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Quelles sont les revendications des éleveurs de viande bovine ?

Depuis l’automne, les éleveurs de bovins viande n’en finissent pas de monter au créneau pour réclamer sur bien des sujets des actes concrets aux pouvoirs publics. Logiquement, ils sont en première ligne des cortèges de la grogne agricole. Ils réclament un changement de cap rapide au Gouvernement sous peine de condamner l’élevage à une lente agonie aussi catastrophique pour l’équilibre économique, social et écologique des territoires ruraux.

Manifestation des agriculteurs dans toute la France avec tracteurs et blocage des routes pour exiger moins de normes et plus de prix
Manifestation des agriculteurs dans toute la France avec tracteurs et blocage des routes pour exiger moins de normes et plus de prix.
© Union du Cantal
  • Les prix, toujours les prix, encore les prix…

Le constat est sans appel, il manque actuellement entre 50 cts et un euro du kilo aux éleveurs pour couvrir leurs coûts de production. « Les distributeurs ne sont pas les grands chevaliers blancs du pouvoir d’achat des français. La valeur d’achat en magasin de la viande bovine en GMS c’est + 8% en 2023, alors que côté éleveurs les prix ont baissé en fin d’année. Nos estimations de revenus récentes sont tout juste au SMIC pour les éleveurs de viande bovine, autour de 16 000 euros », analyse Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et président de la Fédération nationale bovine (FNB). Face à ce décalage manifeste, les éleveurs réclament l’application pleine et entière de la loi Egalim qui garantit le respect des coûts de production des éleveurs. « Nous sommes dans un cadre réglementaire. Les courbes de marchés et des coûts de production devraient à minima être les mêmes », ajoute Cédric Mandin, éleveur en Vendée et secrétaire général de la FNB. Et d’estimer que le ministre de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire, « au lieu d’autoriser la grande distribution à faire une pression maximale sur les industriels pour faire baisser les prix, et en cascade aux industriels de presser les agriculteurs, devrait faire respecter la loi ». Si la contractualisation s’est développée ces derniers mois, notamment sur la catégorie Jeune Bovin (JB), où un quart des volumes est contractualisé, « le problème est qu’elle ne se fait pas forcément au niveau des coûts de production. Il faut rapidement que les opérateurs aillent vers les contrats aux coûts de production d’autant plus dans un contexte de baisse de la production. Tous les opérateurs ont voulu faire leur coût de production sauf que l’indicateur validé par toutes les familles de l’interprofession est le seul qui est valable. La demande que nous formulons auprès des pouvoirs publics et des opérateurs est que le seul indicateur coût de production qui s’applique soit celui de l’interprofession », précise l’éleveur vendéen.

  • Plan élevage : pas un chapeau de vendu…

« Tout est au point mort sur l’ensemble des axes promis lors du dernier Sommet de l’Elevage », insiste Patrick Bénézit. La mesure fiscale, vendue comme la mesure phare de ce plan élevage n’a pas été traduite intégralement dans le projet de loi de finances. « Elle est certes dans le projet sur le volet fiscal mais étant donné qu’elle n’est pas assortie d’un volet social, cela conduirait à augmenter les charges sociales des éleveurs. En l’état, la mesure est inapplicable et donc contre-productive », précise l’éleveur cantalien. Dans un contexte inflationniste, pour éviter que la valeur capital travail pèse sur le coût fiscal et social des agriculteurs, la FNB avec l’ensemble des associations spécialisées élevage avaient demandé la mise en place de cette mesure, qui avait été actionnée avec succès par le passé. Là encore, les éleveurs réclament aux pouvoirs publics, de rectifier le tir. 

« Soit la parole de l’Etat veut dire quelque chose, soit il y a une forme de mépris ».

  • MHE : un plan attendu depuis la Toussaint

En octobre dernier, lors du Sommet de l’Elevage, le ministre de l’Agriculture s’était engagé à accompagner les éleveurs confrontés à l’épidémie de Maladie Hémorragique Epizootique (MHE). Le ministère vient juste d’accoucher d’un plan attendu depuis la Toussaint. « Force est de constater qu’il est incomplet. Certaines pertes sont prises en charge, alors que d’autres non. Il y un sujet aussi autour des règles afférentes à la circulation des animaux. Nous demandons que l’ensemble des pertes soient prises en charges, et que le protocole actuel avec l’Italie et l’Espagne, à savoir soit animaux vaccinés ou testés (PCR) s’applique partout pour ne pas handicaper le commerce », explique Patrick Bénézit. 

  • Accords de libre-échange : le « en même temps » n’est pas tenable 

Le dossier est brûlant tant les accords de libre-échange actuellement sur la table pourrait être dramatique pour la filière bovine française. « Sur le Mercosur, on sent des ambiguïtés, des paroles qui tremblent y compris du côté de notre Gouvernement. Nous avons transmis un courrier au premier Ministre, Gabriel Attal l’invitant à porter une position extrêmement ferme de la France vis-à-vis des accords de libre-échange. Nous ne sommes contre les accords de libre-échange mais à condition qu’il existe une réciprocité des normes de production. Faire rentrer de la marchandise de l’autre bout du monde qui ne respecte aucune règle alors que parallèlement on demande toujours plus aux éleveurs français en termes de normes. C’est inacceptable ! », rappelle Patrick Bénézit. « Les éleveurs sont à bout de ce double jeu qui à terme les condamne », ajoute Cédric Mandin.

La Commission semble vouloir accélérer dans sa négociation sur le #Mercosur
Un entêtement incompréhensible qui placerait une nouvelle fois l'agriculture dans le role de financeur de l'agenda commercial européen, et ce, au détriment de toute cohérence avec le Green Deal.… https://t.co/h0EmvZSlUN

— Luc Vernet (@LucVERNET) January 24, 2024

  • Assurances et gestion des risques : le satellite toujours en rade

Aussi aboutie que soit la technologie, il est des domaines où la main, ou plutôt l’œil humain est et restera un outil précieux. 2022, vous vous souvenez de ces impressionnants épisodes de sécheresse où le satellite et son indice désormais juges de paix pour déclencher l’indemnisation des éleveurs avaient constaté des pousses d’herbe significatives alors que le thermomètre avoisinait les 40 degrés. Et bien en 2023, même si la sécheresse a été bien moins généralisée, le satellite a continué à voir de l’herbe où il n’y en avait pas, en particulier dans le Nord du Massif central. « L’indice dysfonctionne, là où il y a beaucoup d’herbe il ne l’a pas vu, et là où la sécheresse a sévit, il ne l’a pas vu non plus », explique Patrick Bénézit. Dans ce cadre, la profession a demandé au ministère de déclencher une contre-expertise basée sur un réseau de fermes de références. Problème, avec seulement 350 fermes de références, seule la moitié du territoire français est couvert. « D’une part, nous demandons au ministère, une couverture intégrale du territoire avec le nombre de fermes de références nécessaire, et d’autre part que la procédure de recours soit plus rapide et efficace. Aujourd’hui c’est le parcours du combattant », ajoute le président de la FNB. 

  • PAC : jusqu’où ira la baisse ?

A ce stade, ce que l’on sait de la Politique Agricole Commune pour les éleveurs de bovins viande c’est : – 17 €/ha pour le niveau 2 de l’éco-régime (soit quasiment pour tous), – 4 €/ha sur les DPB. « Parallèlement, nous n’avons ni le solde, ni le montant de l’aide à l’UGB. On nous annonce du moins, le ministère doit revoir sa copie », insiste Cédric Mandin. 

  • Normes : stop aux usines à gaz à Bruxelles et à Paris !

A Bruxelles, les idées fusent pour enfermer les agriculteurs dans un carcan toujours plus intenable. Mais en France aussi, à priori, il y a des velléités de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui nous nourrissent. Prenez, la directive émissions industrielles (IED), récemment discuté au Parlement européen, et bien « il a fallu compter sur l’abnégation d’un député belge et le soutien de députés européens français pour obtenir l’exclusion temporaires des bovins. Il y a des mauvaises idées qui viennent de Bruxelles, mais il y a des problèmes chez nous avec un ministre de l’Agriculture qui défendait IED », estime Patrick Bénézit. Sur les durées de transport, Bruxelles voudrait remettre le couvert là-dessus. La directive « Restauration de la nature » inquiète aussi les responsables de la FNB, car elle pourrait s’apparenter à « une règlementation contre-productive pour l’environnement ». Et pendant ce temps, « personne n’à imaginer appliquer ces normes aux viandes d’Amérique du Sud qui entrent sur le territoire européen », suggère Cédric Mandin.

  • Prairies sensibles 

Les éleveurs plaident pour un fort assouplissement du carcan des prairies sensibles.

  • Prédation

« Il est encore temps de faire un plan qui peut préserver l’élevage et non défendre le loup », souligne le président de la FNB.

La Fédération nationale bovine en congrès les 7 et 8 février à Vichy (Allier)

La Fédération nationale bovine se réunira en congrès les 7 et 8 février à Vichy dans l’Allier. Après Clermont, en 2008, Mende, en 2019, et Aurillac en 2022, ce retour dans le Massif central s’ouvrira à nouveau dans un contexte critique pour l’élevage. 

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