Opération séduction réussie pour les races rustiques
Îlot incontournable du hall 1, le stand du collectif des races locales de Massif n'a pas désempli durant les dix jours de Salon de l'Agriculture. Visiteurs, élus, médias...ont été nombreux à s'y poser, le temps d'échanger avec éleveurs et techniciens bien décidés à valoriser leurs savoir-faire.
Baptisé « Salon des retrouvailles », la 58e édition du Salon International de l'Agriculture qui vient de s'achever Porte de Versailles aura sans conteste été celui du renouveau pour les acteurs du collectif des races locales de Massif. C'est avec un sentiment de devoir accompli, qu'éleveurs, techniciens, et animateurs ont regagné leur région, fatigués mais heureux d'avoir pu partager et décliner leur devise « une race, un produit, un terroir... », avec un public de citadins, mais aussi d'élus qui ont été nombreux à passer sur le stand, échéances présidentielle et législative obligent.
Pour une politique de massif ambitieuse
À la tête de l'association qui représente 44 000 éleveurs du Massif central, des Vosges, des Alpes, des Pyrénées et de Corse, Florent Campello confirme un très bon cru pour cette édition 2022 du SIA : « Nous avons accueilli de nombreux élus, du Premier ministre en passant par des présidents de Conseils régionaux, les sénateurs de la commission économique, mais aussi des responsables des parcs naturels régionaux... Nous avons réuni les membres et ambassadeurs du groupe transhumance pour le dépôt de notre dossier de candidature afin de faire reconnaître la transhumance et nos savoir-faire auprès de l'UNESCO, et surtout nous avons échangé avec le public ». Avec à chaque fois, le souci de transmettre un message limpide à l'adresse des pouvoirs publics : « Le Coram défend un système pastoral identitaire de nos massifs à travers ses quatorze organismes de sélection, qui sont le coeur de ce que nous savons faire de mieux. Nous, on a fait le travail mais pour autant nous constatons un désengagement croissant de l'État sur les politiques de massifs ». Un sujet jugé important par Jean Castex, qui a réaffirmé son souhait de soutenir ces démarches de territoire. Reste à savoir comment...
Marqueurs territoriaux
L'enjeu est fort puisque le Coram draine une vingtaine de labels de qualité (AOC, AOP, IGP, Label rouge), avec ses trente-deux races locales de montagne (vingt-sept ovines et cinq bovines), qui contribuent à un vrai dynamisme rural. Le lait, la viande, des trois millions de brebis et 450 000 vaches, assurent une forme de prospérité aux éleveurs. C'est le brocciu au lait de brebis corse, le roquefort au lait de brebis lacaune, la viande de boeuf aubrac et salers, l'agneau du Quercy ou le munster au lait de vosgiennes. Comme chez Florent Campello, éleveur laitier à Mittlach (Haut-Rhin), dans le massif des Vosges, qui a succédé l'an dernier à Jean-Luc Chauvel à la présidence du Coram. Conscients d'être au diapason des attentes sociétales, les éleveurs veulent valoriser leurs pratiques, et pour cela ils ont besoin d'allés. C'est tout naturellement en partageant le meilleur de leur produit avec les élus, au sein de l'espace restauration qu'ils ont fait toucher du doigt la réalité de leur métier. Un espace dynamique qui a servi jusqu'à 700 couverts par jour, ou quand le militantisme passe aussi par l'assiette !