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Lever le voile sur le bien-être au travail

« Devenez producteur de votre vie, choisissez de réussir ! », c’est le message qu’ont fait passer les intervenants de la conférence sur le bien être au travail organisée par la FRGEDA Limousin aux Vaseix le 1er avril. Avec en invité d’honneur Pierrette Desrosiers, psychologue québécoise spécialisée dans le milieu agricole.

© PD/HS

Le suicide est aujourd’hui la troisième cause de mortalité dans le monde agricole. Un état de fait alarmant, souvent tabou sur lequel les langues commencent à se délier. Le réseau Trame et l’Intergroupe féminin travaillent ainsi depuis quelques années sur les risques psycho-sociaux avec un objectif : travailler sur soi pour reprendre le contrôle de sa vie. Du 23 mars au 3 avril, une série de conférences sur le bien-être au travail a été organisée dans toute la France. En Limousin, c’est aux Vaseix que se sont retrouvés plus d’une centaine de personnes le 1er avril autour du thème « Productivité et bien-être : est-ce possible ? » De nombreux agriculteurs mais aussi des professionnels (psychologues, MSA, Direccte, déléguée aux droits des femmes, …) étaient présents. Pour entrer dans le vif du sujet, les organisateurs ont choisi d’être directs avec la diffusion d’un film : « Le mal de terre ». Fruit d’un long travail du groupe de développement féminin Dfam de l’Allier, il évoque sans détour le suicide. La présidente du groupe a expliqué la démarche du groupe ainsi que les conséquences de la diffusion du film. Après celle-ci, les membres ont reçu de nombreux appels de détresse et se forment aujourd’hui à l’écoute. Dans la salle, les témoignages sont nombreux. Une fois le silence brisé, c’est vers l’action que s’est orientée la conférence avec l’intervention de la psychologue québécoise Pierrette Desrosiers. Son humour et son sympathique accent n’étaient pas de trop pour revigorer l’auditoire après une entrée en matière plutôt sombre. Durant plus d’une heure, la psychologue a donné des clés pour reprendre le contrôle et mieux concilier vie personnelle et professionnelle. La question de l’intelligence émotionnelle était au cœur de l’intervention. Rassemblant cinq compétences (connaissance de soi, gestion de ses émotions, auto-motivation, empathie et habileté sociale), c’est elle qui, à compétences égales, permet de faire la différence. D’autres conseils ont été donnés : se concentrer sur une seule tâche à la fois, savoir se contrôler, s’investir dans ses relations, ne pas perdre son temps sur des choses sur lesquelles on n’a aucune prise, … Des conseils qui peuvent paraître évidents mais que l’on n’applique pas toujours. Faire le tour du sujet en l’espace d’une heure était impossible mais les pistes données par Pierrette Desrosiers dans son intervention peuvent être approfondies grâce aux ouvrages de la coach.

Faire le choix de réussir
Après le déjeuner, la conférence s’est poursuivie par une table ronde. L’un après l’autre, cinq intervenants ont apporté leur expertise sur le bien-être et les moyens d’y accéder. D’après Cathy Ledoux, psychologue, le bien-être découle de la qualité et des conditions de vie. En agriculture, il est donc impacté par des journées longues et chargées, l’absence de week-end et de vacances, le déséquilibre entre vie privée et professionnelle et les incertitudes liées à l’avenir de la profession. Brigitte Jammot, responsable de la Protection Sociale à la MSA Limousin, l’a souligné, c’est souvent une combinaison de facteurs qui conduit à l’étouffement progressif, accentué par la culture du silence, caractéristique de la profession, avec pour résultat un taux de suicide important. Une prise de conscience émerge cependant. Depuis cinq ans, un plan de prévention du suicide est initié. Il repose sur un réseau d’élus MSA et de personnels (travailleurs sociaux, préventeurs, etc.), des cellules de veille pour le suivi de dossiers sensibles et sur le soutien partenarial des centres hospitaliers de Guéret et d’Esquirolle et des médecins traitants. Sous forme de guichet unique, cette organisation vise à assurer une prise en charge psychologique, voire physique. L’objectif est de donner à tous les intervenants les clés pour identifier les comportements révélateurs d’un mal être. Il faut apprendre à engager l’échange, à développer ses capacités d’écoute, à permettre à l’autre de s’exprimer. Chacune des solutions doit avant tout intégrer la bienveillance. Pour Jean-François Mathieu, consultant en programmation neuro linguistique (PNL), parler, c’est le début de la solution. Mais il faut aussi s’octroyer du temps, s’obliger à déléguer des tâches, à faire confiance. Selon Viviane Dupuy-Christophe, directrice du pôle travail à la DIRECCTE Limousin, le facteur majeur d’amélioration est l’organisation du travail individuelle et/ou collective. La solitude du chef d’entreprise n’est pas négative, au contraire c’est un moment de respiration pour faire des choix réfléchis, optimiser le fonctionnement et anticiper les modifications de l’entreprise : retraite, polyvalence des associés… Enfin, Marie-Christine Crespy, responsable de la Direction régionale du Droit des femmes et de l’égalité a alerté sur le fait que, de ces situations compliquées, émergent aussi des violences conjugales. Elles s’illustrent par les coups, la violence psychologique, économique ou dans le comportement (mutisme, ignorance). La proximité entre foyer et siège de l’entreprise attise encore ce phénomène. Dans ces situations, il est aussi important de pouvoir parler. Des structures sont ouvertes à l’accueil des victimes de violence et à leurs enfants. En Haute-Vienne, il existe aussi Mots pour Maux, une structure réservée aux auteurs de violences.

Numéros utiles

Besoin de parler ?
SOS Amitié Limousin Anonyme : 05 55 79 25 25
Centre d’écoute et de soutien : 05 55 23 49 95

Violences conjugales
Numéro national (anonyme) : 3919
Numéro régional (nominatif) : 05 55 88 20 02
Site : www.stop-violences-femmes.gouv.fr
Mots pour maux : 05 55 79 01 02

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