Aller au contenu principal

« Nous avons le devoir de faire de l’économie de foncier »

Les terres agricoles françaises sont convoitées et grignotées aux bénéfices de projets étrangers ou d’ouvrages périurbains, mais au détriment de la production. Une évolution qui inquiète.

De gauche à droite ont participé aux échanges de la table ronde : Christophe Gruy (Industriel Lyonnais) Jérémy Giroud (secrétaire général JA AuRA), Bertrand Lapalus( secrétaire général de la SNFM), Robert Delage (Administrateurs Terre de Liens), Michel Sinoir( Directeur régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et la Forêt) et Jean-Luc Simon(représentant du CACF)
De gauche à droite ont participé aux échanges de la table ronde : Christophe Gruy (Industriel Lyonnais) Jérémy Giroud (secrétaire général JA AuRA), Bertrand Lapalus( secrétaire général de la SNFM), Robert Delage (Administrateurs Terre de Liens), Michel Sinoir( Directeur régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et la Forêt) et Jean-Luc Simon(représentant du CACF)
© CR

Des exploitations de plus en plus grandes, des prix en augmentation, la concurrence des investisseurs étrangers...accéder au foncier n'est pas facile pour une jeune qui veut s'installer. Les conditions de reprise des terres agricoles se posent parfois en obstacles et soulèvent aussi de nombreuses questions : Quel est le profil de l’acquéreur ? Comment réguler les acquisitions foncières par rapport aux enjeux de l’agriculture ? Et surtout : qui pourra acheter du foncier demain ?

Réguler le marché

Pour débattre sur ces interrogations, la SAFER Auvergne Rhône-Alpes sous la baguette de Thierry Boulleau, directeur, a réuni divers intervenants à l’occasion d’une conférence au Sommet de l’élevage. Tous sont convaincus de l’impérieuse nécessité de réguler le marché du foncier agricole pour pouvoir demain continuer à produire sur le territoire français. Michel Sinoir, Directeur régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et la Forêt va même plus loin en clamant « nous avons le devoir de faire aujourd’hui de l’économie de foncier. C’est sur ce point d’ailleurs qu’on attend la puissance publique. Il faut durcir le droit d’urbanisme et protéger le foncier agricole ». Une position doublement consentie par Robert Delage, administrateur de Terre de Liens Auvergne Rhône-Alpes, dont l’association œuvre depuis 2007 à sécuriser le foncier via l’acquisition de terres et de bâtis pour les mettre à disposition de preneurs agriculteurs biologiques.

Depuis les premiers achats de fermes en 2007, Terre de Liens a acquis près de 200 exploitations (chiffre de 2018 NDLR) sur l’ensemble de la France dont 35 en région Rhône-Alpes et 13 en Auvergne. « Notre particularité est d’installer des gens qui ne sont pas propriétaires de leur outil de travail et dont le profil correspond à plus de 80% à des candidats hors cadre familial » précise Robert Delage. D’après lui, le nombre des installations est arrivé à un seuil critique alors que « la présence humaine sur nos territoires est vitale. Il faut donc se mobiliser pour l’installation. En 1980 la France comptait près d’1,2 million de fermes, aujourd’hui elles ne sont plus que 350 000… » déplore le représentant de Terre de Liens.

 

Vers une grande loi foncière ?

Une triste évolution dont s’inquiète légitimement le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de la Région, Jérémy Giroud, qui juge « insuffisants et insatisfaisants trois départs pour une installation ». A l’image de Bertrand Lapalus, secrétaire général de la SNFM (Section Nationale des Fermiers et Métayers), le jeune agriculteur réclame « la mise en place d’une grande loi foncière » et « l’inscription dans la loi d’un statut d’agriculteur professionnel permettant de sécuriser le métier et l’accès au foncier. » « Aujourd’hui de plus en plus de personnes veulent faire de l’agriculture avec de l’argent nous on veut faire de l’agriculture pour faire de l’argent ! » poursuit Bertrand Lapalus. Un clin d’œil ironique sans doute à Christophe Gruy, industriel lyonnais et récent propriétaire du château de la Chaize dans le Beaujolais. L’homme d’affaires relance la production de vins bio sur les 320 ha du domaine ; il « revendique d’être propriétaire de son exploitation » alors que d’autres encouragent davantage la mise à bail. C’est le cas de la SNFM qui s’interroge sur « comment redonner envie au bailleur de louer pour produire ? » L’investissement dans le foncier doit selon lui « être un choix et non une obligation ; or aujourd’hui beaucoup de jeunes se sentent obliger d’acquérir quand le propriétaire vend. » Pour Michel Sinoir, « La profession et les acteurs doivent encourager les installations progressives. Quand on est «grand» il faut avoir le courage d’altérer sa structure actuelle et la céder progressivement ».

Gilles Flandin, président de la SAFER Auvergne Rhône-Alpes aura le dernier mot : « le commencement du commencement c’est la protection du foncier. Il faut se réveiller avant qu’il ne soit trop tard ! »

 

Les plus lus

Nicolas Peny (au centre) a ouvert les portes de son exploitation aux agents de l'OFB en formation.
Les agents de l'OFB ont désormais l'obligation de se former à la découverte de l'agriculture

Une quinzaine d'agents de l'OFB AuRA a suivi une formation de trois jours pour en apprendre davantage sur le monde agricole,…

Deux hommes et une femme devant le panneau de l'hostellerie
La famille Rouchet redonne vie à Curebourse

Bien implantés à Aurillac, Mickaël et Audrey Rouchet ont racheté l’hostellerie Saint-Clément, avec l’ambition d’y accueillir…

Une attaque de loup sur brebis et agneau, le 24 octobre dernier à la Tour d’Auvergne, a été confirmée par l’OFB
Une première attaque de loup dans le Puy-de-Dôme

En octobre, 4 nouveaux signalements de constats de prédation avec suspicion de loup ont fait l'objet d'expertise par le…

Des personnes regardent l'agricultrice donner à manger à ses vaches
Diversification, le plaisir de faire visiter sa ferme

Quelles sont les motivations d’Alexandra Berthon à faire visiter sa ferme ? Tel était le sujet d’une visite au Gaec du Mont…

Deux nouvelles attaques de loup dans le Puy-de-Dôme, une troisième en cours d'analyse

Alors que le département accusait une seule attaque où la responsabilité du loup n'est pas écartée, deux autres viennent s'…

Assurance prairies : tous les "indices" de la faillite d’un système

Les éleveurs assurés laissés au bord de la route par un indice satellitaire défaillant qui occulte complètement la sécheresse…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière