« On ne peut pas s’amuser à bloquer des installations », dénonce la FDSEA
Mardi 29 avril, la FDSEA et les JA ont invité le préfet Gilles Quénéhervé à une visite de terrain à Barjac, pour évoquer les nombreux sujets de préoccupation des agriculteurs lozériens, et tenter de résoudre le problème de refus de construction de bâtiment de Cédric Brun, dont l’installation pourrait être compromise si une solution n’est pas rapidement trouvée.
Mardi 29 avril, la FDSEA et les JA ont invité le préfet Gilles Quénéhervé à une visite de terrain à Barjac, pour évoquer les nombreux sujets de préoccupation des agriculteurs lozériens, et tenter de résoudre le problème de refus de construction de bâtiment de Cédric Brun, dont l’installation pourrait être compromise si une solution n’est pas rapidement trouvée.

Pour Raymond Brun et son fils, le choix est simple : « soit on peut construire un bâtiment, soit la reprise de la ferme par Cédric tombera à l’eau ». C’est en substance ce qu’ils ont pu expliquer au préfet Quénéhervé durant sa visite de leur ferme laitière à Cénaret (Barjac).
Et plaidés auprès du préfet de la directrice de la DDT Agnès Delsol, soutenus par la FDSEA et les JA, pour qu’une solution soit trouvée rapidement à ce problème à première vue insoluble. Une difficulté que n’a pas non plus manqué de souligner le maire de Barjac, Francis Bergogne, rappelant que « sur les trois demandes d’installations d’agriculteurs prévues sur la commune pour le moment », deux sont en suspens pour des refus de permis de construction de bâtiment. « Une situation regrettable » pour le maire de Barjac qui a rappelé que l’installation de nouveaux agriculteurs est un sujet essentiel pour la survie de la filière. « Sur la commune de Barjac, nous avons un paradoxe de règlements qui sont en interface, et pour lequel, nous collectivités, nous n’avons aucun moyen ni ne savons comment résoudre ».
Une question de bâtiments
L’élevage Brun possède 30 vaches laitières montbéliardes pour 63 hectares de SAU (dont 40 hectares de prairies temporaires, huit hectares de prairies naturelles, 10 hectares de céréales et cinq hectares de maïs). Une exploitation petite par la taille mais dont Raymond Brun a su tirer avantage en investissant dans le côté technique de la production. Aujourd’hui, son troupeau produit 7 800 kg par vache (TB à 42 g par litre et TP à 34 g par litre). En plus de celles en production, Raymond Brun a onze génisses de moins d’un an, sept génisses de un à deux ans et cinq génisses de plus de deux ans. « Malgré les contraintes, et ces petites surfaces, nous avons de bons résultats techniques et en production », a détaillé Raymond Brun. Des contraintes compensées notamment par un travail constant et minutieux sur la ferme.
Si la ferme tourne bien, et suffit pour un seul éleveur, les bâtiments vieillissants sont une entrave supplémentaire. Et Raymond Brun souhaite transmettre la ferme à son fils d’ici quelques années. « Mais pour qu’il puisse s’installer dans de bonnes conditions, il doit pouvoir construire ce bâtiment, pour travailler avec moins de contraintes ». Car là se trouve le nœud du problème : la plateforme choisie par les agriculteurs pour construire leur bâtiment de stockage et logement des animaux, à moins de cent mètres de leur ferme, se trouve en zone rouge. Un cercle bleu, parfait, sur les plans, entoure une partie des terrains de l’exploitation. Traduisez pour la zone rouge : une zone inconstructible selon les plans d’urbanisme, à cause de risques géologiques relevés dans un PPR (plan de prévention des risques).
Un non-sens pour les éleveurs, le maire de Barjac et les syndicats venus appuyer la demande de rouvrir le dossier auprès du préfet et de la directrice de la DDT. Pour Cédric Brun, dont l’installation est prévue pour 2027, ce « cercle » qui entoure leur ferme sur les plans d’urbanisme est « sans explication concrète. Le problème, c’est que sans ce bâtiment, c’est difficile de se projeter pour mon installation ».
« Un bâtiment conforme, où l’on peut se mouvoir avec facilité, et adapté aux nouvelles technologies est essentiel à la fois pour le bien-être de l’éleveur et des animaux », a expliqué Raymond Brun, rappelant que « c’est l’un des outils de travail du quotidien, que l’on utilise 365 jours par an ». Et « il serait dommage de devoir tout arrêter », après tout le travail déjà fourni au niveau technique, « à cause d’un bâtiment ».
Des réponses incompréhensibles de la part de l’administration, pour Cédric Brun : « même un tunnel démontable pour le stockage, on n’a pas eu le droit de le mettre en place. C’est une structure légère, pourtant », a retracé le jeune éleveur, agacé.
Après avoir longuement écouté la problématique, le préfet Gilles Quénéhervé et la directrice de la DDT ont promis de se pencher sur la question, mais n’ont pu apporter de réponse concrète lors de la réunion.
Parmi les hypothèses avancées pour expliquer ce découpage de zones : une erreur humaine. Ce qui pourrait permettre une modification du PPR. Mais rien n’est joué.
Après avoir, depuis son arrivée en Lozère, beaucoup visité de communes, d’entreprises et de territoires, le préfet de Lozère a salué l’invitation des syndicats agricoles à se rendre dans une exploitation agricole, chose qu’il n’avait pas encore faite. « Je suis ravi de pouvoir évoquer avec vous les sujets agricoles dans un autre temps que celui que nous avons pu connaître jusqu’ici ».
Pour le président de la section laitière de la FDSEA, Sébastien Durand, cette problématique qui touche « une petite exploitation de la vallée du Lot, et remarquable, car malgré la faible surface employée, sort du revenu », ne devrait pas être un frein. « En bovins lait, nous avons peu d’installations, il faut soutenir cette filière », ont souligné les représentants des syndicats agricoles présents à la réunion.
Les syndicats agricoles adressent leurs inquiétudes
L’après-midi à Cénaret a aussi permis à la FDSEA et aux JA d’exprimer de nombreuses inquiétudes auprès du préfet Gilles Quénéhervé.
Prédation, risques de sécheresse, irrigation, etc. : de nombreuses problématiques ont pu être abordées. La question de la prédation, notamment, était sur toutes les lèvres alors que les troupeaux s’apprêtent à sortir. « Désormais, l’impact du loup se fait sentir toute l’année », a déploré Jean-François Maurin, président de la FDSEA. « S’il vous plaît, soyez réactifs sur l’envoi de lieutenants de louveterie pour aider à diminuer la pression ». Les syndicats agricoles craignent, au vu de la situation actuelle, une année 2025 noire en termes de prédation. « Il y a le feu, Monsieur le préfet », a averti Hervé Boudon, président des JA Lozère. Pour les syndicats agricoles majoritaires, si la situation est catastrophique aujourd’hui, ils craignent que l’élevage, tant ovin que bovin ne soit à terme condamné dans son ensemble. « Il y a un vrai découragement de la profession sur le sujet », d’autant plus que « les mesures de protection exigées sont inefficaces », ont rappelé les agriculteurs présents à la réunion. Si le déclassement du statut du loup a allumé une lueur d’espoir, « tout doit aller plus vite, au niveau réglementaire ».
L’irrigation en question
« Rien ne tend plus le monde agricole qu’une sécheresse » a alerté Hervé Boudon. Évoquant les initiatives présentes sur le territoire pour tenter de résoudre cette question de l’eau, les syndicats ont rappelé que c’est une question centrale. « Des JA se sont vus refuser des permis de construire pour leurs bâtiments à cause de la question de l’eau ». Une question à laquelle le préfet Quénéhervé a dit être très attentif. Il souhaite par ailleurs organiser prochainement de nouvelles assises de l’eau pour évoquer toutes ces problématiques.
Enfin, des échanges ont eu lieu sur les remous encore observables suite aux élections des chambres d’agriculture en janvier 2025. À l’accusation d’un État qui n’agit pas ou trop lentement, le préfet a rappelé qu’il « agit dans un cadre législatif et réglementaire défini. L’État n’est pas faible, mais des recours ont été posés, et nous devons attendre que la justice suive son cours. Quant aux faits répréhensibles dont certains se sont rendus coupables, je les condamne bien évidemment ».