Place du Mercosur dans le commerce mondial
La commission de Bruxelles a décidé de relancer les négociations commerciales entre le Mercosur et l'Union Européenne. C'est le sommet UE-Amérique latine-Caraïbes des 18 et 19 mai 2010 à Madrid (Espagne) qui a été choisi pour lancer cette initiative.

C’est donc décidé. Sous l’impulsion de José Manuel Barroso, son président portugais, la Commission de Bruxelles a décidé, début mai, de relancer les négociations entre le Mercosur et l’Union européenne (UE27), sous présidence espagnole. Cette dernière avait annoncé, dès avant son entrée en fonction, qu’elle ferait de la relance de ces négociations un axe important de sa politique. Ce n’est donc pas une surprise. C’est le cadre du sommet UE-Amérique latine-Caraïbes, des 18 et 19 mai 2010 à Madrid (Espagne), qui a été choisi pour cette initiative.
Le Mercosur, c’est d’abord quatre pays membres (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). Ensuite, on compte un pays en cours de le devenir, le Venezuela, et cinq pays associés (Bolivie, Chili, Colombie, Équateur et Pérou). Les pays membres représentent un marché de 241 millions de consommateurs dont 192 millions au Brésil, pays en pointe en matière de croissance économique depuis quelques années. Globalement, l’UE exportait pour 24,2 milliards d’euros de biens en 2000 vers ces pays membres et pour 27,4 milliards d’euros en 2009, soit une hausse de 12,43 %. En revanche, le rythme des importations en provenance du Mercosur a suivi une courbe beaucoup plus accentuée : de 24,85 milliards d’euros, on est passé à 35,11 milliards, soit un bond de 41,28 %. Le solde commercial entre les deux zones, quasi équilibré au début de ce siècle, est devenu franchement négatif pour l’UE dix ans plus tard.
Poids agricole du Mercosur
En Argentine, l’agriculture représentait 8,4 % du PIB en 2006 contre 9 % en 1988. Au Brésil, ce secteur a été divisé en deux sur la même période, passant de 10,1 % à 5,1 %. Au Paraguay, l’agriculture pèse encore lourd dans la totalité de la richesse nationale créée : 21 % en 2006 (29,6 % en 1988). Quant à l’Uruguay, ce secteur comptait pour 9,2 % du PIB en 2006 contre 12 % en 1988. Côté production, le Brésil est numéro 1 mondial pour ce qui concerne le café, la canne à sucre, les oranges et les bovins (la France est 14e producteur mondial). Il est le troisième producteur mondial de maïs (France = 7e), quatrième producteur de bois (France = 13e) et cinquième producteur de cacao et de coton. Le pays du président Lula est également 3e producteur de la planète pour le secteur porcin (France = 11e). L’Argentine se classe au cinquième rang mondial pour ce qui est de la production de maïs et de vin (France = 1er pour le vin) et comme 5e producteur pour le secteur bovin. Le Paraguay pointe à la 10e place pour la production de cacao alors qu’on retrouve l’Uruguay à la 23e place pour les bovins et à la 26e place pour les ovins avec 10,5 millions de têtes (France = 8,3 millions de têtes).
Import/Export
La question des exportations en provenance des pays membres du Mercosur est devenue cruciale aujourd’hui. En 2008, l’Argentine a exporté pour 7 milliards d’euros d’aliments et d’animaux vers l’UE et pour 760 millions d’euros d’huiles et de matières grasses. Ces deux postes représentent 75 % des exportations totales de ce pays. La même année, le Brésil a expédié pour 8,5 milliards d’euros d’aliments et animaux vers l’UE, soit 25 % des exportations totales du pays vers la zone européenne. Les chiffres sont moins importants pour les deux autres membres du Mercosur mais il convient de noter cependant que les exportations d’origine agricole de l’Uruguay (514 millions d’euros) vers l’UE comptent pour la moitié environ des exportations totales de ce pays vers l’UE. Le dynamisme commercial des pays membres du Mercosur fait, qu’aujourd’hui, l’Argentine est le troisième partenaire commercial de l’UE en matière de produits agricoles. C’est le Brésil qui occupe la première place dans ce domaine. Pour bien comprendre l’importance du commerce agricole entre les deux zones, il suffit de savoir que l’Argentine n’apparaît qu’au 31e rang des partenaires de l’UE pour ce qui concerne la totalité des échanges commerciaux alors que le Brésil pointe seulement à la 9e place.
Les négociations des 18 et 19 mai.
Les négociations commerciales entre Amérique latine et Europe relancées les 18 et 19 mai sont loin de faire l’unanimité. Comme au niveau de l’OMC pour les négociations à l’échelon mondial, le volet agricole fait fortement débat, et pas seulement en France. La semaine qui a précédé le sommet UE-Amérique latine-Caraïbes a vu la signature, par une dizaine de pays membres dont la France bien sûr, d’un texte qui exprimait leur opposition à la reprise des négociations. Depuis, les 10 ont été rejoints par cinq autres membres de l’UE. L’enjeu ? Selon Bruno Le Maire, abaisser ou supprimer certains tarifs douaniers sur les produits agricoles en provenance d’Amérique latine signifierait un bond de 70 % des importations européennes dans le secteur du bœuf et de 25 % pour la volaille. Le ministre italien de l’Agriculture a fait savoir qu’on ne pouvait pas demander, en même temps, une révision à la baisse des soutiens à l’agriculture dans le cadre de la PAC et une baisse des tarifs douaniers. L’Irlande a exprimé des doutes sur le niveau de qualité des viandes de bœufs extra-communautaires. Les agriculteurs espagnols ont rendu public une lettre destinée à leur ministre de tutelle, faisant valoir qu’un accord de libre-échange entre Mercosur et UE aboutirait à plus de 5 milliards d’euros de pertes et à des milliers de suppressions d’emplois.
Repères
• 26 mars 1991 : le traité d’Asuncion (Paraguay), signé par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay crée le Mercosur ou Mercado comun del Sur en espagnol, Mercosul ou Mercado comum do sul en portugais. Il s’agit donc du Marché commun du Sud, une communauté économique et de coopération entre les quatre pays signataires.
• 1996 à 2004 : la Bolivie, le Chili, le Pérou, la Colombie et l’Équateur deviennent pays associés au Mercosur.
• 1999 : début de négociations commerciales entre le Mercosur et l’UE.
• octobre 2004 : suspension des négociations et poursuite de discussions informelles et techniques en attendant « une plus grande clarté » concernant les négociations du cycle de Doha (OMC).
• 2006 : le Venezuela a demandé à devenir membre du Mercosur.
• 2010 : reprise de négociations à l’initiative de la Commission de Bruxelles et sous la présidence espagnole de l’UE.