête du pastoralisme. Également, l’étude réalisée par les étudiants d’Agro Sup Clermont-Ferrand à la demande de l’asso-
ciation sur le pastoralisme, le tourisme, l’eau, l’énergie et le patrimoine servira de base de réflexion notamment dans l’identification du territoire et le projet Village Avenir, proposé par l’État à l’échelle de huit communes de l'ancien canton de Pierrefort.

 

Pour donner une suite, encore possible, la société Boralex peut, ou pas, déposer un recours devant
le Conseil constitutionnel. Celui-ci peut l’étudier sur la forme juridique et suivre, ou pas, l’avis de la
cour administrative d’appel de Lyon. Dernièrement, le conseil d’État a refusé le recours dans l’affaire du parc éolien de Trizac, soit de l’autre côté du massif cantalien par rapport à Cézens. “Ces positions en faveur de la préservation des paysages des monts du Cantal, et notamment celle pour Cézens qui permet d’englober le plomb du Cantal au-delà du grand site national Puy-Mary constituent désormais une jurisprudence pour défendre la richesse paysagère des monts du Cantal et de la percevoir dans son ensemble”, résume Audrey Oudoul, avocate de l’association Défense des Monts du Cantal.

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