Pourquoi l’Adapei reprend la ferme pédagogique de Daudé à Omps ?
Handicap - Face aux difficultés économiques et de recrutement, les Pep 15 et la communauté de communes cèdent la ferme de Daudé à l’Adapei qui y accueillira divers publics, dont les résidents de Cueilhes.
Handicap - Face aux difficultés économiques et de recrutement, les Pep 15 et la communauté de communes cèdent la ferme de Daudé à l’Adapei qui y accueillira divers publics, dont les résidents de Cueilhes.
500 000 euros pour le site 18 ha
La ferme pédagogique de Daudé a changé de mains. Après trois années de gestion par les Pep 15 (Pupilles de l'enseignement public), l’Adapei du Cantal a acquis le site de 18 ha et tous ses bâtiments pour 500 000 €, une décision validée le 23 octobre. “Je désespérais que la ferme pédagogique soit à l’abandon”, confie Jean-Luc Loison, maire d’Omps, soulagé par cette reprise. Paul Dupeyron, président des Pep 15, n’a pas caché les problèmes rencontrés : “Nous avons eu de plus en plus de problèmes pour trouver des personnes qui s’investissent.” Entre les classes de découverte qui n’ont pas trouvé preneur et les difficultés de recrutement, l’association a dû abandonner malgré un bail jusqu’en 2027. Et de remercier l’Adapei et la com com pour leur bienveillance dans les négociations. Pour Cyril Chouvelon, directeur général de l’Adapei du Cantal, cette acquisition s’inscrit dans la continuité de la reprise, en janvier 2025, de la Maison d’accueil spécialisée (Mas) de Cueilhes. L’association bénéficie d’un loyer gratuit jusqu’au 31 décembre 2030 maximum, mais libérera les lieux rapidement, l’actuel propriétaire, l’hôpital d’Aurillac, étant pressé de s’en séparer. D’où l’intérêt pour Daudé, dont le cadre naturel correspond au projet d’accompagnement par l’animal pour les 30 résidents.
Esprit de village
“Ce lieu restera un lieu de vie comme il a été pensé, parce qu’on partage les mêmes valeurs”, promet le directeur, évoquant les créateurs initiaux, Christophe Puech et Sandrine Merle. Le projet prévoit de conserver la grange principale pour l’accueil de groupes et de séjours, en y ajoutant une offre de répit pour les aidants. “Il y a un Français sur deux qui est aidant”, rappelle Cyril Chouvelon, qui dirige également les Cités cantaliennes de l’automne, reprises par l’Adapei et l’ACSL’AAH. La bergerie accueillera la future Mas avec plus de 45 professionnels. Une unité résidentielle autisme de 6 places pourrait également voir le jour, nécessitant 25 autres équivalents temps plein. La maison du gardien sera dédiée aux week-ends d’accueil des enfants de l’Ase (Sauvegarde de l’enfance), grâce à un partenariat conservé avec les Pep 15.
Christian Montin, vice-président de la communauté de communes et initiateur du projet initial, se réjouit : “Vous nous avez proposé un projet qui perpétue l’esprit de cette maison.” Michel Teyssedou, président de la Châtaigneraie cantalienne, salue cette “deuxième fois que nous faisons un pas important ensemble”, après la reprise du Campus du Vallon de Maurs également par l’Adapei. Son président, Alain Costes, résume l’ambition : “Le handicap, si on reste figé dedans, on est bloqué sur soi-même, alors que ça permet de s’ouvrir sur les autres.” La ferme restera un lieu ouvert à tous, notamment via des chemins piétonniers de balades et des événements culturels grand public, fidèle à son esprit inclusif.
Un site, trois vies, un même esprit
Avant l’Adapei, la ferme pédagogique de Daudé a connu une histoire riche, portée par des personnalités engagées. Une genèse qui démarre au début des années 2000. “Ça a commencé à la demande de Christophe et de Sandrine Puech”, se souvient Christian Montin, ancien président de Cère et Rance. Le couple d’éducateurs spécialisés cherchait un lieu pour installer son projet de ferme pédagogique. “Il nous a semblé qu’il y avait une âme derrière ce projet”, explique l’élu. Quand la ferme de Daudé, propriété de M. Cuminge, est mise en vente, l’intercommunalité saisit l’opportunité. Avec le cabinet d’architecte Simon Teyssou et Émilie Bernard, l’ancienne exploitation se transforme en espace d’accueil moderne. La ferme ouvre en 2009. Pendant plus d’une décennie, Christophe Puech et Sandrine Merle accueillent classes de découverte et séjours pour personnes handicapées, développant l’accompagnement par l’animal. “Ils avaient tellement de force et de conviction qu’ils ont surmonté beaucoup d’obstacles”, témoigne Christian
Montin, jusqu’à ce qu’ils décident de passer la main fin 2022. Les Pep 15 reprennent la gestion, mais se heurtent aux difficultés. “Les classes de découverte n’ont pas trouvé leur public”, regrette Paul Dupeyron, tandis que le turn-over du personnel s’aggrave. Après un premier directeur décevant, puis un couple qui ne reste pas, l’année 2025 marque un point de rupture. Pour Christian Montin, la reprise par l’Adapei apporte la sérénité : “Quand on sait votre savoir-faire, on est optimiste pour l’avenir.” Michel Teyssedou conclut avec cette formule canadienne : “Ce ne sont pas des personnes handicapées que vous accueillez, ce sont des personnes exceptionnelles.”