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"Pour être défendu, il faut un collectif"

L'Association des producteurs indépendants de viande de Haute-Loire a dressé le bilan de ses activités à l'occasion de son assemblée générale le 1er avril dernier à Chaspuzac. Après les rapports des sections ovine, bovine et équine, les responsables se sont penchés sur l'avenir des associations d'éleveurs.

Comme toutes les associations d’éleveurs ou OPNC (Organisation de Producteurs Non Commerciale), l’APIV est inquiète pour son avenir. La principale menace se nomme LMA, Loi de Modernisation de l’Agriculture, une loi encore à l’état de projet à ce jour. Face à ce danger, l’APIV n’est pas restée inactive ; elle a notamment pris part au combat lancé dans le cadre de son réseau national ELVEA France présidé par Jean-Pierre Duclos (voir encadré ci-dessous). Ce responsable national a participé aux travaux de l’assemblée générale de l’APIV le 1er avril dernier à Chaspuzac.

«Vos structures sont importantes»

Bien que sa situation financière se soit améliorée (avec un résultat de - 5754 euros en 2009 contre - 13858 euros en 2008), l’APIV reste fragile sur le plan financier. Les financements extérieurs ayant fortement diminué ces dernières années, l’association ne peut de surcroît compter sur les cotisations de ses membres qui, d’après la présidente Evelyne Boulet, n’ont pas suffisamment évolué à la hausse ces dernières années. Les difficultés financières sont fréquentes chez les associations et ce problème récurrent inquiète Jean-Pierre Duclos : «Vos structures sont importantes, car elles donnent le droit à la liberté dans le choix du mode de commercialisation des animaux. Grâce à elle, le tissu rural fontionne correctement. Les coopératives ont la chance d’être tirées vers le haut (NDLR : du point de vue financier) par les coopératives céréalières qui apportent beaucoup de capitaux. De notre côté, nous fonctionnons avec des cotisations volontaires.
Aujourd’hui, pour être défendu, il faut un collectif. Alors, si vous voulez être reconnus, il faut avoir une puissance de feu et pour nous, ce sont les cotisations. Si l’on veut être défendu, il faut augmenter les cotisations. Aux adhérents à présent de faire des efforts ; la liberté a un prix !».

Erosion des adhérents

L’APIV constate une progressive érosion du nombre de ses adhérents que la présidente explique par la diminution globale du nombre d’agriculteurs et le non renouvellement d’adhésion. «Cependant l’année 2010 devrait inverser cette tendance notamment sur la section ovine du fait de la mise en place de la contractualisation» précise Evelyne Boulet.
Les responsables de chaque section animale du collège éleveurs ont procédé à la présentation de leur bilan d’activité.

Bovin : référencements Non OGM pour crédibiliser la filière

Pour la section bovine, Didier Hugoni a noté la stabilité de la production globale française, la baisse des prix en particulier pour les femelles et le maintien de la consommation pour 2009 avec l’annonce d’une baisse de 2% pour 2010. La section observe une stagnation du nombre d’élevages engagés en Non OGM ainsi que dans la charte des Bonnes Pratiques.
En 2009, les référencements des élevages en Non OGM pour le compte d’exportateurs a démarré : «une charge de travail importante» selon Didier Hugoni «néanmoins, ils permettent de crédibiliser la filière et sont source de prospection d’adhérents».

Ovins : stabilité des prix

En ovin, André Barthélémy, signale une certaine stabilité sur les prix de vente 2009 des agneaux (moyenne des prix obtenus par les adhérents APIV sur le marché de Saugues : 2,79 euros/kg).
Le marché de Saugues affiche une baisse de 5476 agneaux vendus par rapport à 2008 ; André Barthélémy explique  cette évolution par la regression du nombre d’exploitations détenant de petites quantités d’ovins, peu de reprise d’exploitation ou abandon de production ovine ou encore le  changement de pratiques de vente.
L’APIV poursuit la qualification d’élevage en CCP Agneau Saveur et en Label Rouge Agneau Laiton. L’association a par ailleurs lancé une réflexion sur la valoration de la viande de ses adhérents dans le département via les filières courtes. «La section a encore beaucoup de travail à accomplir (identification éléctronique, contractualisation…). Les perspectives sont bien réelles dans cette production. Il est possible d’obtenir une valorisation de sa production si l’on s’investit dans les démarches de qualité… D’autre part, le bilan de santé de la PAC va nous apporter un petit ballon d’oxygène ; aujourd’hui je suis confiant».

Une section équine menacée

Yves Jouve, s’est quant à lui montré beaucoup moins optimiste pour sa section équine qui vient de vivre une année catastrophique. Avec la myopathie qui a  durement frappé les élevages, les cours de la viande au plus bas, la section a vu le nombre de ses adhérents baisser.
Pour Yves Jouve, l’avenir ne se présente pas mieux, «les éleveurs équins payent l’équarissage au tarif plein et en 2011, l’aide à l’allotement des poulains lourds ne passera plus par l’APIV ; l’avenir de cette section est compromise».
Le président du collège acheteurs, Pierre Fayolle a tenu à rappelé l’importance du marché de Saugues «car tous les éleveurs ne pourront s’engager dans la démarche Label Rouge». «Nous devons également conserver nos abattoirs» a-t-il ajouté.
En bovin, Pierre Fayolle a constaté l’amélioration du troupeau bovin de la Haute-Loire : «Notre production prend de l’ampleur».
«Cette année les entreprises de négoce ont souffert et aucune n’a fait de défection. Pourtant nous sommes ignorés et la nouvelle organisation agricole (LMA) que l’on veut mettre en place fonctionne contre nous, mais nous allons nous adapter !».

Les associations d'éleveurs sont en sursis

Le président de ELVEA France (Eleveurs et acheteurs associés), Jean-Pierre Duclos est intervenu sur l’avenir du négoce privé.
Chiffres à l’appui, ce responsable national a démontré que le commerce privé est incontournable : «La France rassemble 180 000 éleveurs bovins dont 65 000 adhèrent à Coop de France, 25 000  adhèrent à des OPNC et le reste sont des indépendants. La commercialisation de l’ensemble des produits agricoles est réalisée à 60% par le biais d’entreprises privées et 40% par la coopération. Dans le domaine «bétail et viande», la commercialisation sur le marché intérieur est réalisée à 70% par des entreprises privés, et à 75% à l’export».
La LMA met sérieusement en danger les OPNC telles que l’APIV. Le projet de loi initial a fait bondir les associations d’éleveurs en particulier «l’obligation du transfert de propriété» pour la reconnaissance des organisations de producteurs et une «orientation des soutiens publics vers les seules organisations commerciales».
Face à cette menace, ELVEA France, FNB, FNIGCV, FMBV, FNB et FFCB ont rédigé une lettre commune au ministre de l’Agriculture en vue de faire retirer ces éléments de la future loi. Mission réussie pour ces structures puisque désormais une clause permet le retrait de l’obligation de transfert de propriété.
Toutefois, l’épée de Damoclès est toujours là puisque la LMA prévoit une analyse du rôle des OP d’ici 2013 ; une analyse qui pourrait conduire à un décret qui précisera les conditions de reconnaissance des OP au sein desquelles le transfert de propriété pourrait être intégré.
Si les OPNC disparaissaient, les éleveurs pourraient être exclus du dispositif d’éventuel soutien dans le cadre de la PAC après 2013. A présent, il faut donc continuer à se fédérer et à se mobiliser pour la reconnaissance des associations d’éleveurs. Je crois que les deux systèmes (OPNC et OPC) sont souhaitables.

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