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Préparer son projet d’installation en agriculture

Vous souhaitez devenir agriculteur ? Pour mener à bien votre projet, des étapes sont indispensables pour réussir votre l’installation : se préparer et construire son projet puis le réaliser.

Être agriculteur aujourd’hui c’est être dirigeant d’une véritable entreprise. D’où l’importance d’anticiper et de se former pour mener à bien une création ou une reprise d’exploitation. Il faudra aussi partir à la recherche de l’endroit où vous souhaitez vous installer, déterminer la production que vous envisagez et sous quelle forme vous comptez l’exploiter, seul ou avec des associés. Des aspects développés dans les pages qui suivent pour vous conseiller à travers des exemples de reprises ou des exploitations à céder mais aussi les aides auxquelles vous pouvez prétendre.

S’installer en Montagne bourbonnaise

Transmission > Aujourd’hui, reprendre une exploitation agricole représente un investissement conséquent. Le département de l’Allierse compose de plusieurs régions aux potentiels agricoles très variés, avec des offres de reprises tout aussi multiples.

La Grange Thevenet et le Cluzel, deux lieux-dits situés sur la commune d’Arfeuilles, en plein cœur de la Montagne bourbonnaise, forment une exploitation à taille humaine. La famille Taillardat en exploite les terres depuis plusieurs générations. Aujourd’hui c’est Roland qui en a la charge. Après l’obtention, en 1977, d’un BTA au lycée agricole de Roanne-Chervé, dans la Loire, Roland a tout d’abord été aide familial sur la ferme de ses parents et s’est finalement installé au début des années 1980. Depuis une vingtaine d’année, sa compagne l’a rejoint comme conjointe collaboratrice.

Une exploitation à taille humaine

Une exploitation dédiée à l’élevage de vaches charolaise que Roland Taillardat a développé, au fil des années, tant au niveau de la surface, des bâtiments que de la génétique : « Au départ, à mon installation, je n’avais à ma disposition qu’une surface de 24 hectares. Aujourd’hui la SAU est de 98 hectares, tout en herbe, sur laquelle j’élève mes 120 vaches inscrites au HBC ». 45 hectares sont en pleine propriété avec sa sœur. Le reste des terres est en fermage.

Roland a aussi équipé les deux sites de bâtiments fonctionnels : « A la Grange Thevenet, c’est une stabulation de 600 m2 et deux tunnels de 180 m2 chacun. L’un est équipé de cornadis et l’autre est dévolu au stockage des fourrages. Au Cluzel, en plus de la vieille grange en pierre, mes parents ont construit un autre bâtiment attenant et j’en ai également construit un autre de 150 m2. Au total, l’exploitation dispose d’une surface couverte d’environ 900 m2 ».

Partir à la retraite, serein, et dans une autre région

En fin d’année, Roland Taillardat fêtera ses 62 ans. Avec son  épouse, il souhaite passer la main et ont pour projet de quitter la région. Une décision mûrement réfléchie qui les a conduits à passer les premières annonces, il y a environ un an, pour trouver un repreneur pour leur exploitation : « Nous souhaitons progressivement lever le pied et profiter de la retraite dans une autre région française. Nous avons passé une première annonce juste après la récolte des foins en juillet 2019 ». La Chambre d’agriculture de l’Allier a également relayé l’annonce : « un technicien est venu à deux reprises pour estimer la valeur patrimonial et la viabilité économique de notre exploitation. Après avoir établi le bilan, une annonce a été mise en ligne sur le site internet de la Chambre d’agriculture en septembre dernier ».

Une région à laquelle s’adapter

La Montagne bourbonnaise peut paraître, à premier abord, une région au relief accidenté, où s’installer en agriculture semble plus compliqué. Pour Roland, c’est aussi un territoire sur lequel de formidables opportunités peuvent apparaître : « La Montagne bourbonnaise n’apparaît pas forcément très attractive pour un jeune agriculteur extérieur à cette partie de l’Allier. Il vrai, qu’en effet, l’entretien des parcelles demande plus d’attention mais, à mon sens, les exploitations du type de la mienne, de tailles beaucoup plus mesurées que d’autres que l’on observe dans notre département, sont idéales pour pratiquer une autre agriculture, à échelle humaine, dont la production peut être destinée à la vente directe ». Roland précise également que « les broutards se vendent tout aussi chers qu’ailleurs ! ».

L’une des fermes vendue

Une situation qui a d’ores et déjà séduit une jeune infirmière qui souhaite se reconvertir progressivement dans l’élevage de chevaux et qui vient de faire une promesse d’achat, avec l’une de ses sœurs, pour la ferme de la Grange Thevenet.

Le domaine de Cluzel reste encore à acquérir ainsi que les bâtiments et les terres. Le couple Taillardat espère réaliser cette vente d’ici à la fin de l’année. En attendant, Roland vend progressivement son cheptel à d’autres éleveurs de la région.

Plus d’infos : 06 98 90 23 68.

Sébastien Joly

L’Allier, une terre prisée par les Anglais !

Reprise > L’Allier est un département qui, depuis quelques décennies, attire les étrangers issus des pays européens. C’est à Autry-Issards qu’un couple d’Anglais s’est installé pour exercer le métier d’éleveurs. Ils souhaitent désormais rejoindre leur pays d’origine et recherchent un repreneur pour leur exploitation.

Kate et Glenn Pude sont arrivés en France en 2004 accompagnés de leurs deux enfants. D’origine anglaise, du sud du Royaume-Uni, ils avaient choisi la France pour des raisons bien précises : « Nous voulions exercer une activité agricole. Les prix des exploitations, en Angleterre, sont bien trop élevés, loin d’être à la portée de notre budget. De plus, la France propose un statut de jeune agriculteur permettant d’obtenir des prêts bancaires avantageux et des aides à l’installation qui n’existent pas chez nous. Le système de santé mais aussi les possibilités offertes pour l’éducation de nos enfants en France nous ont définitivement convaincus. Une véritable chance pour nos enfants et nous ».

Des prix de vente abordables en Allier

Dans un premier temps, le couple souhaitait s’installer dans l’ouest de la France, où, une majorité de leurs compatriotes était déjà présente. Malheureusement, après plusieurs mois de recherche, ils n’avaient pas pu trouver d’exploitation correspondant à leur budget. Kate et Glenn se sont finalement dirigés vers une agence spécialisée dans les transactions de propriétés françaises vers des clients hollandais et anglais. Une démarche qui s’est avérée payante dans les semaines qui ont suivi.

C’est finalement au nord de l’Auvergne, dans le département de l’Allier, que le jeune couple a trouvé la ferme idéale pour développer son activité d’élevage. Un soulagement pour Kate : « Nous n’avions jamais entendu parlé de l’Auvergne et encore moins du Bourbonnais ! Nous nous sommes rendus sur place et nous sommes véritablement tombés amoureux de la région. Nous ne nous sommes pas sentis dépaysés car il y a une véritable ressemblance avec le sud de l’Angleterre ».

Tombés sous le charme, Kate et Glenn Pude s’installent au cours de l’année 2004 et achètent la propriété de Pérenchamp, située sur la commune d’Autry-Issards. Une propriété composée de terres, de bâtiments, d’une maison d’habitation et d’un cheptel de vaches charolaises. Ils sont installés sur les lieux depuis maintenant seize ans.

Des exploitations aux productions diversifiées

L’exploitation agricole s’étend désormais sur soixante-dix hectares en propriété et quatre-vingt en fermage. La totalité de la SAU est en prairies permanentes. Le cheptel se compose de deux cents brebis allaitantes et de cinquante vaches charolaises. Kate et Glenn Pude ont aussi ajouté une petite touche d’exotisme : «  Nous élevons aussi dix vaches de race Dexter, une race irlandaise naine, élevées pour la viande et la reproduction. Nous avons importé les premiers reproducteurs d’Angleterre et nous avons développé l’élevage. C’est un marché de niche ». Deux ans après leur installation, en 2006, Kate et Glenn se sont lancés dans la vente directe en commercialisant la viande de cette race étonnante, très peu connue, aux qualités reconnues : « C’est une viande très filée, goûteuse et tendre. Nos animaux sont abattus et préparés à la Sicaba et conditionnés sous forme de caissettes. Nous ne travaillons que sur commande ». Les broutards sont vendus à neuf mois et les brebis, à 40kg, sous l’étiquette Label Rouge, également auprès de la Sicaba.

Retour vers l’Angleterre

Après seize ans de vie professionnelle en France, Kate et Glenn Pude ont décidé de reprendre le chemin de leur pays natal. Une décision mûrement réfléchie dont ils s’expliquent : « Avec mon mari, nous avons décidé d’arrêter notre activité d’agriculteurs en France. Nos enfants ont grandi et ils souhaitent poursuivre leurs études en Angleterre. L’une de nos filles est déjà sur place et, la seconde, est inscrite pour la rentrée de septembre. Jusqu’à maintenant nos parents faisaient le voyage, chaque année, pour nous revoir. Ils sont désormais trop âgés pour faire le voyage. C’est la deuxième raison qui nous pousse à rejoindre l’Angleterre ».

Kate et Glenn ont donc décidé de vendre l’ensemble des biens de leur exploitation bourbonnaise. Outre les annonces sur des sites spécialisés et auprès d’agences spécialisées, ils se sont rapprochés de la Chambre d’agriculture de l’Allier, l’été dernier. La Chambre qui les accompagne dans la cession de la ferme.

Depuis, ils reçoivent quelques potentiels acheteurs : « Les visites arrivent progressivement. Le problème ce sont les banques qui ne suivent pas forcément les jeunes qui souhaitent s’installer. Par contre, nous avons aussi des agriculteurs qui souhaitent agrandir leurs terres et augmenter leur cheptel, mais, à ce jour, nous n’avons pas encore trouvé d’acquéreur ». Une vente qui a été aussi perturbée par la crise sanitaire liée à la covid-19.

Si les terres et les bâtiments restent à vendre, le cheptel de brebis et de vaches dexter est déjà vendu. Kate précise qu’il peut y avoir plusieurs acheteurs car le cheptel charolais et le matériel peuvent être vendus à part. Les bâtiments et une vingtaine d’hectares autour peuvent aussi constituer un autre lot. Un des attraits supplémentaires de la propriété est le gîte, en cours de restauration et d’aménagement, dans l’ancienne maison de la ferme. N’oublions pas non plus la maison d’habitation, récente, construite dans les années 1980.

Kate et Glenn, s’ils regretteront sans aucun doute le Bourbonnais, misent beaucoup sur la vente de la propriété pour pouvoir rejoindre l’autre rive de la Manche et s’installer à nouveau dans l’agriculture mais, cette fois-ci, avec un petit élevage d’animaux de niches et avec une activité complémentaire à travers la gestion d’un gîte par exemple.

Plus d’infos : kate.pude@gmail.com

Sébastien Joly

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