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L'incroyable quotidien des mandataires judiciaires

L'apport des mandataires judiciaires à la protection des majeurs (MJPM) mérite d'être rappelé, tant il est souvent méconnu, ou assimilé à tort à un travail uniquement administratif.

Des situations qui paraissent inextricables, gérées avec humanisme par les mandataires judiciaires.
Des situations qui paraissent inextricables, gérées avec humanisme par les mandataires judiciaires.
© photo d'illustration adobe-stock

appartement insalubre d'où il faut extraire deux tonnes
d'ordures... Voilà quelques exemples que les mandataires judiciaires à la protection des majeurs vulnérables (MJPM) doivent gérer. Comme la partie émergée d'un iceberg ne représente que 23 % de son volume, le travail visible de ces travailleurs sociaux ne dépasse pas cette proportion. Et pourtant...
Quand la famille ne peut pas (ou ne veut pas) l'exercer, ils ont en charge la tutelle ou la curatelle simple ou renforcée, décidée par un juge, vis-à-vis d'adultes que la maladie, le handicap, l'accident de la vie... ont rendu incapables de défendre leurs propres intérêts. Une situation qui concerne environ 3 000 personnes dans le Cantal. L'Union départementale des associations familiales (Udaf 15) en gère plus d'un millier(1). Et effectivement, les visites des MJPM se limitent en moyenne à 39 minutes par semaine en milieu ouvert ; 24 minutes hebdomadaires en établissement. Mais non seulement chaque mandataire doit prendre en charge plus de 60 usagers, mais la complexité des dossiers s'avère chronophage, pour ne pas dire épuisante.

Heurtés à l'incompréhension
"Lorsqu'à la demande de la Ville d'Aurillac j'ai été appelée pour intervenir chez Pierre-Jean(2) - victime du syndrome de Diogène - pour vider l'appartement insalubre en centre-ville, les voisins pensaient que le problème serait réglé le lendemain. Mais c'est sans compter qu'il faut établir une relation de confiance, avant qu'il nous ouvre sa porte", explique Lydie Hiron, mandataire judiciaire. Les premiers temps, elle dialoguait avec le quadragénaire, sur un banc public... "Expliquer que des démarches sont en cours suffit rarement à calmer les esprits excédés ; on n'est pas compris." Après des semaines, Pierre-Jean accepte d'ouvrir sa porte ; dans des odeurs nauséabondes, le mandataire évalue. Il faudra deux bennes pour désencombrer deux tonnes de détritus en tous genres ; des autorisations pour les garer ; des prises en charge financières pour déblayer, nettoyer et régler les nuits d'hôtel pour le locataire, le temps de cette intervention... Puis préparer "l'après" pour éviter que la situation se renouvelle : l'intervention régulière d'une aide à domicile, par exemple...

L'urgence parfois
En tout, la résolution de ce dossier aura pris six mois, aux assistants administratifs, mandataires, secrétaires, comptables... Du temps nécessaire à créer le climat de confiance, propice à un "consentement éclairé" et trouver les indispensables financements. Mais parfois, l'urgence n'attend pas, tel cet autre exemple : la mandataire judiciaire Catherine Corvaisier reçoit un appel téléphonique : "Ça ne va plus, j'ai ouvert le gaz..." À l'autre bout du fil, Simone - dont le profil relève de la psychiatrie - semble bien avoir mis sa tentative de suicide à exécution. Il faudra alors contacter GRDF, les forces de l'ordre, les services de secours... et évidemment se rendre sur place. Simone, cigarette au coin des lèvres s'apprête à l'allumer ! Une hospitalisation est nécessaire. Il faudra, entre autres, prendre en charge les animaux domestiques, rendre régulièrement visite à la patiente, entretenir son linge, etc. Chez elle, un intervenant agréé fera le nécessaire pour sécuriser le logement et l'accès au gaz lui sera interdit.
Des dossiers qui vont doubler
Autre cas de figure, celui de Paul, qui vit seul en milieu rural et nouveau bénéficiaire du dispositif. L'alerte, c'est qu'il avait tellement de prélèvements mensuels sur son compte bancaire, qu'il n'avait plus de quoi s'acheter à manger. Son mandataire a ouvert un nouveau compte "sain" mais Paul est privé de moyens de paiement. Parallèlement s'établit un travail auprès des banques et sociétés de crédit pour étaler la dette, voire auprès d'assurances pour l'annulation de prêts, certificat médical à l'appui. "L'idée est de préserver, autant que faire se peut, le patrimoine de l'usager", précise la MJPM. La protection juridique des majeurs relève des situations de plus en plus complexes et dégradées et un nombre de dossiers qui, selon les projections de l'Unaf, aura doublé d'ici 2040.

(1) L'Association tutélaire AT-15 assure les mêmes missions auprès de 700 personnes.
(2) Afin de conserver l'anonymat des usagers, tous les prénoms ont été changés.

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