FNB
L’urgence résonne au congrès de la Fédération nationale bovine
Des prix, du pragmatisme et une orientation des soutiens de la PAC vers l’élevage. C’est ce qu’ont réclamé les éleveurs, réunis en congrès, la semaine dernière, dans la cité creusoise de Guéret.
«L’élevage est au pied du mur» : C’est en ces termes que Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine, a accueilli le ministre de l’Agriculture, mercredi dernier, à Guéret, où se tenait le congrès de la FNB.
Agenda ministériel oblige, Stéphane Le Foll a avancé de 24 heures sa venue au congrès, obligeant les organisateurs et les congressistes à se plier à un timing hyper serré ! Ce qui n’a pas empêché le patron de la FNB d’interpeler le ministre sur trois dossiers majeurs pour lesquels la profession attend aujourd’hui des réponses concrètes : la nécessaire hausse des prix aux producteurs face à l’explosion des coûts de production, l’amélioration de la compétitivité des exploitations sans oublier l’indispensable orientation des soutiens de la Pac vers l’élevage.
Plus de transparence sur les prix
Pierre Chevalier a avancé des solutions à l’attention du ministre : développer les débouchés vers les pays tiers « à travers un plan de travail renforcé de la part de l’État » ; convaincre la filière de se mobiliser collectivement et « agir en faveur d’une contractualisation prenant en compte les coûts réels de production ». La FNB revendique aussi plus de transparence sur les prix. « On ne construira pas une filière avec des gens qui cherchent à nous faire perdre du prix à la carcasse ! Nous voulons une vraie transparence sur les cotations, de la rigueur et des contrôles sur les marchés ». Quant à la répartition de la valeur ajoutée, le président de la FNB pointe du doigt les conclusions « hâtives » de l’Observatoire public des prix et des marges vis-à-vis de la grande distribution et s’en remet à la tenue des États généraux de l’interprofession, le 20 février prochain, auxquels quatre ministres, dont celui de l’Agriculture, devraient participer.
Retour au bon sens économique et agronomique
Au chapitre de la compétitivité, la fédération a lancé un appel à la modernisation des exploitations en exigeant « un plan d’aides aux bâtiments d’élevage qui soit ambitieux ». Par ailleurs, il met en garde sur l’excès de contraintes et de réglementations qui plombe aujourd’hui l’initiative et la compétitivité des élevages français. « Il faut permettre de renforcer l’autonomie fourragère des exploitations », au nom du bon sens économique et agronomique. Troisième dossier et non des moindres : l’orientation des soutiens de la Pac vers l’élevage. Dans le contexte de négociations tendues des Chefs d’États qui a débuté jeudi dernier, Pierre Chevalier a rappelé le différentiel de résultats trop important entre grandes cultures et élevage, « cela ne peut plus tenir ! ». Et de revendiquer « une politique forte d’aides couplées à l’animal, avec une prime vache allaitante de 200 euros par tête pour l’ensemble des animaux présents », sans oublier « une mesure complémentaire pour surdoter les surfaces fourragères ».
Du ministre, les responsables de la FNB attendent du courage et de la détermination notamment « dans la dernière ligne droite des négociations qui s’ouvre à Bruxelles ». Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à Guéret, Stéphane Le Foll n’est pas apparu très enthousiaste. Sans grande conviction, il s’est attaché à rappeler son engagement pour, a-t-il dit, «essayer de trouver des solutions aux inquiétudes des éleveurs » et convaincre que « l’élevage français est un enjeu majeur pour le pays en matière d’emploi, d’économie et de production de protéines végétales ». Pour lui, « les vrais enjeux sont aujourd’hui à l’Europe, au travers des négociations de la PAC. Je n’en connais pas le cadre budgétaire qui sera retenu à Bruxelles par les Chefs d’États mais je m’attacherai à chercher le meilleur équilibre et à compenser une productivité et une rentabilité plus faible que dans d’autres secteurs ». Un peu court pour les responsables professionnels qui attendent manifestement une attitude plus combative de la part de leur ministre de tutelle.
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Tension sur l’aide à l’engraissement
La suppression de l’aide à l’engraissement 2012 a été l’occasion d’un échange houleux entre le ministre et l’auditoire. Il faut dire que Stéphane Le Foll a joué la carte «provocation » en déclarant sans détours qu’il n’était « pas à l’origine de cette aide, décidée avant [son] arrivée avec un budget européen sur des bases floues… […] Personne ne la revendiquait, [il a] donc décidé de la suspendre ». Voilà qui est dit ! Le ministre de l’Agriculture s’est dit cependant favorable pour engager une nouvelle discussion et tenter de trouver une solution qui serait applicable en… 2014 seulement ! Ce à quoi la salle lui a répondu « en 2014, les éleveurs ne seront plus là ! ».