Aller au contenu principal

Passer au bio en allaitant : “Pour nous rien d’insurmontable !”

Vincent Delrieu et son cousin Géraud arrivent au terme de leur phase de conversion. Une étape abordée avec sérénité par ces éleveurs de salers à Polminhac.

Lise Fabriès (Bio 15et Chambre d’agriculture) a accompagné le Gaec Delrieu dans son projet de conversion.
Lise Fabriès (Bio 15et Chambre d’agriculture) a accompagné le Gaec Delrieu dans son projet de conversion.
© P.O.

En 2014, le Cantal a enregistré 7 conversions à l’agriculture biologique ; en 2015 le chiffre faisait plus que tripler (30), et doublait de nouveau en 2016 (60), portant à 250 le nombre d’exploitations en bio dans le département, soit 4,8 % de la SAU. Encore une goutte d’eau pour l’élevage cantalien, bien loin derrière les voisins rhônalpins. Pourtant, comme le Gaec Delrieu de Polminhac, il ne manque souvent pas grand-chose aux systèmes en place pour répondre au cahier des charges du bio. “C’est vrai que par rapport à l’existant de 2015, on n’a quasiment rien changé, on a fait quelques adaptations mais rien d’insurmontable”, constatent Vincent et Géraud, cousins associés avec leurs pères respectifs, et qui font partie du contingent d’éleveurs allaitants ayant sauté le pas du bio en 2015.

“Un choix économique”

Il faut dire qu’avec 200 hectares de SAU (tout en prairies permanentes) répartis sur plusieurs sites et 175 mères salers croisées charolais, le Gaec dispose d’une bonne autonomie fourragère hors année de sécheresse et/ou de pullulation de rats, n’achetant qu’un peu de complément pour les veaux. “On a aussi bénéficié de l’expérience d’un cousin en bio depuis longtemps. Notre choix a été avant tout économique et puis, on n’était déjà pas loin du bio, expose Vincent. Depuis sept-huit ans déjà, on ne mettait pas d’engrais.” Côté sanitaire, les mères sont vaccinées contre la BVD, les veaux contre la grippe et l’entérotoxemie, et les vêlages d’automne au pré limitent nettement les risques. Objectif pour les cousins qui, dans quelques semaines, arriveront au terme de la phase de conversion : tirer à terme le même revenu avec des broutards de 6 mois bio qu’avec ceux qu’ils font partir à 9 mois en conventionnel pour l’Italie. “Le différentiel de valorisation est de l’ordre de 150 € par tête”, indique Géraud.

Mieux valoriser les veaux à 6 mois

Le Gaec a pris des contacts avec des opérateurs dont la Sicaba qui a mis en place une filière sur du veau jeune bio, rosé de 6-8 mois. Une production exigeante qui suppose d’être irréprochable sur la qualité, la couleur et l’état d’engraissement. “Rien n’est encore fait. On étudie la question sachant que tous nos veaux ne partiront pas là. On va tester sur un lot de 3-4 animaux cette année et si ça passe, on continuera.” Sachant aussi qu’en viande bovine, les filières bios sont demandeuses de génisses grasses et vaches de réforme engraissées. “Jusqu’à présent, on n’engraisse pas d’animaux adultes. Ce sera une piste à étudier mais on ne peut pas tout changer d’un coup”, sourit Vincent. En attendant, ce sont les aides à la conversion et au maintien(1) qui vont permettre d’absorber le surcoût lié à l’alimentation certifiée bio (+ 150 €/t de concentré pour les veaux). D’où l’idée de les vendre plus jeunes. Le Gaec, qui recourt à 100 % de monte naturelle pour la reproduction, doit aussi pourvoir à un renouvellement extérieur : “Du fait du bio, jusqu’en 2018, tout le renouvellement(2) va être acheté avec les difficultés à trouver des génisses bios”, relève Vincent Delrieu qui a choisi de s’impliquer au sein de l’association Bio 15 pour l’accompagnement dans les démarches administratives et la phase de conversion, “mais aussi pour échanger entre producteurs bios.”

 

(1) Aides à la conversion (5 ans) : 130 €/ha prairies temporaires et naturelles, 300 € pour les cultures annuelles et PT à base de légumineuses ; plafond de 12 000 €/associé. Maintien : 90 €/ha pour les PT et PN, 160 € cultures annuelles et PT avec légumineuses (plafond 8 000 €/associé). Pour les éleveurs éligibles aux aides à la vache allaitante : obligation de commercialiser 50 % des animaux en filière bio. (2) 10 % d’animaux conventionnels autorisés pour le renouvellement en AB.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Les plus lus

Pour les producteurs de lait, l'interprofession doit être une instance de dialogue  sur tous les sujets.
« Les industriels veulent-ils encore faire tourner leur usine avec du lait français ? »

Après la démission du président du Cniel, et alors que les producteurs de la zone Alpes Massif central alertaient depuis…

Nicolas Peny (au centre) a ouvert les portes de son exploitation aux agents de l'OFB en formation.
Les agents de l'OFB ont désormais l'obligation de se former à la découverte de l'agriculture

Une quinzaine d'agents de l'OFB AuRA a suivi une formation de trois jours pour en apprendre davantage sur le monde agricole,…

Deux hommes et une femme devant le panneau de l'hostellerie
La famille Rouchet redonne vie à Curebourse

Bien implantés à Aurillac, Mickaël et Audrey Rouchet ont racheté l’hostellerie Saint-Clément, avec l’ambition d’y accueillir…

Une attaque de loup sur brebis et agneau, le 24 octobre dernier à la Tour d’Auvergne, a été confirmée par l’OFB
Une première attaque de loup dans le Puy-de-Dôme

En octobre, 4 nouveaux signalements de constats de prédation avec suspicion de loup ont fait l'objet d'expertise par le…

L'alimentation animale, la clé de performance productive des animaux

Une alimentation adaptée et une gestion optimisée des fourrages participent à garantir les performances du troupeau laitier et…

En présence d’Emmanuel Ferrand, conseiller régional, délégué au fonds Feader, Ludivine et Pierre Lot ont présenté leur exploitation agricole.
Garantir des prêts à l'installation en agriculture, c'est possible en Auvergne-Rhône-Alpes

Ludivine Lot s'est installée aux côtés de son conjoint, Pierre au Breuil dans l'Allier grâce notamment au fonds de garantie…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière