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L’humain au cœur de l’exploitation, un sujet dont l’agriculteur ne parle pas…

À St Paulien vendredi dernier, 200 spectateurs ont assisté à un débat théâtral interactif sur le quotidien de l’agriculture et des agriculteurs.

Après les acteurs pros, des spectateurs s’improvisent acteurs et rejouent la scène selon leur perception.
Après les acteurs pros, des spectateurs s’improvisent acteurs et rejouent la scène selon leur perception.
© © Rolland POUZOLS

Monsieur et Madame, tous deux agriculteurs, se retrouvent à la maison. Madame est dans les papiers de l’exploitation, une tâche qui lui prend du temps et de l’énergie mais que Monsieur ne voit pas, absorbé par ses soucis autour du troupeau ou des prochains travaux des champs…  Ce vendredi soir, à la Halle du Chomeil à St Paulien devant un public de 200 personnes majoritairement des agriculteurs actifs, les acteurs de la Compagnie «Entrée de jeu» proposent sur scène des tranches de vie d’agricultrices et d’agriculteurs, en faisant ressortir les aspects sociaux, familiaux, en deux mots les relations humaines au sein d’une exploitation.

Scènes très réalistes
«Des scènes très réalistes, qui retracent des situations vécues ; on voit que les acteurs ont bien travaillé leur rôle à partir de témoignages de la vie quotidienne…» nous confie Christian Gouy agriculteur et délégué MSA. C’est en effet la MSA Auvergne et ses partenaires qui ont co-organisé cette soirée du 9 février à St Paulien.
À l’instar de Christian Gouy, le public s’est bien retrouvé dans ces différents tableaux qui mettaient en scène un couple d’agriculteurs, un père et son fils… et pointait avec «une grande justesse» des problématiques «dont on ne parle jamais, nous agriculteurs» : la reconnaissance du travail de l’autre avec des tâches différentes, le point de vue du jeune et celui de l’aîné, la place de la famille au sein de l’exploitation, l’envie de prendre des congés ou de s’évader quelques jours, le besoin de se poser pour discuter et prendre des décisions… Ce quotidien vécu «le nez dans le guidon», avec le poids de l’économie et de la performance technique qui trop souvent prend le pas sur les autres aspects du métier et de la vie de famille, car en agriculture il n’est pas toujours facile de faire la part des deux.

L’humain…
Encore empreint des images et des mots qu’il a retenu de cette soirée, touché par la pertinence des messages véhiculés par les acteurs dans un premier temps et par le public invité à participer ensuite, Christian Gouy relève l’importance des relations humaines au sein du couple, de la famille, du Gaec… pour la bonne marche de l’exploitation. «Ce ne sont pas seulement des problèmes de prix du lait, de résultats techniques qui peuvent mettre à mal une ferme…» souligne-t-il.
C’est aussi l’avis de Claude Roche délégué MSA collège salarié sur Brioude, et technicien à la Chambre d’Agriculture en charge entre autres de la formation. «Cette soirée théâtre s’est intéressée à l’humain et pas à l’économique… avec différents tableaux sur les relations dans le couple sur le plan professionnel et privé, les relations intergénérationnelles, la charge de travail et les relations avec les consommateurs à travers la diversification…».
Sans être lui-même agriculteur, Claude Roche s’est senti très concerné par ces situations qu’il rencontre quotidiennement dans le cadre de son travail. «Je ne suis pas seulement spectateur, en tant que technicien agricole c’est aussi mon rôle de ramener de l’humain dans les discussions pour prendre des décisions et faire des choix stratégiques…».

Acteurs d’un soir
Après le jeu des acteurs professionnels, des gens dans le public se sont prêtés à un exercice un peu difficile mais néanmoins très pertinent. Confrontés à une situation complexe, à une problématique relationnelle, ils sont invités à proposer des solutions pour éviter le conflit. Après quelques minutes d’hésitation ou d’appréhension, la meneuse de jeu  a réussi à faire monter sur scène des hommes et des femmes qui ont pris le rôle de l’exploitant, de son épouse, de son fils, d’un voisin médiateur… et improvisé un dialogue. Ils rejouait la scène en y apportant un point de vue personnel.
Madame demande alors à son mari de s’asseoir devant un café au lieu de rester debout entre deux portes, pour discuter et prendre le temps d’exposer leur problématique du moment, de mettre des mots sur leur désaccord, et ce même si chacun se dit débordé. Le fils propose d’inviter le voisin comme médiateur pour apporter un avis neutre sur une question autour des congés. Voilà quelques exemples, rapportés par Christian Gouy, qui mettent en lumière des évidences qu’il est pourtant nécessaire de rappeler…
Vues sur scène, ces situations parfois très «poignantes» ont marqué. Christian Gouy souligne par exemple la scène dans laquelle le fils dit ne pas vouloir s’installer sur l’exploitation familiale s’il n’est pas possible de trouver du temps pour partir en congés quelques jours… «Le manque de dialogue, les non-dits, créent des tensions, un malaise et parfois conduisent à des situations graves et irréversibles, comme le départ du fils…» insiste-t-il. Et d’aller plus loin, en alertant sur le besoin pour certains, face à une situation difficile, de se confier, de se faire aider. «Nous agriculteurs, n’avons pas l’habitude de parler de ça, et pourtant il faut accepter de demander… La MSA a un service social dont c’est le rôle, et nous mettons en place des groupes de réflexion autour de ces sujets». Claude Roche le rejoint sur ces conclusions ajoutant que même si ce n’est pas facile, parce que c’est en quelque sorte «une remise en cause de soi», c’est indispensable.
Cette pièce est intitulée «Les pieds sur terre» mais elle fait ressortir que même dans une exploitation qui tourne bien techniquement et économiquement, «si on est mal dans ses bottes» l’exploitation ira mal. Mais à travers le jeu des gens du public, elle a aussi permis de mettre en avant des amorces de solutions : dialogue, écoute, pauses, soutiens…

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