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Loup : un projet d’arrêté inacceptable, les éleveurs en colère

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Corrèze tirent la sonnette d’alarme : le projet d’arrêté ministérielsoumis à consultation pour mettre en œuvre le déclassement du loup ne répond en rien aux besoins du terrain et laisse les éleveurs dans une détresse croissante. 

loup
© Istock

 

Alors que le déclassement de l’espèce, acté en juin 2025, devait enfin permettre une régulation efficace, le texte présenté s’apparente à un renoncement. Maintien du quota annuel de prélèvements, restrictions pour l’intervention des louvetiers, suspension des tirs et obligations d’autorisationpour les bovins… rien ne change pour ceux qui subissent les attaques semaine après semaine !

Marie-France Forest, Secrétaire générale de la FDSEA et responsable du dossier Loup, dénonce un « texte creux »: « Il n’offre aucune avancée concrète pour la régulation ni pour la protection des troupeaux. Les dispositifs proposés sont trop timides et excessivement technocratiques, refusant d’affronter la réalité du terrain : les attaques se multiplient, les pertes s’aggravent, et les éleveurs continuent d’en porter seuls les conséquences. » Et d’ajouter :

En présentant un texte aussi faible, l’exécutif abandonne les éleveurs face à l’expansion incontrôlée du loup et ignore la détresse d’une profession déjà sous pression. Alors que le Président de la République s’est clairement exprimé en faveur de l’élevage à l’herbe, et que nos voisins suisses et allemands ouvrent la voie à la régulation, notre administration reste figée, tétanisée par des règles d’antan qui n’ont plus cours depuis les évolutions de la convention de Berne et de la directive Habitats. »

 

Un texte qui ignore la réalité du terrain

Le projet d’arrêté s’avère totalement inadéquat face à la croissance incontrôlée du loup :

  • Le quota annuel de prélèvements reste maintenu malgré l’explosion des attaques et l’extension de la prédation à de nouveaux départements.
  • Le préfet coordonnateur conserve le pouvoir de bloquer ou restreindre les tirs, empêchant toute régulation efficace.
  • Les tirs de défense sur simple déclaration restent limités aux éleveurs ovins et caprins en cercles 0, 1 et 2.
  • La durée des tirs n’est pas harmonisée : 3 ans uniquement pour les élevages ovins et caprins situés en cercles 0, 1 et 2, et qui sont protégés ou reconnus non protégeables après analyse technico-économique ; les autres (bovins/équins/ovins et caprins hors des cercles précités) n’ont droit aux tirs que pour un an.
  • Les tirs de prélèvement réservés aux seuls élevages ovins ou caprins qui bénéficient de moyens de protectionou qui se situent dans une zone difficilement protégeable au sein d’une zone d’expansion.
  • Les interdictions de tirer dans les parcs nationaux et réserves naturelles demeurent, malgré la menace croissante pour les troupeaux.
  • L’usage des lunettes thermiques reste réservé à la seule louveterie et aux agents de l’OFB, alors que leur usage permettrait une réactivité indispensable pour les éleveurs.

« Face à ce texte, la réglementation reste dépassée, administrative et inefficace, loin de répondre à l’urgence du terrain », souligne Marie-France Forest.

 

Exigences syndicales : protéger nos troupeaux maintenant

Face à l’inaction persistante, la profession porte des revendications claires :

  • Suppression du quota annuel de prélèvements pour que les éleveurs disposent de moyens réels pour protéger leurs animaux.
  • Tirs autorisés partout où le loup menace, y compris dans les parcs et réserves accueillant des foyers de loups.
  • Accès aux lunettes thermiques pour tous les éleveurs autorisés à tirer, garantissant efficacité et sécurité.
  • Généralisation du régime déclaratif pour tous les types d’élevages, pas seulement pour les ovins et caprins en cercles 0, 1 et 2.
  • Suppression de l’obligation d’effarouchement préalable en cercle 3, là où l’exposition aux loups est de plus en plus forte.
  • Égalité de traitement pour bovins et équins, avec possibilité de tirs sur simple déclaration.
  • Durée des tirs harmonisée pour toutes les espèces afin d’assurer une régulation cohérente et juste.
  • Intervention de la louveterie pour tous les élevages menacés, y compris les ovins et caprins de cercle 3 hors zones d’expansion.
  • Fin des exclusions illogiques, pour que tous les troupeaux, même non protégeables, puissent bénéficier de tirs de prélèvement.

« La régulation du loup est indispensable pour préserver l’élevage à l’herbe, pilier de notre économie rurale, de nos paysages, de la biodiversité et de la vitalité de nos campagnes », rappelle Marie-France Forest.

 

Une mobilisation indispensable

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Corrèze appellent tous les défenseurs du pastoralisme à participer massivement à l’enquête publique ouverte jusqu’au 19 décembre.

Chaque voix compte pour envoyer un signal fort à l’État. Il est urgent maintenant d’avoir une loi claire et opérationnelle, débarrassée des lourdeurs administratives, qui place la protection effective des troupeaux au cœur de la politique publique. L’heure n’est plus aux demi-mesures: il est temps d’agir pour sauver l’élevage et nos territoires ruraux », conclut Marie-France Forest.

Pour répondre à la consultation publique : https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-definissant-le-statut-de-a3276.html

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