Paris-Aurillac : le train de nuit reprend du service, après 20 ans de sommeil
Premiers départs vendredi soir, dans un sens comme dans l'autre : le train de nuit redémarre tous les week-ends et durant les vacances, en attendant une rotation quotidienne en 2025.
D ouze heures pour faire Paris-Aurillac. Oui, mais sans perdre une journée, pas même une demi-journée. Et avec le confort d'embarquer et d'arriver directement en centre-ville, à un tarif très raisonnable. Voilà la raison d'être du train de nuit entre la préfecture du Cantal et la capitale. Et si une pause de quelques cinq heures en gare de Brive explique le temps nécessaire pour ce voyage, SNCF pose la question : "Si les voyageurs arrivaient à trois heures du matin, que feraient-ils ?" Là, ils se reposent. Ils dorment, en couchette seconde ou première classe, ou même classe business et arrivent à une heure décente pour entamer la journée.
"C'est une alternative pratique et bien moins chère que l'avion", admettent Jacques et son épouse Marguerite en descendant ce lundi 11 décembre du train de nuit qui les a conduit à Aurillac, après un week-end parisien. "Les moments où l'on reste éveillé sont finalement très courts ; du coup, le temps de trajet ne paraît pas si long." Vingt ans après son arrêt - le 31 août 2003 - voici donc la ligne nocturne de nouveau sur les rails. Ce train de 151 places circule du vendredi soir au lundi matin toute l'année, ainsi que durant les vacances scolaires, de la zone A (celle du Cantal) comme de la zone C (celle de Paris). Le ministère des transports relève que ce sont 200 nuits par an qui seront desservies en 2024. Promesse est faite d'une rotation quotidienne dès 2025. Un courrier de Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, adressé aux parlementaires en donne l'assurance.
Un week-end dans le Cantal
"Ce retour est un moment historique", estime Pierre Mathonier, maire d'Aurillac ; il se souvient l'avoir emprunté bien souvent au début des années 80, à une époque où "cette liaison faisait partie de l'ADN des Aurillacois". Il n'y a pas que du côté de la cité géraldienne que l'on se réjouit : Huguette Tiegna, députée de la 2e circonscription du Lot, présente en gare d'Aurillac à l'arrivée du train, sait combien la ligne est appréciée aussi des habitants de
Bretenoux et de Saint-Denis-lès-Martel où le convoi fait une halte.
Pour son homologue cantalien, Vincent Descoeur, "le moment est bien choisi, à l'heure du retour en grâce du train en général, de celui de nuit en particulier". Pratique pour les
étudiants, les chefs d'entreprises, les télétravailleurs... le train de nuit entre Aurillac et Paris devrait aussi servir le tourisme, comme l'espère le député Descoeur qui imagine de nombreux week-ends dans le Cantal, sans perdre de temps sur la route, y compris pour venir skier au Lioran, par exemple. D'autant que la ligne va prochainement s'étendre jusqu'à Murat.
Le préfet s'associe à cette réjouissance collective, au cours de laquelle tous ont souligné l'engagement tenu de l'annonce de Jean Castex, alors Premier ministre. Cette opération répond, selon Laurent Buchaillat, à deux aspirations politiques : "L'équité des territoires et la décarbonation." Une volonté qui a un coût : trois millions d'euros par an de subvention d'État pour le fonctionnement de cette ligne. En outre, déjà 100 millions d'euros ont été débloqués pour la rénovation des voitures corail - par une entreprise de Périgueux - dotées d'équipements entièrement repensés, comme le wifi, les prises électriques, de nouveaux fauteuils et couchettes, etc(1). "Seules les locomotives sont un peu anciennes", admet Amandine Thomas-Commin, directrice Intercités SNCF voyageurs.
En travaux
Elle salue aussi de travail des équipes, spécialement formées, la pugnacité des élus et des acteurs du monde économique et insiste sur les tarifs intéressants "qui démarrent à 19 EUR" (sous condition) avec les premières couchettes accessibles à partir de 29 EUR et jusqu'à bien davantage en fonction des trois niveaux de confort proposés. La responsable de la SNCF évoque aussi les travaux d'ores et déjà programmés sur les voies... et qui pourraient interrompe le trafic en février et mars. Les représentants des usagers aimeraient des "itinéraires bis" mais qui, pour l'heure, ne sont pas d'actualité.
(1) Parmi les nouveaux services proposés, celui de douches en gare d'Austerlitz "dans les conditions d'un hôtel quatre étoiles"...