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L’IA rentre dans les bâtiments d'élevage : vers une gestion prédictive du bien-être animal

L'intelligence artificielle investit l'agriculture. En janvier prochain, elle rentrera dans les bâtiment d'élevage pour suivre en temps réel l'ambiance du bâtiment et alerter l'éleveur sur de potentiels déséquilibres en cours, ou à venir. 

© Mélodie Comte notice IA

Il n'aura pas fallu longtemps pour faire entrer l'IA dans les exploitations agricoles. En janvier prochain, la coopérative Innoval va débuter la commercialisation d'une offre auprès de ses 28 000 adhérents pour suivre en temps réel l'ambiance des bâtiments bovins. Humidité, température, teneur en CO2 et en ammoniaque... Un ensemble de capteurs fournit toutes les 10 minutes à l'intelligence artificielle les données brutes afin d'élaborer des conseils prédictifs. Conçue comme un outil d'aide à la décision, et non comme un substitut de l'éleveur, cette innovation fait entrer définitivement le bâtiment dans l'air du 2.0. 

Comment l’IA transforme l’intuition en décision dans les élevages laitiers pour améliorer le bien-être animal

Les premiers tests de ce projet ont débuté en 2023, dans 20 fermes pilotes du groupe coopératif. L'objectif n'est alors pas de remplacer l'éleveur mais au contraire, dans un contexte en perpétuelle mutation, d'offrir un service technique augmenté. 

« La collecte des données dans les élevages n'est pas récente mais nous arrivons à un stade où le volume d'informations est trop important pour être traité uniquement par un humain. L'idée est de s'appuyer sur l'IA pour croiser ces données et produire des indicateurs de synthèse. L'enjeu est d'aller vers l'anticipation » explique Stéphane Saille, directeur de l'innovation chez Innoval. 

Exemple de l'utilisation de l'IA dans une exploitation de la Vienne

Dans la Vienne, le Gaec De Grains Gars Lait fait partie des fermes qui ont expérimenté les solutions proposées par la coopérative.  Les capteurs bâtiments ont été installés ce printemps dans la stabulation qui accueille 180 vaches laitières, en zéro patûrage. Après plusieurs mois d'essais, Jean-Luc Bejaud, l'un des associés, considère les informations fournies comme un appui à une réflexion plus globale sur la conduite du troupeau

« Je n'ai pas besoin de l'IA pour savoir qu'il fait chaud dans le bâtiment. Je pense qu'il n'est pas utile d'exploiter la donnée au jour le jour. Par contre, la compilation de toutes les informations (capteurs bâtiment, données du robot de traite, capteurs sur les abreuvoirs...) permet de nous orienter pour résoudre certaines problématiques avant même qu'elles n’arrivent. » 

Durant cette période de test, les conseils prédictifs générés par l'IA ont permis à Jean-Luc Bejaud et ses associés de prendre la décision de ramener ou non du bicarbonate dans la ration de leur vaches pour diminuer le risque d'acidose lors des fortes chaleurs. Habituellement,explique-t-il, cette décision est toujours sujette à hésitation. 

À lire aussi :L’intelligence artificielle appliquée au secteur agricole

« Les vaches peuvent accuser un coup de chaud mais quand celui-ci dure, il faut s'adapter. L'IA nous a permis d'agir avant qu'elles n'entrent en stress thermique et donc de diminuer les pertes de lait et les problèmes de santé. 

Plutôt que de faire avec notre intuition et nos souvenirs, on fait avec les données ! » 

Toujours dans leur bâtiment, les capteurs de CO2 ont fait ressortir un problème de ventilation venant conforter la réflexion des éleveurs sur le sujet. 

L’IA compile les données, l’éleveur décide des réponses

L'IA s'immisce dans l'agriculture comme un assistant au service de l'éleveur mais ne remplace pas pour autant le technicien d'élevage. Fort de son expérience, Jean-Luc Bejaud insiste sur la nécessité d'utiliser les données produites en lien avec les suivis habituels. 

« On est envahi de données. Il faut prendre le temps de les analyser. Le technicien est formé à leur interprétation et son œil extérieur nous permet de sortir la tête du guidon.»

L'éleveur viennois compare l'arrivée de l'IA dans les exploitations à celle des robots, 20 ans plus tôt. « Malgré toutes les informations qu'ils peuvent nous fournir, nous n'avons pas abandonné le contrôle laitier pour autant. » Cette innovation a, en effet, été construite pour à la fois aider les éleveurs mais aussi les techniciens de la coopérative dans leur accompagnement, réduisant ainsi la place de l'approximation dans une époque où la moindre erreur peu vite coûter cher. 

La commercialisation de ce service débutera en janvier prochain en priorité auprès des adhérents bovins de la coopérative. Les phases de test se poursuivent pour "éduquer" l'IA et l'étendre à d'autres espèces (volailles, caprins...). Le suivi des élevages s'apprête à entrer dans une nouvelle aire et nul besoin de l'IA pour faire cette prédiction. 

À lire aussi : L'IA, l'éleveur augmenté de demain ?

 

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