L’initiative française à Bruxelles peine à « faire bouger l’Europe »
La France, qui a transmis à ses partenaires de l’Union européenne des propositions pour lutter contre la crise de l’élevage juge que la Commission européenne fait preuve d’initiatives insuffisantes ou tardives. Celle-ci se dit « consciente de la situation », mais ajoute-t-on à Bruxelles, elle « ne peut pas réinventer la roue »…

« La Commission européenne est très consciente de la situation, pas seulement en France mais dans plusieurs États membres, plusieurs secteurs agricoles », a réagi le 8 février un de ses porte-parole, après que l’exécutif européen a été accusé par le Premier ministre Manuel Valls de « faire trop peu ou trop tard » face à la crise de l’élevage. Saisie d’un mémorandum de Paris sur les mesures européennes à mettre en œuvre pour faire face aux crises agricoles des secteurs laitier et porcin qu’elle fait analyser par ses services de l’agriculture et de la concurrence, la Commission européenne « ne peut pas réinventer la roue », souligne-t-on à Bruxelles, tout en rappelant qu’une enveloppe exceptionnelle de 420 millions d’euros a été répartie entre les Vingt-huit à l’automne dernier, en plus des opérations de promotion et des aides au stockage des produits laitiers et du porc, les États membres pouvant y adjoindre des mesures nationales dont la compatibilité avec les règles communautaires doit toutefois être vérifiée. Pour l’heure, l’exécutif européen, qui fait valoir ses contraintes budgétaires, se contente de souligner les possibilités offertes par la politique de développement rural pour répondre à la crise.
Une situation critique
En dépit du paquet d’aides et de quelques développements positifs à l’exportation, « la situation du marché reste critique si ce n’est inquiétante, notamment dans le cas des produits laitiers, de la viande porcine et des secteurs de l’élevage, la situation dans le secteur du lait ayant un impact sur celui de la viande bovine », reconnaît une note du secrétariat général du Conseil de l’Union européenne présentée le 8 février aux experts des États membres réunis au sein du Comité spécial agricole.
« Les circonstances internationales telles que le ralentissement économique continu en Chine et le vaste embargo russe sur les importations de produits alimentaires de l’Union européenne se chevauchent avec des tendances internes comme des volumes de production en hausse, qui reflètent en partie l’après quotas laitiers, des stocks d’intervention importants et des prix bas volatils. » Divers problèmes de santé animale continuent également d’affecter les secteurs du porc et de la volaille. Compte tenu de cette situation difficile, certains États membres ont instauré des mesures d’urgence au niveau national pour soutenir les agriculteurs dont les marges sont de plus en plus comprimées au point de mettre leurs exploitations en danger. La note rappelle que le commissaire européen Phil Hogan a confirmé en décembre la nécessité « de soutenir les producteurs avec tous les instruments à notre disposition, y compris les soutiens directs, le filet de sécurité du marché si nécessaire et les programmes de développement rural ».
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 18 février 2016, numéro 1347.