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Mesurer les impacts du futur cahier des charges AOP cantal sur une exploitation

La journée technique, programmée par l’organisme de gestion de l’appellation AOP cantal, a donné l’occasion de projeter sur un cas concret, le projet de révision du décret.

Les frères Jean-Baptiste et Géraud Bruel sont les deux associés du Gaec des Trois croix, sis au Garric de Prunet, entre Aurillac et Montsalvy. L’exploitation est sur le point de se spécialiser en lait, après avoir été en double troupeau. L’objectif du Gaec - qui dispose de 99 ha en propriété et de 30 ha en location (13 ha de maïs, 15 ha de céréales, tout le reste en herbe) - est d’atteindre 80 vaches laitières traites en robot double stalle, 40 ha de pâture autour du bâtiment l’y autorise
© Renaud Saint-André

Quoi de plus concret que de s’appuyer sur un exemple ? C’est ce qu’a fait le Comité interprofessionnel des fromages (Cif) en présentant les évolutions du cahier des charges de l’AOP cantal réclamé à l’INAO(1) et en comparant les données d’une exploitation de Châtaigneraie, avant et après les nouveaux critères. À l’occasion d’une journée technique ouverte aux producteurs, les frères Bruel du Gaec des Trois croix à Prunet ont ouvert leurs  portes.   

Yann Bouchard, du service  référence de la Chambre d’agriculture du Cantal, a livré les résultats technico-économiques de cette exploitation : actuellement, 426 000 litres produits dégagent 570 €/1 000 l. (550 000 litres envisagés). Le coût de production est globalement inférieur à un cas type, notamment en raison d’une ration très bien valorisée, du peu d’achat de concentré grâce à 45 % de compléments produits à la ferme, pas de frais de litière, peu de matériel grâce à un travail en Cuma et, sur le dernier exercice, pas de génisses élevées.  
La charge travail par unité de main d’œuvre (UMO) est actuellement plus élevée qu’elle le sera en spécialisant en production laitière. De bons résultats mais qui ne permet pourtant pas aux associés de prétendre chacun à l’équivalent de deux Smic, ce qui reste l’objectif. Pour l’atteindre, Yann Bouchard préconise de ne pas dépasser 300 000 l. produits par UMO.

"Ce n’est pas parce qu’on produit 50 % de lait en plus qu’on gagne 50 % de plus”, résume le spécialiste qui note une dégradation du revenu par 1 000 l. au dessus de 300 000 l. par exploitant. 

L’optimum serait donc atteint, avec le projet des frères Bruel. Par rapport à la rentabilité, Géraud Bruel récrimine Sodiaal qui ne paie que la moitié du lait collecté en certification AOP.  

Ce qui collera toujours  

En reprenant les chiffres livrés par le producteur (voir en encadré) et ceux révélés par Yann Bouchard, le Cif a réalisé une projection en adaptant ces données au projet de réécriture. “Pour voir si, structurellement, l’exploitation serait facilement adaptable à un nouveau décret”, explique Jean-François Navarro, administrateur. Sur les surfaces, pas de problème particulier : l’hectare minimum par vache laitière, même s’il est prévu un cheptel de 80, sera toujours respecté. Le nouveau critère de pâture (40 ares/VL) nécessite 33 hectares et le Gaec dispose de 40 hectares sans un chemin, sans une route autour du point de traite. “Une vraie chance”, admet le représentant du collège producteurs. Sur la surface en culture de maïs, s’il ne change rien, le Gaec des Trois croix reste dans les clous. 
Actuellement sept animaux de race brune nés hors de la zone géographique sont sous dérogation. Rien ne change à ce sujet (et la Ferrandaise fait son apparition dans le projet de nouveau cahier). Sur les volumes produits, avec actuellement autour de 7 000 l./VL l’exploitation dispose d’une marge de manœuvre pour atteindre le seuil maximum (8 500 l.).   
Pas de souci non plus sur l’origine des fourrages dans cette ferme autonome. “En cas de sécheresse terrible, dans le nouveau décret, elle pourrait acheter jusqu’à 36 tonnes de fourrage. Et pour les années d’abondance, rien n’interdit d’acheter sur la zone, par prudence”, précise encore Jean-François Navarro. Sur la ration de base, les frères Bruel sont à 73 % d’herbe pâturée (de mars à novembre) ou conservée. Là encore, les préconisations sont respectées. Sur les fourrages humides, le stockage en silo est conforme, sans analyses supplémentaires.  

Ce qui pourrait poser souci      

Sur la fertilisation, tout est également conforme, le Cif précisant un changement quant au digestat de méthanisation qu’il doit forcément être d’origine agricole (interdisant les coupes et tontes des collectivités, par exemple). Parmi les nouveautés qui seront imposées à tous, à noter le contrôle annuel du tank à lait, en plus de celui des machines à traire, et une obligation d’effectuer les préconisations d’après contrôle.  Mais le seul et vrai souci pour le Gaec de Prunet n’est pas là, mais dans la limitation du nombre de vaches traites au robot, pendant la période de pâturage (pas de limitation hors période). Sur cette exploitation dotée d’un équipement double stalle et un bras de traite, 70 vaches seraient autorisées au lieu des 80 vaches laitières espérées par le Gaec...    
Une autre simulation sera prochainement donnée, sur une autre exploitation. Après Peyrusse (sur l’arrondissement de Saint-Flour) en novembre, puis Prunet (cette fois sur celui d’Aurillac), il y a fort à parier que la troisième journée technique, annoncée pour l’automne, se déroule sur l’arrondissement de Mauriac.      

(1) Une première requête est présentée au bureau d’Aurillac de l’Institut national des appellations d’origine ; validé localement, le texte remonte à l’échelle nationale et une commission d’enquête est diligentée ;  après de possibles amendements, le texte doit validé au niveau européen.  

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