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"L'installation c'est comme une roue qu'on lance et faut que ça roule !"

Virginie Crespy est la nouvelle secrétaire générale des Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire. Cette jeune maman qui attend un heureux événement est aussi associée du Gaec Crespy dans le village de Freycenet à St Arcons de Barges.

Virginie Crespy sur son exploitation, en compagnie de son fils Adrien, 3 ans.
Virginie Crespy sur son exploitation, en compagnie de son fils Adrien, 3 ans.
© © HLP

Virginie Crespy a été élue secrétaire générale des JA 43 au mois de mars. Cette jeune femme installée depuis 2015 à St Arcons de Barges sur le Gaec Crespy, exploitation familiale du côté de son mari David, est aussi maman de "3.5 enfants" comme elle le précise, puisqu'un quatrième enfant est attendu pour le mois de septembre. Héloïse 9 ans, Noéline 7 ans et Adrien 3 ans font le bonheur de leurs parents et chez les Crespy, comme chez beaucoup d'agriculteurs, il n'y a pas de nounou ; "les enfants nous suivent... On adapte notre travail à notre famille et notre famille à notre travail" indique-t-elle avec un large sourire.

Installation : elle a dû "revoir le tableau"


Originaire de Chaudeyrac en Lozère, où ses parents étaient éleveurs laitiers et allaitants et ont été remplacés par sa sœur et son beau-frère, Virginie a toujours voulu devenir agricultrice. Elle a pour cela fait des études dans le domaine agricole (Bac STAV + BTS ACSE) dans l'intention, du moins au départ, de s'installer sur la ferme familiale. La rencontre avec son mari déjà installé à St Arcons de Barges l'a incité "à revoir le tableau". Après deux expériences peu concluantes pour elle en tant que salariée, la jeune femme, qui n'envisageait pas de s'installer tout de suite, a eu son premier enfant. Puis lorsqu'il a fallu reprendre le chemin du travail, elle s'est installée sur le Gaec avec son mari et ses beaux-parents avec un projet de création de 2 poulaillers en Label Rouge qui sont venus compléter l'activité laitière et allaitante de la ferme.
Dans son métier, Virginie aime par-dessus tout le contact avec les vaches et les vêlages qui ne se déroulent pas toujours bien... "Et quand une vache est malade, on l'est presque tout autant qu'elle... Les vaches font un peu partie de nous. Et tous les jours, c'est un challenge ; quand on pousse la porte de la stabulation, on ne se sait pas quelle surprise on va avoir, bonne ou mauvaise". Et même si on a l'habitude de dire que les agriculteurs n'ont pas de patron, Virginie, elle, en a un ! Et c'est le plus gros du pays, puisqu'il s'agit de Bruxelles. Or, «ce patron-là, il faudrait bien qu'il enfile une paire de bottes pour venir voir ce qui se passe au niveau local ; car d'un territoire à un autre, il y a des spécificités dont l'Europe ne tient pas compte. Ce qui me fait craindre une perte de diversité de production à l'avenir" dit-elle avec agacement.
Virginie revendique sa féminité et évolue dans l'égalité des genres sur son exploitation. "Je ne vois pas où est le problème si une femme conduit un tracteur et si un homme s'occupe des tâches administratives !" explique Virginie qui a du mal à supporter ce genre de remarque : "On a un garçon, on a la reprise". Et d'ajouter : "une femme a autant la capacité qu'un homme pour faire le métier d'agriculteur". C'est dit ! Et même si chacun a ses propres tâches sur l'exploitation, tous peuvent se remplacer, ce qui permet notamment aux associés de se libérer un week-end sur deux.
D'ici peu, David et Virginie auront "un virage à prendre" pour pallier le départ en retraite de Gégé (Geneviève) et Jean-Marc. "Nous allons faire comme un bon pilote en anticipant le virage". Nous n'en saurons pas plus sur leur stratégie encore en cours de réflexion.
 

"Mon franc-parler n'a pas déplu aux JA"


Depuis le mois de mars, la jeune femme se trouve à la tête des Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire, en tant que Secrétaire Générale, en duo avec Julien Duplomb, président. "Mon franc-parler n'a pas déplu aux JA" lance celle qui adhère au réseau depuis longtemps. "Je suis entrée aux JA de Châteuneuf-Langogne (48) en classe de seconde et j'ai intégré les JA de Pradelles en 2011 lors de la finale départementale de labour qui s'est tenue à Barges. Puis j'ai été secrétaire des JA de Pradelles de 2019 à 2023. Pour moi c'était important d'adhérer car c'est à travers le syndicat qu'on avance, qu'on arrive à se faire entendre et à comprendre les dossiers" explique celle qu'on est venu chercher en avril 2023 pour intégrer le bureau des JA du département.
Dans les réunions de bureau, Virginie n'a jamais hésité à prendre la parole pour dire ce qu'elle avait à dire car :  "c'est naturel de défendre son métier ! Et puis ces réunions sont intéressantes car on discute à l'échelle du département, de dossiers transversaux et on voit d'autres collègues". Julien Duplomb, candidat à la présidence des JA, lui a ensuite proposé le poste de secrétaire générale des JA dans la future équipe. "J'ai alors pris le temps d'en parler avec mon mari et de réfléchir. J'étais une femme, mère de famille, serai-je suffisamment représentative des jeunes qui ont 18 ans qui se trouvent dans les rangs du réseau ? Je me suis posée beaucoup de questions... Finalement, je me suis dit que c'était jouable à raison d'un investissement moyen d'une journée par semaine dédiée aux JA". Virginie prend sa mission très à cœur : "Mon rôle est de seconder le président. C'est un vrai travail d'équipe. Nous sommes là pour défendre notre métier et faire en sorte qu'il ait un bel avenir". Pour elle, "l'installation c'est comme une roue qu'on lance et faut que ça roule ! Or aujourd'hui, il y a beaucoup de bâtons dans la roue. Certes les agriculteurs s'adaptent et font preuve de résilience mais si on veut autant d'agriculteurs à l'avenir, il va nous falloir un prix correct pour nos produits. Car des agriculteurs passionnés et ambitieux, il y en a, mais à un moment, il faut aussi que l'activité soit rémunératrice".
Quant au fait d'être une femme responsable professionnelle, "s'il y a toujours eu des femmes dans l'agriculture, elles étaient plutôt dans l'ombre. C'était le cas de nos grands-mères... Or, c'est fini ce temps-là. Les femmes n'ont plus de preuves à 
faire !".
 

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